Bonjour La Favillana,

Votre message m'inspire la question suivante.

1. Il paraît que, depuis mars 2013, nous allons vers une Eglise "pauvre pour les pauvres", ce qui est, en soi, UNE ABSURDITE, compte tenu de toutes les RICHESSES caritatives, catéchétiques, contemplatives, culturelles, dogmatiques, éducatives, morales, sociales, spirituelles, sacramentelles, théologiques, de l'Eglise, destinées à tous, aux pauvres et aux riches, et face auxquelles même les riches, ou ceux qui se croient riches, sont pauvres.

2. N'allons-nous, pas, plutôt, vers une Eglise faible pour les faibles, et tiède pour les tièdes, en ce qu'il s'agirait d'une Eglise

- qui aurait tendance à confondre faiblesse et bonté, ou à soumettre la bonté à la faiblesse, dans le domaine des moeurs,

- qui aurait tendance à confondre tiédeur et chaleur, ou à soumettre la chaleur à la tiédeur, dans le domaine de la Foi ?

3. Je crois

- que le Christ ne demande pas à l'Eglise d'être dure, mais qu'il ne lui demande pas non plus d'être molle, car il lui demande d'être à la fois douce et ferme : douce à l'égard des personnes, et ferme vis-à-vis des principes,

- que le Christ ne demande pas à l'Eglise d'être "à température ambiante", chaude avec les chauds, froide avec les froids, tiède avec les tièdes, mais qu'il lui demande d'être "à température croyante", chaleureuse, mais aussi convaincante, car convaincue elle-même, au bénéfice et à destination des chauds, des froids, et des tièdes.

4. A partir de là, si je n'ai pas tort de craindre ce que je crains, et si je ne suis pas le seul à redouter ce que je redoute, n'est-ce pas la moindre des choses que le Pape François se heurte à des résistances, y compris à Rome ?

5. "Une Eglise pauvre pour les pauvres" : j'ai bien peur que nous ne soyons en présence d'un navire sous pavillon de complaisance programmatique, à l'intérieur duquel a été embarquée une cargaison dangereuse, pour l'équipage comme pour les passagers.

6. Je précise que ce à quoi je pense, ce que j'ai en tête, n'est pas avant tout ce dont on parle, notamment dans le contexte de la publication d'Amoris Laetitia, mais est avant tout ce dont on ne parle pas, ce dont on ne parle plus, ou ce dont on parle de moins en moins, depuis le milieu du XX° siècle.

7. Je pense ici à une Eglise catholique depuis l'intérieur et le sommet de laquelle il est communément considéré qu'il est devenu non seulement impossible, mais aussi impensable,

- de dire à ceux qui se trompent, ou sont trompés, en matière de doctrine religieuse, qu'ils se trompent, ou sont trompés, en matière de doctrine religieuse,

- de préciser ou de rappeler à ceux qui se privent, ou sont privés, de la plénitude de la révélation, qu'ils se privent vraiment, ou sont vraiment privés, de la plénitude de la révélation.

8. De mon point de vue, mais je me trompe peut-être, c'est cela, le plus grave : une Eglise catholique qui fonctionne à l'accompagnement, à l'autocensure, au point de se mettre en solidarité avec presque toutes les sensibilités religieuses, mais aussi au risque de les légitimer, ou de donner fréquemment l'impression qu'elle les légitime, y compris en ce qui concerne leurs fondements et leurs doctrines.

Une Eglise non seulement faible et tiède pour les faibles et pour les tièdes, mais aussi moins "annonçante" ou "éclairante" que complaisante, moins courageuse que consensuelle, pour ceux qui adhérent à telle conception ou réception amputée, déformée, imprécise ou incomplète, de la révélation divine, n'est-elle pas RICHE, mais en ambiguité ou en aveuglement, pour ne pas dire en "pleutralité" ?

Bonne journée.

Scrutator.

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