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"Prière de ne pas dire à ceux qui se trompent qu'ils se trompent"
par Scrutator Sapientiæ 2016-01-28 00:26:44
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Bonsoir Ennemond,

Voici quelques lignes sur une partie de ce que j'en pense, si j'ose dire.

I.

1. Face aux confessions chrétiennes non catholiques, aux religions et traditions croyantes non chrétiennes, au relativisme et au subjectivisme, ou à l'indifférenciation, notamment dans l'ordre du croire,

- nous avons eu, avant-hier, des hommes d'Eglise debout,

- nous avons, depuis hier, une Eglise "assise",

- nous aurons, après demain, des hommes d'Eglise couchés.

2. J'avoue ne pas très comprendre pourquoi et comment des hommes d'Eglise peuvent s'imaginer un seul instant que toutes ces manifestations de consensus oecuméniste ou de consensus pseudo-religieux peuvent vraiment faire autorité, au sens plein de ce terme, peuvent être vraiment inspiratrices, ou instituantes, sur le plan religieux ou sur le plan spirituel.

3. Ce qui pourrait peut-être faire autorité, ce serait que l'Eglise catholique, par la voix de ses représentants, de ses responsables, se mette ou se remette

- à dire à ceux qui se trompent, en matière religieuse...qu'ils se trompent, en matière religieuse,

et

- à leur dire en quoi et pourquoi ils se trompent, pour quelles raisons et par quels moyens ils se trompent,

que les destinataires de cette régulation en matière de doctrine religieuse soient des catholiques, d'autres chrétiens, ou des croyants non chrétiens.

4. Il arrive en effet fréquemment que des catholiques eux-mêmes se trompent, parfois gravement, en matière de doctrine religieuse, comme c'est le cas, par exemple, à chaque fois que des catholiques accordent ou attribuent, par exemple, à Gaudium et Spes, un degré d'autorité infiniment supérieur à celui d'une Constitution dogmatique, alors qu'il ne s'agit que d'une Constitution pastorale.

II.

5. De mon point de vue, un premier aspect est tout à fait frappant : nous sommes en présence,

- non avant tout, de clercs démissionnaires, dans le domaine de l'évangélisation contra-positionnelle ad extra (comme si les premiers chrétiens n'avaient pas donné le meilleur exemple, dans ce domaine),

- mais, avant tout, de clercs démissionnaires dans le domaine de l'orientation des catholiques par l'exercice de l'autorité, de la régulation, de la supervision, en matière de doctrine religieuse.

6. Mais un deuxième aspect est tout aussi frappant : nous sommes en présence de clercs qui savent très bien que toutes ces manifestations de créativité, en tout cas pour l'instant, ont plutôt tendance, voire de plus en plus tendance, à reposer et à déboucher sur de l'imprécision, de l'imprudence, de l'indécision ou de l'indistinction, voire sur une ambivalente indifférenciation.

7. C'est pour cela que je me suis permis d'insérer les textes de Benoît XVI et du cardinal Koch, sur le fait que l'oecuménisme est en crise : nous sommes en présence de clercs qui savent très bien en quoi et pourquoi le consensus oecuméniste est dysfonctionnel, qui le reconnaissent publiquement, même si c'est à demi mots, mais qui continuent à s'y consacrer, apparemment en fonction, et non, bien sûr, en vertu...de la vitesse acquise.

8. La conclusion que j'en tire est la suivante : l'implicite du discours tenu par ces clercs, ou, en tout cas, par bon nombre d'entre eux, ne peut qu'être le suivant :

- de même que les catholiques sont désormais dispensés d'exhortation à la conversion,

- de même, les non catholiques sont désormais dispensés d'ouverture sur leur conversion.

III.

9. Une autre manière de dire à peu près la même chose est celle-ci :

- parmi les clercs d'avant-hier, il y a eu des pédagogues,

- parmi les clercs, depuis hier, il y a surtout des diplomates,

- parmi les clercs, après demain, il y aura des démagogues.

10. J'arrive à présent à au moins une remarque, sur la vidéo qui date de début janvier 2016, et qui provient de Rome. Cette vidéo, je le dis comme je le pense, n'est pas autre chose qu'une vidéo située au croisement du diplomatique et du publicitaire, et surtout située à la limite de la démagogie. C'est de la moraline pseudo-religieuse.

11. Je vais donc finir par croire que ce que j'écris, depuis déjà plusieurs années, n'est pas totalement faux : ce qui semble vraiment importer, dans toute cette affaire, ce qui semble vraiment en constituer la caractéristique fondamentale, la coloration principale, la tonalité dominante, à l'occasion de l'un ou l'autre de ces happenings, ce n'est pas tant

- ce qui est DIT ad extra, à l'attention et en direction des non catholiques, des non chrétiens, des non croyants,

que

- ce qui est TU ad intra, à destination, mais certes pas au bénéfice, des évêques, des prêtres, et des fidèles catholiques.

12. Compte tenu, en effet, de la banalité, constante, croissante, fervente ou fréquente, des discours et des propos tenus, à l'occasion de l'une ou l'autre de ces rencontres ou réunions, j'en suis venu à me dire, depuis déjà plusieurs années, que le plus important réside, est situé, à l'intérieur de ce dont les catholiques sont privés.

Et ils sont privés de régulation et de supervision, courageuse et dissensuelle, en matière de doctrine religieuse, exactement comme si le fait de dire à quelqu'un qui se trompe en matière religieuse qu'il se trompe en matière religieuse était dorénavant considéré comme attentatoire à la charité chrétienne et à la dignité ou à la liberté humaine.

IV.

Je termine ce billet d'humeur sur la remarque suivante : il arrive qu'il soit question de prière interreligieuse, et en effet, à l'occasion de l'un ou l'autre de ces happenings (plutôt médiatiquement et mondialistement corrects, même quand ils sont bien intentionnés et bien organisés, donc à grande distance du syncrétisme), le mot "prière" mérite pleinement d'être employé :

"Prière de ne pas dire à ceux qui se trompent en matière de doctrine religieuse qu'ils se trompent en matière de doctrine religieuse."

"Prière, Seigneur, de ne pas tout gâcher, au moyen de l'une ou l'autre de tes paroles exclusivistes, certes présente dans tel ou tel évangile, mais certes pas inspirée par "l'esprit de l'Evangile"...

Je me demande vraiment parfois ce que Jean-Paul II, et, dans une moindre mesure, Benoît XVI, "sont allés faire dans cette galère" : en particulier, comment se fait-il que Jean-Paul II n'ait pas vu

a) que son positionnement, plutôt opposé au relativisme, en matière morale, était quelque peu contrarié ou contredit par son positionnement, plutôt propice au relativisme, en matière (inter)religieuse ?

b) que ce même positionnement, en matière (inter)religieuse, a été considéré comme un formidable encouragement, comme une formidable légitimation de leur propre positionnement, par bien des clercs qui sont allés, pendant ou après son pontificat, encore plus loin que lui ?

Ce qui précède est certainement plein d'excès ou de défauts, ou nécessiterait bien des nuances ou des précisions, et je vous prie de bien vouloir m'en excuser, mais je n'ai pas le temps de les apporter.

Bonne soirée.

Scrutator.

     

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      "Prière de ne pas dire à ceux qui se trompent qu'ils se trompent" par Scrutator Sapientiæ  (2016-01-28 00:26:44)


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