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Regarder dans le rétroviseur
par Abbé Néri 2015-05-21 15:59:37
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Dans sa tentative de fournir une justification au changement de l’enseignement de l’Eglise aux sujet de la sexualité Mgr. G. J. Robinson commence par considérer le rapport à la nature:

« L’argument de l’Église ne devrait-il pas indiquer quelques autres exemples de domaines où Dieu a donné un but divin à quelque entité créée, de telle façon qu’il serait un péché contre Dieu d’utiliser cette entité d’une autre manière?
Ou est-ce le seul cas où Dieu a donné un but divin à une entité créée?
S’il y a d’autres cas, pourquoi ne sont-ils pas listés dans les documents de l’Église? » (1)



Puisque l’intention du théologien mitré est de changer l’enseignement de l’Eglise, c’est d’une manière tout à fait cohérente qu’il porte un regard critique à son égard. Dans sa manière d’interroger à propos de la finalité naturelle de l’acte sexuel, il commence par suggérer qu’il s’agit d’un cas singulier puisqu’il ne voit pas d’autres exemples listés dans les documents de l’Eglise.

Cette manière de procéder implique de le départ un refus de ce qui constitue la base de la morale (philosophique où théologique) à savoir l’ordre téléologique.

La notion de nature raisonnable de l’homme est d’une importance fondamentale en éthique et en politique, au même titre que la notion de « physis » dans la philosophie naturelle.

La perfection de la nature raisonnable de l’homme est la fin immanente de l’activité morale, c’est pourquoi ; la nature raisonnable de l’homme est la norme et la loi de l’activité morale.

Ainsi la nature raisonnable de l’homme est base de la vertu, principe de la finalité, car elle tend vers sa perfection propre comme vers sa fin.

La raison humaine est une image, une « similitudo participata » de l’esprit absolu. Dieu a déposé dans la nature de l’être humain une loi pour diriger sa conduite, la loi naturelle. Mais cette raison n’est pas autonome ; bien au contraire la loi naturelle qu’elle révèle est une participation de la loi divine éternelle :


« Parmi tous les êtres, la créature raisonnable est soumise à la providence divine d'une manière plus excellente par le fait qu'elle participe elle-même de cette providence en pourvoyant à soi-même et aux autres.

En cette créature, il y a donc une participation de la raison éternelle selon laquelle elle possède une inclination naturelle au mode d'agir et à la fin qui sont requis.

C'est une telle participation de la loi éternelle qui, dans la créature raisonnable, est appelée loi naturelle. »(2)



C’est pourquoi la loi naturelle sert de modèle à toutes les lois humaines positives :


« Dans les affaires humaines, une chose est dite juste du fait qu'elle est droite, conformément à la règle de la raison.

Mais la règle première de la raison est la loi de nature, comme il ressort des articles précédents.

Aussi toute loi portée par les hommes n'a raison de loi que dans la mesure où elle dérive de la loi de nature.

Si elle dévie en quelque point de la loi naturelle, ce n'est plus alors une loi, mais une corruption de la loi. » (3)



Mais, il était nécessaire à la direction de la vie humaine qu'il y eût une loi divine, outre la loi naturelle et la loi humaine :


« C'est par la loi que l'homme est guidé pour accomplir ses actes propres en les ordonnant à la fin ultime.

Donc, si l'homme n'était ordonné qu'à une fin proportionnée à sa capacité naturelle, il n'aurait pas besoin de recevoir, du côté de sa raison, un principe directeur supérieur à la loi naturelle et à la loi humaine qui en découle.

Mais, parce que l'homme est ordonné à la fin de la béatitude éternelle qui dépasse les ressources naturelles des facultés humaines, comme on l'a dit, il était nécessaire qu'au-dessus de la loi naturelle et de la loi humaine il y eût une loi donnée par Dieu pour diriger l'homme vers sa fin. » (4)


La loi naturelle est ainsi perfectionnée par la loi divine que l’Eglise est charge de nous transmettre et non de l’altérer. Mais c’est jusqu’à une telle extrémité que va Mgr. Robinson en essayent par un sophisme humoristique de mettre en cause le caractère axiologique de la nature :

« Je me souviens avoir lu il y a longtemps un argument humoristique selon lequel le but naturel que Dieu a donné à nos yeux est voir en avant, et par conséquent utiliser un rétroviseur dans une voiture serait contre nature et ainsi immoral.

Même si cet argument est humoristique, ne soulève-t-il pas des questions sur ce que nous appelons «nature » et à quel point il est difficile de tirer des conséquences morales d’une nature prétendument établie par Dieu? »(5)



A suivre…

(1) Mgr. Geoffrey James Robinson – Les relations sexuelles d’où vient notre morale ?
(2) I-IIae q. 91 art. 2 c.
(3) I-IIae q. 95 art. 2 c.
(4) I-IIae q. 91 art. 4 c.
(5) Mgr. Geoffrey James Robinson - idem



     

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