Bonsoir et merci, Abenader.
I. Il n'y a peut-être pas besoin, il n'est peut-être pas nécessaire, d'être croyant, pour adhérer à la loi naturelle, ou pour dialoguer sur la loi naturelle, donc, s'il apparaît que celle-ci constitue un fondement solide et valide, pour le dialogue interreligieux, on est en droit de se demander si celui ne pourrait pas devenir un dialogue éthique, notamment, mais pas seulement, entre croyants.
II. Julia Kristeva, non croyante, était présente à Assise, en 2011, mais n'était pas présente à Assise, en 1986 ; je n'y accorde pas une signification particulière, si ce n'est que Benoît XVI a pensé, en 2011, à une chose à laquelle Jean-Paul II ne semble vraiment pas avoir pensé, en 1986.
Or, si les non croyants commencent à être considérés comme parties prenantes, au sein d'une rencontre ou d'une réunion qui est conçue ou perçue comme relevant du dialogue interreligieux, on est en droit
- de continuer à se demander en quoi ce dialogue est vraiment un dialogue (un dialogue pour dire quoi, mais aussi pour taire quoi ?),
- de commencer à se demander en quoi ce dialogue interreligieux est vraiment interreligieux, est vraiment avant tout entre croyants.
III. Monseigneur d'Ornellas semble poser un lien entre la mise en oeuvre du dialogue interreligieux et la mise en valeur(s) de la loi naturelle, en tant que présente, a minima en puissance, au sein de chaque religion ou tradition croyante, y compris non chrétienne.
Or, il n'a "vraiment pas de chance", mais il se trouve que pour certains théologiens partisans et promoteurs du dialogue interreligieux, la mise en oeuvre de celui-ci
a) n'est pas avant tout ni seulement ouverte sur la mise en valeur de la loi naturelle (et les différents croyants y souscrivent-ils vraiment d'une manière plus convergente que divergente ?),
mais
b) est avant tout ouverte sur la prise en compte du "sens de l'histoire", oh pardon : sur la prise en compte (iréniste, optimiste, sélective, tendancieuse) des "signes des temps".
IV. Ce que je pointe du doigt n'est donc pas autre chose que ceci :
a) si l'on modifie le coeur nucléaire du dialogue interreligieux, ou si l'on en précise le fondement et le contenu d'une manière telle que l'on donne vraiment l'impression de le modifier, s'agit-il encore du même type de dialogue interreligieux que sous Jean-Paul II, surtout s'il apparaît que le dialogue interreligieux n'est plus essentiellement ou exclusivement à caractère inter-religieux ou inter-spirituel ?
b) s'il apparaît que les catholiques sont les plus, sinon les seuls, positivement sensibles à la conception de la loi naturelle qui est officiellement la leur, ce qui n'est pas sans poser "un problème interne" (car bien des catholiques "dialogomanes" sont réfractaires à Veritatis splendor), l'évolution ou l'orientation du dialogue interreligieux, vers la promotion en commun de la loi naturelle, ne risque-t-elle pas de faire apparaître un jour de véritables divergences éthiques avec les croyants non chrétiens, sur tel ou tel élément inhérent à la loi naturelle ?
Je viens d'essayer d'être le plus clair possible, et je vous prie de bien vouloir m'excuser, si jamais je n'ai pas réussi à l'être davantage que dans mon premier message accroché à ce "fil".
Bonne soirée.
Scrutator.