Dans un article de la Revue d'histoire de l'Eglise de France, Jean Gérard relève l' "embarras" éprouvé par Dominique Lacombe, ancien doctrinaire devenu curé constitutionnel de Saint-Paul à Bordeaux, futur évêque constitutionnel de Bordeaux, puis premier évêque concordataire d'Angoulême (où le moins qu'on puisse dire est qu'il ne laissa pas un souvenir impérissable), lorsqu'il en vient à publier une brochure Sur la loi du divorce (Bordeaux, 1793) :

Nous devons bénir la loi civile, qui, soigneuse de prévenir les suites de vos haines, se met entre deux époux changés en lions rugissants prêts à se dévorer. Mais nous devons faire retentir les menaces de Dieu contre ces chrétiens rebelles qui, connaissant l'Evangile et la défense formelle du divorce, déclinent insolemment le tribunal de Dieu, satisfaits s'ils sont absous au tribunal des hommes. (p. 7)

Voici la solution que propose Dominique Lacombe :

Combien de mariages sont frappés d'invalidité par le mauvais état intérieur de l'homme et de la femme ? [...] De même que le sacrement de l'eucharistie se change en arrêt de mort dans une âme souillée, de même le sacrement de mariage n'a que d'horribles effets entre deux époux criminels. [...] Ce n'est pas moi, dit Dieu, qui ai forgé ce lien, il est tout entier l'ouvrage de vos passions. [...] Vous avez tous deux consommé le divorce par vos offenses mutuelles, par vos nouvelles amours, par votre dessein prononcé et effectué d'avance [...] et la loi n'est intervenue que pour prévenir les maux d'une rupture équivoque. (pp. 19-21)

Jean Gérard commente ainsi la position de cet ecclésiastique : "Pour Dominique Lacombe, le divorce ne serait donc qu'une reconnaissance officielle d'un état de fait ; le mariage serait, dans ce cas, un contrat qui deviendrait caduc par la mauvaise conduite des époux, et dont le caractère sacramentel disparaîtrait en quelque sorte."
Simultanément, le curé de Saint-Paul prétend pourtant conserver intacte la doctrine de l'Eglise :

Quel que soit le prétexte, le décret des hommes, voilà le décret de l'Eglise : les paroles de l'Evangile déclarent le mariage indissoluble. Si vous le méprisez, vous n'êtes plus ses enfants. (p. 29)

Dominique Lacombe n'en vient pourtant pas moins à relativiser cette indissolubilité en raison d'un contexte social jugé troublé et corrompu par l'abandon des traditions familiales.

On peut noter encore que le même prêtre estimait légitime la séparation de la loi civile de la loi religieuse.

(texte cité par Jean GERARD, "Dominique Lacombe, curé constitutionnel et évêque métropolitain de Bordeaux (1788-1802)", dans Revue d'histoire de l'Eglise de France, 1977, n°170, pp. 87-102
(Source)

Peregrinus

     

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