IV. La pratique de l'humilité
1152. b) L'humilité de cœur demande qu'au lieu de désirer et de rechercher la gloire ou les honneurs, on se contente de la condition où l’on est, et qu'on préfère la vie cachée aux fonctions éclatantes. Elle va plus loin encore : elle cache tout ce qui peut nous faire aimer et estimer, et désire le dernier lieu non seulement dans les rangs du monde, mais dans leur estime (Luc, XIV, 10). Elle désire même que notre mémoire périsse entièrement sur la terre. Ecoutons S. Vincent de Paul : « Nous ne devons jamais jeter les yeux ni les arrêter sur ce qu'il y a de bien en nous, mais nous étudier à connaître ce qu'il y a de mal et de défectueux, et c'est là un grand moyen pour conserver l'humilité. Ni le don de convertir les âmes, ni tous les autres talents extérieurs qui sont en nous, n'étant pour nous, nous n'en sommes que les portefaix, et avec tout cela nous pouvons parfaitement nous damner. C'est pourquoi personne ne doit se flatter, ni se complaire en soi-même, ni en concevoir aucune propre estime, voyant que Dieu opère de grandes choses par son moyen ; mais il doit d'autant plus s'humilier et se reconnaître pour un chétif instrument dont Dieu daigne se servir ».
1153. c) L'humilité extérieure ne doit être que la manifestation des sentiments intérieurs ; mais on peut dire aussi que les actes extérieurs d'humilité réagissent sur nos dispositions pour les affermir et les intensifier. Il ne faut donc pas les négliger mais les accompagner de véritables sentiments d'humilité, et par conséquent abaisser son âme en même temps que son corps. 1) Un logement pauvre, des vêtements modestes, à moitié usés et rapiécés, pourvu qu'ils demeurent propres, inclinent à l'humilité; un logement et des vêtements riches suggèrent facilement des sentiments contraires à cette vertu. 2) Une tenue, une démarche, une physionomie, une manière d'agir modeste et humble, sans affectation, aident à pratiquer l'humilité; les occupations humbles, comme le travail manuel, raccommoder ses habits, produisent le même résultat. 3) Il en est de même de la condescendance qu'on montre à l'égard des autres, des marques de déférence et de courtoisie. 4) Dans les conversations, l'humilité nous porte à faire parler les autres sur les choses qui les intéressent, et à parler peu soi-même. Surtout elle empêche de parler de soi et de tout ce qui se rapporte au moi : il faut être un saint pour pouvoir parler de soi en mal, sans arrière-pensée, et parler de soi en bien n'est que de la vantardise. De même il ne faut pas, sous prétexte d'humilité, faire des extravagances. (...) L'humilité est donc une vertu très pratique et très sanctifiante, qui embrasse l'homme tout entier; elle nous aide à pratiquer les autres vertus, et surtout la douceur.
§ III. La douceur
1154. Notre Seigneur associe justement la douceur à l'humilité, parce qu'elle ne peut guère se pratiquer sans celle-ci. Nous traiterons : 1° de sa nature ; 2° de son excellence ; 3° de sa pratique.
Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey,
Desclée and Co, 1923
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