Voici la pétition, que les anti-cathos ont lancé.
JK
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Pétition
Oui à la Chaire « Michel Foucault et la philosophie du présent » à l’Université catholique de São Paulo
Le Cardinal de São Paulo, Odilo Scherer, et les évêques de l’Archidiocèse de la ville viennent d’annoncer qu’ils n’autorisent pas la création, prévue depuis quatre ans, de la Chaire « Michel Foucault et la philosophie du présent » à l’Université catholique de São Paulo (PUC/SP). Cette décision surprend profondément toutes celles et tous ceux, venant de nombreux pays, qui ont soutenu depuis le départ cette création, mais aussi toutes celles et tous ceux qui, dans l’Université catholique de São Paulo, ont travaillé vigoureusement en ce sens.
Lors du 7e Colloque international Michel Foucault d’octobre 2011, qui avait réuni à la PUC/SP plusieurs dizaines de spécialistes de l’œuvre de ce penseur et des centaines d’auditeurs, une lettre avait été signée en soutien à cette initiative. La liste des signataires comprenait des membres du Collège international de philosophie (Paris), de l’Université Paris 8, de l’Université Bordeaux Montaigne, de l’Université nouvelle de Lisbonne, de l’Université Complutense de Madrid, de l’École normale supérieure de Paris, de l’Université San Martin en Argentine, de l’Université de los Andes au Venezuela et de l’Université de Valparaiso. L’initiative avait reçu également le soutien actif du Consulat général de France à São Paulo. La même année, la PUC/SP avait obtenu une copie des archives sonores des cours de Foucault fournie par le Collège de France, devenant ainsi la seule institution hors de France à pouvoir y donner un accès au public. Des séances d’études, des séminaires, des débats sur des livres ont ensuite été organisés comme travail préparatoire pour la création de la Chaire, suscitant des attentes et un enthousiasme grandissants.
Le refus émis désormais désavoue les instances scientifiques, philosophiques et pédagogiques de la PUC/SP qui ont approuvé l’initiative. La « liberté académique », au fondement de la vie universitaire, est ainsi bafouée. Pourtant, on sait que l’intérêt porté dans le monde entier à l’œuvre de Foucault va bien au-delà des croyances religieuses et que maints penseurs catholiques ont écrit sur elle et s’en ont inspirés. Ainsi, à Paris, quand il a été question que les archives Foucault partent à l’étranger, les dominicains de la Bibliothèque du Saulchoir ont hébergé ces archives, permettant qu’elles restent en France à l’endroit où Foucault avait l’habitude travailler des heures entières. Cette bibliothèque, relevant de la tradition catholique la plus incontestable et non moins largement ouverte à tous les intellectuels parisiens ou de passage à Paris, accueille régulièrement des présentations et discussions de livres. Par ailleurs, de nombreuses études actuelles portent sur l’apport de Foucault aux études sur le premier christianisme et son enracinement dans la culture antique, particulièrement stoïcienne. C’est là une lucidité historique, complémentaire des études de l’historien anglo-saxon Peter Brown, de quoi tous les étudiants et enseignants des premiers siècles de notre ère ont profité et profiteront encore. On note également que l’œuvre de Foucault après Les Mots et les choses est fortement inspirée par un principe de compassion et dédiée à la gouvernementalité, une question qui transformerait la modalité des relations humaines et leur intime connexion avec le droit. Ce sont des raisons de plus pour exprimer notre surprise face à cette décision.
Cette chaire, portant le nom de Michel Foucault et lui rendant un légitime hommage n’est pas dédiée à la lecture de ses écrits – qui sont maintenant partie de la culture classique. Elle se dit dans son intitulé explicitement tournée (sur l’impulsion non exclusive de ses travaux) à une libre analyse, information et débat des questions de philosophie et de vie civile contemporaines. Le refus d’une telle chaire, ouverte sur l’actualité, contredit à la déontologie universitaire autant qu’à son fondement. L’Université en serait la première victime. Au-delà des enseignants, étudiants et chercheurs, l’opinion publique brésilienne s’en est ému. Nous témoignons de sa protestation. Cependant, tous gardent l’espoir que le Conseil des évêques renoncera à exercer cette forme de censure et reviendra finalement sur son refus. La direction académique de la PUC/SP a fait appel de la décision. Désormais, c’est à la communauté internationale de montrer, qu’elle aussi, soutient la création de la Chaire « Michel Foucault et la philosophie du présent ». C’est ce que faisaient déjà les signataires de la lettre de soutien d’octobre 2011, qui invitaient toutes celles et ceux qui restent attachés au libre exercice de la pensée à se joindre à eux.source