Cher Jean Ferrand,
Il me semble que nous étions convenus que Dieu seul juge les âmes. Pourquoi ne pas en rester là ? Car vos propos sont assez désagréables et une anathématisation de votre part ne saurait faire office d’argument…
Vous ne répondez en effet à aucun des points que j’ai soulevés !
Peut-être n’avez-vous pas eu le temps de les lire complètement...
En voici d’autres pour votre "édification".
Catéchèse de Jean Paul II du 7 novembre 1979 :
"2. En lisant le texte yahviste où la création de la femme constitue un récit à part (Gn 2, 21-22), il nous faut en même temps garder à l'esprit l'image de Dieu du premier récit de la création [création d’Adam]. Le second récit, garde, pour ce qui est du langage et du style, toutes les caractéristiques du texte yahviste ; le mode d'expression est conforme à la manière de penser de l'époque à laquelle le texte a été écrit. On peut dire, en suivant la philosophie religieuse contemporaine et la philosophie du langage qu'il s'agit d'un langage mythique. Dans ce cas, en effet, le terme de mythe ne désigne pas un contenu légendaire mais un mode archaïque d'exprimer un contenu plus profond. Et c'est sans aucune difficulté que, sous la couche de l'ancien récit, nous découvrons ce contenu, admirable en ce qui concerne les qualités et la densité des vérités qu'il renferme".
Donc, pour Saint Jean Paul II, les deux récits de la création d’Adam et Ève sont "mythiques" -symbolisme donc…- tout en exprimant un "contenu profond"(cf. les "vérités de la création" du CEC).
Je peux donc valablement affirmer avec Jean Paul II que la création d’Adam et Ève est historiquement « mythique », mais vraie sur le plan des « vérités de la création » (cf. le CEC), sans être hérétique, damné ou obligé de quitter le FC !
En effet, un hérétique ne peut être canonisé. Or, Jean Paul II a été canonisé, ce qui signifie qu’il n’était pas hérétique et que sa lecture de la Genèse, que je partage, ne peut être considérée comme telle. Tout au plus pourriez-vous affirmer qu’il ne s’agit pas là d’une question de foi et que ce Pape avait tort dans sa lecture de la Genèse. Mais, pour le reste, votre outrance est totalement déplacée.
CQQFD…
Par ailleurs, Humani generis a été « revisitée » par Saint Jean Paul II.
Message de Saint Jean Paul II à l’Académie pontificale des sciences du 22 octobre 1996 :
"Compte tenu de l’état des recherches scientifiques à l’époque et aussi des exigences propres à la théologie, l’encyclique Humani generis considérait la doctrine de l’«évolutionnisme» comme une hypothèse sérieuse, digne d’une investigation et d’une réflexion approfondies à l’égal de l’hypothèse opposée. Pie XII ajoutait deux conditions d’ordre méthodologique : qu’on n’adopte pas cette opinion comme s’il s’agissait d’une doctrine certaine et démontrée et comme si on pouvait faire totalement abstraction de la Révélation à propos des questions qu’elle soulève. Il énonçait également la condition à laquelle cette opinion était compatible avec la foi chrétienne, point sur lequel je reviendrai".
Ensuite, Saint Jean Paul II reformule ces conditions à l’aune des nouvelles découvertes scientifiques, preuve qu’il y a bien dépassement de Humanis gerenaris dont Saint Jean Paul II parle au passé...
Les voici :
"En conséquence, les théories de l’évolution qui, en fonction des philosophies qui les inspirent, considèrent l’esprit comme émergeant des forces de la matière vivante ou comme un simple épiphénomène de cette matière sont incompatibles avec la vérité de l’homme. Elles sont d’ailleurs incapables de fonder la dignité de la personne.
6) Avec l’homme, nous nous trouvons donc devant une différence d’ordre ontologique, devant un saut ontologique, pourrait-on dire. Mais poser une telle discontinuité ontologique, n’est-ce pas aller à l’encontre de cette continuité physique qui semble être comme le fil conducteur des recherches sur l’évolution, et ceci dès le plan de la physique et de la chimie? La considération de la méthode utilisée dans les divers ordres du savoir permet de mettre en accord deux points de vue qui sembleraient inconciliables. Les sciences de l’observation décrivent et mesurent avec toujours plus de précision les multiples manifestations de la vie et les inscrivent sur la ligne du temps. Le moment du passage au spirituel n’est pas objet d’une observation de ce type, qui peut néanmoins déceler, au niveau expérimental, une série de signes très précieux de la spécificité de l’être humain. Mais l’expérience du savoir métaphysique, de la conscience de soi et de sa réflexivité, celle de la conscience morale, celle de la liberté, ou encore l’expérience esthétique et religieuse, sont du ressort de l’analyse et de la réflexion philosophiques, alors que la théologie dégage le sens ultime selon les desseins du Créateur".
Vous constaterez qu’il n’y a plus aucune référence faite à une obligation de croire à l’historicité d’Adam et Ève. Au contraire, Saint Jean Paul II nous explique que la Genèse et la science ne sont pas à placer sur le même plan, erreur que vous commettez…
Au surplus, lisez également ceci: Benoit XVI, audience générale, 6 février 2013 :
"Mais notre question aujourd’hui est : à l’époque de la science et de la technique, cela a-t-il encore un sens de parler de création ? Comment devons-nous comprendre les récits de la Genèse ? La Bible ne se veut pas un livre de sciences naturelles ; elle veut en revanche faire comprendre la vérité authentique et profonde des choses".
Ainsi, tenter, comme vous le faites, de procéder à un "bricolage" entre science et foi en acceptant l’historicité d’Adam et Ève tout en adhérant à une forme d’évolutionnisme n’a aucun sens… Il s’agit en effet d’une confusion épistémologique entre deux modes de connaissance complètement différents.