Dans ses premières années de vie religieuse, saint Pierre Canisius fut envoyé en mission dans divers pays d’Europe. Même si, déjà à cette époque, il avait “le cœur trop plein de l’Allemagne” (¹) comme le lui reprochait gentiment saint Ignace de Loyola, il n’en consacrait pas moins loyalement tous ses efforts à ses devoirs immédiats. C’est ainsi qu’au cours d’un voyage vers la Sicile, lui et ses compagnons jésuites eurent l’occasion de converser avec un musulman (²) :
« Trois Maures se joignirent plus tard à nous : deux d’entre eux étaient nobles et le troisième, sujet du Roi de Tunis. Cet homme savait un peu d’espagnol ; un des nôtres, qui n’était pas prêtre, l’entreprit sur la foi catholique ; un prêtre vint à la rescousse. Après une belle somme d’arguments et la grâce aidant, on l’amena à admettre que le dogme de la Sainte-Trinité n’était ni impossible, ni contraire à la raison, et que toute l’histoire de Notre-Seigneur pourrait bien être vraie. On lui montra que le Notre Père était une excellente prière à faire à Dieu, même dans sa religion, et nous l’exhortâmes à le dire et à demander la lumière... Si l’occasion se présente, nous espérons aider ces gens de notre mieux. »
On voit que saint Pierre saisissait bien la part de la grâce et celle de la raison qui sont au cœur de toute véritable conversion. Arrivé en Sicile, le jeune “humaniste” allait recevoir d’un dominicain une amusante leçon d’humilité (³) :
Les dominicains donnèrent dans leur église un grand festival de théologie. Invités à prendre part aux discussions prévues, quatre jésuites s’y rendirent, dont Nadal et notre Saint. En bon professeur de rhétorique, tout farci de tropes et de figures de style, Pierre usa d’un latin quelque peu inintelligible aux gens qui ne possédaient pas Cicéron et Quintilien sur le bout des ongles. « Il disserta, rapporte Polanco, sur la puissance de l’Église et avec une phraséologie si élégante que le Père dominicain qui avait mission de discuter avec lui avoua tout net n’avoir pu comprendre goutte à tout l’exposé. Et sur cet aveu, il se rassit au milieu des applaudissements. »
V.
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¹ James Brodrick,
Saint Pierre Canisius, Spes 1956, t. I, p. 158.
² Id., p. 147.
³ Id., p. 156-157.
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