Cela fait 47 ans aujourd'hui que le bienheureux Paul VI a publié l'encyclique Humanae Vitae.
Voici un article d'Aleteia qui parle du sujet :
Humanæ vitæ : un signe de contradiction dans l’Église ?
L’encyclique controversée du pape Paul VI sur la régulation naturelle des naissances n’a jamais été démentie par ses successeurs. Pas même François.
"Publiée en pleine « révolution sexuelle », le 25 juillet 1968, l’encyclique Humanae vitae sur "la régulation des naissances" fit l’effet d’une bombe. Dans la société civile, où la pilule faisait son entrée dans la vie des couples et apparaissait comme une libération, ce document, d’emblée réduit à sa dimension
« condamnation de la contraception », fut jugé inacceptable. Au sein de l’Église elle-même, il fut également un « signe de contradiction », pour reprendre un terme utilisé par son auteur lui-même, le bienheureux Paul VI, puis par le Pape Benoît XVI 40 ans plus tard, et provoqua des réactions passionnelles et opposées.
Le cardinal Martini : un « tort grave »
D’un côté, des experts, théologiens, évêques et même des conférences épiscopales entières, dénoncèrent le « passage en force » d’un Pape «solitaire et têtu», ayant agi contre l’avis de la commission des experts qu’il avait lui-même instituée. Ils jugèrent le texte d’une dureté et sévérité excessive envers les couples. Un cardinal italien, Carlo Maria Martini, joignit sa voix à la leur. Plus tard, dans son livre-interview Le rêve de Jérusalem (publié en 2008), il a défini le document pontifical comme un « tort grave », qui fait que « beaucoup de gens se sont éloignés de l’Église et l’Église s’est éloignée des gens ».
Jean-Paul II et la théologie du corps
Pourtant, Humanæ vitaæ fut bien accueillie par bon nombre de chrétiens, laïcs ou religieux, qui en soulignèrent la beauté, l’importance et la dimension prophétique. Tandis que des couples s’attachaient à la vivre, des médecins ou savants chrétiens poussèrent la recherche dans ce sens. Quant aux Papes qui succédèrent au bienheureux Paul VI, ils ne remirent pas en question l’encyclique, au contraire. Saint Jean-Paul II la développa à travers de nombreuses études et catéchèses, qui forment sa fameuse « théologie du corps ». L’enseignement du Pape polonais à cet égard ne s’est jamais éloigné de celui du pape Montini. La même remarque peut être faite à propos de Benoît XVI. Quarante ans après la publication d’Humanæ vitæ, il indiqua dans un discours que « cet enseignement manifeste non seulement sa vérité de façon immuable, mais il révèle également la clairvoyance avec laquelle le problème fut affronté ».
L’Église « contre la pilule »
Aujourd’hui, Humanæ vitæ reste considérée par beaucoup dans l’Église comme rétrograde, dépassée et loin des mentalités et des problèmes quotidiens des couples chrétiens. On l’a vu encore récemment, à travers le questionnaire préparatoire au synode extraordinaire sur la famille. Les réponses ont révélé que beaucoup de chrétiens ne connaissent pas ou peu le contenu de cette encyclique et en ont une image négative, que l'on peut résumer par cette formule : l’Église est contre la pilule (cf. l’Instrumentum laboris – c'est-à-dire le document de travail – du synode, qui s’est fait l’écho du questionnaire, n°123). Des théologiens ou des évêques, comme Mgr Bonny, prélat d’Anvers, continuent de se positionner en faveur d’une révision de l’enseignement actuel de l’Église. Ils espèrent que les travaux du synode iront dans ce sens.
Le témoignage positif de couples
En revanche, un nombre significatif de couples vivent cet enseignement et témoignent que cela les rend heureux, au-delà des efforts nécessaires. Ceci est également ressorti du questionnaire préparatoire au synode et également dans certains témoignages de couples, lors du synode d’octobre 2014, notamment celui d’Olivier et Xristilla Roussy, membres de la Communauté de l’Emmanuel.
Paternité responsable et colonisation idéologique de la famille
Et François ? Sa fameuse déclaration sur les "lapins", qu’on a eu vite fait de réduire à deux phrases « chocs » sorties de leur contexte («Il y en a qui pensent que pour être bons catholiques, il faut être comme des lapins» et «Cela ne signifie pas que les chrétiens doivent faire des enfants en série») a fait dire qu’il prenait ses distances avec l’enseignement d’Humanæ vitæ. Si l'on veut bien se donner la peine de lire ses propos en entier, il est évident qu'il s'agit du contraire.
En réalité, François n’a fait que rappeler l’enseignement de l’Église depuis Vatican II : l’ouverture à la vie comme condition du sacrement du mariage, la « paternité responsable », les moyens « licites » pour vivre cette paternité. Il a ajouté que dans ces domaines, l’Église propose son aide aux couples (groupes conjugaux, experts, pasteurs). Il a par ailleurs rappelé comment Paul VI avait appelé les confesseurs à être «compréhensifs et miséricordieux» et salué un Pape «prophétique». Il est vrai que tout ce que Paul VI avait prédit s’est réalisé : infidélité conjugale, abaissement moral, femme ramenée au rang d’objet, et même cette ingérence des gouvernements dans la vie des couples et des familles, que François, aux Philippines, a appelé «colonisation idéologique de la famille», qui touche « les exigences les plus fondamentales de la morale chrétienne ».
Le Synode : redécouvrir le message d’Humanæ vitæ
Quant au synode, il ne porte pas en lui – pour le moment en tout cas – de germes de changement. Les trois points (57-58-59) de la relatio synodi ou document final, qui ont traité de «la transmission de la vie» et du «défi de la natalité», et qui ont requis le nombre de voix nécessaire, ont au contraire rappelé que «l’ouverture à la vie est une exigence intrinsèque de l’amour conjugal» et qu'il fallait «redécouvrir le message de l’encyclique Humanæ vitæ». Plus occupée à focaliser sur la communion aux divorcés remariés, la presse ne l'a pas ou peu relevé. Comme si Humanæ vitæ, tellement dépassée, était définitivement morte et enterrée. À cause de l’encre qu’elle a fait couler, l’affaire dite « des lapins » va peut-être providentiellement la ressusciter."
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