Si l'on s'interrogeait comme moi tout à l'heure sur le sens de ces paroles, surprenantes au premier abord, puisque l'Esprit-Saint étant Dieu Lui-Même, il ne saurait tenir d'un autre la science qu'il transmet, voici quelques commentaires éclairants réunis par saint Thomas.
— Saint Jean Chrysostome : (hom. 78). Ces paroles : « Vous ne pouvez porter maintenant ces vérités, » (mais vous le pourrez plus tard) et ces autres : « L'Esprit saint vous conduira à toute vérité, » pouvaient donner aux Apôtres la pensée que l'Esprit saint était plus grand que lui, il se hâte donc d'ajouter : « Car il ne parlera pas de lui-même, et il vous annoncera les choses à venir».
(Discutable à mon avis, car cela signifierait que Notre Seigneur aurait commis un impair dans son propos aux Apôtres et quant à leurs possibilités de compréhension, que pourtant il connaissait parfaitement, impair, "bourde" , qu'Il se serait empressé de corriger, de rattraper ? Curieux. N.d. Rémi)
- Saint Augustin : (Traité 99 sur Saint Jean). Ces paroles sont semblables à celles que le Sauveur dit de lui-même : « Je ne puis faire rien de moi-même, mais je juge suivant ce que j'entends, » toutefois il parlait ainsi en tant qu'homme.
— Or, comme l'Esprit saint n'est pas devenu créature par son union à un être créé, comment entendre en lui ces paroles de Notre Seigneur ? Nous devons les entendre dans ce sens que l'Esprit saint n'existe point par lui-même, car le Fils est né du Père, et l'Esprit saint procède du Père; or quelle différence entre procéder et naître, c'est ce qui demanderait de longues discussions et ce qu'il serait téméraire de définir. Entendre pour l'Esprit-Saint, c'est savoir, et savoir, c'est être. Puisque donc l'Esprit saint n'existe pas de lui-même, mais par celui de qui il procède, il reçoit la science et la propriété d'entendre de celui duquel il reçoit l'être. L’Esprit saint entend donc, toujours parce qu'il sait toujours; c'est donc de celui qui lui a donné l'être qu'il a entendu, qu'il entend et qu'il entendra.
— Didyme : (De l'Esprit saint). Notre Seigneur dit donc : « Il ne parlera pas de lui-même, » c'est-à-dire sans la volonté de mon Père et la mienne; parce qu'il n’existe pas de lui-même et tire son existence de mon Père et de moi, et c'est de mon Père et de moi qu'il a reçu d'être, et de parler. Pour moi, je dis la vérité, c'est-à-dire je lui inspire ce que je dis, car il est l'Esprit de vérité. Lorsqu'il s'agit de la Trinité, il ne faut point entendre ces expressions dire et parler dans leur signification ordinaire, mais dans le sens qui seul peut convenir aux natures incorporelles, et surtout à la Trinité qui inspire sa volonté dans le cœur des fidèles et de ceux qui sont dignes d'entendre sa voix. Pour le Père parler, et pour le Fils entendre, est le signe d'une entière égalité de nature, et d'une parfaite unité de volonté. Quant à l’Esprit-Saint, qui est l’Esprit de vérité, l'Esprit de sagesse, lorsque le Fils parle, on ne peut dire qu'il entend ce qu'il ne sait pas, puisqu'il est lui-même ce qui sort du Fils, la vérité qui procède de la vérité, le consolateur qui émane du consolateur, le Dieu Esprit de vérité qui procède de Dieu. Et afin que personne ne lui attribuât une volonté différente de celle du Père et du Fils, Notre Seigneur ajoute : « Ce qu'il entendra, il le dira. »
— Saint Augustin : (De la Trin., 2, 43) On ne peut conclure de là que l'Esprit saint soit inférieur [au Père et au Fils], car ces paroles doivent s'entendre de lui en tant qu'il procède du Père.
— Saint Augustin : (Traité 99 sur Saint Jean). Il ne faut pas s'étonner que le verbe « il entendra » soit au futur, le Saint-Esprit entend de toute éternité parce qu'il sait de toute éternité. Or quand il s'agit d'un être éternel sans commencement comme sans fin, quel que soit le temps qu'on emploie, [il n'est pas contraire à la vérité]. Quoique cette nature immuable ne soit pas susceptible de passé et de futur, mais seulement du présent, cependant on ne parle point contre la vérité en disant : « Il a été, il est, et il sera, » il a été, car il n'a jamais cessé d'être; il sera, parce que son existence n'aura jamais de fin; il est, parce qu'il existe toujours.