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Italie:le Pape ne soutient pas LMPT
par Jean Kinzler 2016-01-16 09:37:37
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Bergoglio ne dit pas non aux unions gay
Elles sont sur le point de devenir légales en Italie, mais le pape décourage les catholiques de dresser des barricades. Il avait agi de la même façon en Argentine. Mais sa politique est différente en ce qui concerne les migrations, la pauvreté, ou le radicalisme islamique

par Sandro Magister

ROME, le 15 janvier 2016 – Jorge Mario Bergoglio aime que la foule présente sur une place soit joyeuse et priante, jamais agressive politiquement.

À Buenos Aires, en 2010, il avait invité à rentrer chez eux les catholiques qui s’étaient rassemblés devant le parlement pour une veillée de prière contre l’approbation du mariage homosexuel qui était sur le point d’être votée. Il les avait convaincus d’"éviter l’affrontement".

Il est certain que, dans cette loi relative au mariage homosexuel, Bergoglio voyait rien de moins que l’action du "père du mensonge, qui a la prétention de troubler et de tromper les enfants de Dieu", mais il ne dit pas un mot à ce sujet en public. Il se limita à laisser filtrer une lettre qu’il avait écrite à des carmélites cloîtrées, dans laquelle il accusait le diable et demandait des prières.

Aujourd’hui, à un moment où, en Italie, une loi relative aux unions homosexuelles est en cours de discussion, le pape François ne dévie pas de cette ligne de conduite.

Il a tonné contre "les nouvelles colonisations idéologiques qui cherchent à détruire la famille" et contre "cette erreur de l’esprit humain qu’est la théorie du genre". Mais il l’a fait alors qu’il était en voyage, à Manille et à Naples, hors contexte dans les deux cas, jamais en plein affrontement politique.

Au mois de juin dernier, lors de l’annonce d’un "Family Day" à Rome contre la légalisation des unions homosexuelles, Nunzio Galantino, le secrétaire de la conférence des évêques d’Italie (CEI), qui informe ces évêques de ce que veut le pape, a fait tout ce qui était en son pouvoir pour que le projet à peine conçu soit abandonné. La manifestation a tout de même eu lieu et elle a rassemblé un très grand nombre de participants, mais le pape François s’est bien gardé de lui donner sa bénédiction publiquement.

Les fidèles peuvent intervenir également dans le domaine politique, mais il ne faut pas qu’ils pensent qu’ils ont des "évêques-pilotes". C’est ce que le pape a déclaré, par la suite, devant les participants aux états-généraux de l’Église italienne réunis à Florence au mois de novembre.

Le "Family Day" de 2007, qui avait bloqué l'approbation d’une loi relative aux unions de fait, avait en effet été organisé par la CEI. Mais, même parmi les gens qui y avaient participé, il y en a qui se conforment aujourd’hui à la nouvelle ligne de conduite de Bergoglio et qui définissent cette manifestation non plus comme un succès mais comme un "échec" qu’il ne faudrait pas renouveler : c’est ce qu’ont en effet déclaré le cardinal Gualtiero Bassetti et le nouveau président du Forum catholique des familles, Gianluigi De Palo.

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Doux et apprécié par l'opinion laïque pour ce qui est des nouvelles lois relatives aux unions homosexuelles, le pape François adopte en revanche une ligne moins consensuelle à propos d’autres questions géopolitiques à fort impact, telles que l’immigration, ou la pauvreté, ou encore le radicalisme musulman.

En ce qui concerne les flux migratoires, tout se résume, d’après le pape, dans un seul mot, "accueil", et dans la réprobation qui s’attache, par conséquent, à tous ceux qui ne se conforment pas à cette manière de voir.

François évite soigneusement de donner le nom de ceux qui sont l’objet de cette réprobation, y compris quand il s’agit d’états et d’institutions publiques. À Lampedusa, cette petite île où il a effectué son premier voyage en tant que pape, il avait un lancé un cri peu précis : "Honte !". Mais lorsque l’on examine ce que disent et ce que font ceux qui gouvernent, en Europe et dans le monde, on constate qu’il y a entre eux et le pape une distance abyssale.

"L’accueil est nécessaire, mais la rigueur l’est également", a déclaré le chef de l’état italien, Sergio Mattarella, qui est catholique et de gauche, dans son message de fin d’année au pays. "Il faut des règles communes permettant de faire la distinction entre ceux qui fuient des guerres ou des persécutions et qui peuvent, par conséquent, bénéficier du droit d’asile, et d’autres migrants qui doivent, en revanche, être rapatriés". Voilà des propos que François ne tiendrait pas.

En ce qui concerne la pauvreté, la solution qui est systématiquement proposée par le pape est de donner de la terre, un logement et du travail à tout le monde. Mais le politologue Angelo Panebianco a raison d’objecter qu’"il y a chez François l'idée que les ressources sont déjà toutes disponibles et que leur rareté est non pas une contrainte objective, mais plutôt le résultat d’une conjuration des classes dominantes au détriment des pauvres de la planète".

Le 12 juillet dernier, interrogé à brûle-pourpoint par un journaliste allemand au cours du voyage aérien qui le ramenait du Paraguay à Rome, François a certes reconnu qu’il avait commis une "erreur" en négligeant, dans ses analyses, la classe moyenne, mais il a ajouté que cette dernière "devient de plus en plus réduite", parce qu’elle est écrasée par l'accroissement des inégalités entre les riches et les pauvres. Un point échappe évidemment au pape : c’est que les chiffres disent le contraire, à commencer par les deux géants que sont l’Inde et la Chine.

Et en ce qui concerne le radicalisme islamique, il est surprenant que François dise qu’il est le résultat de l'agression occidentale et de la pauvreté, c’est-à-dire de situations matérielles, "structurelles" au sens marxiste du terme, et non pas d’un choix religieux originel, d’une lecture du Coran qui y est bien enracinée. Sur ce point encore, le discours politique papal apparaît détaché de la réalité. Et il est, par conséquent, inefficace.

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Cette note est parue dans "L'Espresso" n° 3 de 2016, en vente en kiosque à partir du 12 janvier, à la page d'opinion intitulée "Settimo cielo", confiée à Sandro Magister.ICI

     

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