Les prêtres catholiques mariés revendiquent leur place dans l’Eglise. Ils étaient une centaine, venus de seize pays, d’Europe surtout, mais aussi d’Amérique latine et d’Afrique, rassemblés pour échanger leurs expériences et pour demander ensemble au pape François la fin du célibat obligatoire, lors du premier Congrès international de la Fédération européenne des prêtres mariés qui vient de se tenir à Guadarrama, près de Madrid.
Ils seraient près de 100 000 à travers le monde, comme eux, à avoir dû renoncer à la prêtrise pour pouvoir épouser la femme qu’ils aimaient et fonder une famille, parmi lesquels quelque 8000 Italiens et autant d’Espagnols. Cet état de fait concernerait plus d’un cinquième des 413 418 prêtres catholiques actuellement en exercice.
Après des années de mise au ban, les prêtres mariés brisent leur silence pour revendiquer aujourd’hui leur place dans l’Eglise, d’autant plus fondamentale, rappellent-ils, alors que la crise des vocations est en train de vider les séminaires. Le célibat optionnel, à l’image de celui qui est pratiqué dans les autres religions chrétiennes, pourrait être la façon de freiner l’hémorragie, mais, au-delà d’un calcul purement «comptable», il enrichirait aussi la vie de l’Eglise et la rapprocherait de la société.
En mai 2014, les déclarations du pape François leur ont rendu espoir. «Le célibat des prêtres n’est pas un dogme», avait-il dit, laissant la porte ouverte au changement, en réponse à une lettre que lui avaient envoyée 26 femmes italiennes, mariées ou souhaitant se marier avec un religieux. «Nous aimons ces hommes et ils nous aiment, on ne peut pas rompre un lien aussi beau», lui écrivaient-elles. Le souverain pontife s’était montré réceptif à leur demande. «Il a des prêtres mariés dans l’Eglise», avait-il même ajouté, citant les anglicans ralliés à Rome, les coptes catholiques et certains prêtres d’Eglises orientales.
Mais malgré ces mots, le mariage sacerdotal reste un tabou dans les paroisses. C’est de cette expérience dont sont venus parler ceux qui se sont retrouvés ce week-end près de Madrid. «Nous avons été traités de la pire façon, nous, nos femmes et nos enfants. Bien pire que les pédérastes», raconte Andrés Muñoz, l’un des organisateurs du congrès. Ancien prêtre marié depuis tente-deux ans, il a vécu l’époque de l’excommunication des prêtres «déserteurs» et de la semi-clandestinité pour les familles.
Il n’a pas pour autant renoncé à la foi et à l’espoir de changer les choses dans l’Eglise, depuis le partage dans les communautés de croyants. Un document de conclusions du congrès sera diffusé prochainement et devrait remonter jusqu’au Vatican: «Nous ne demandons pas un peu plus de miséricorde, nous demandons à François de changer la doctrine, lui seul le peut», insiste Muñoz. Le pape semble avoir entendu le message. «Le problème est inscrit dans mon agenda», a-t-il encore répété il y a quelques mois. Reste à savoir si les pesanteurs du Vatican lui permettront d’aller plus loin que ces bonnes paroles. (TDG)tdg.ch
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