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C'est une vieille lune!
par ptk 2015-05-05 18:32:02
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Paul VI avait proposé le dimanche qui suit le deuxième samedi d'avril.

Ci-après deux articles


Monseigneur John A. Radano, Conseil pontifical pour l'unité des chrétiens

En 2001, contrairement à ce qui se passe la plupart du temps, les chrétiens occidentaux et orthodoxes célébreront Pâques à la même date. Malheureusement, une telle coïncidence demeure une exception, qui nous rappelle que les chrétiens ont des vues divergentes sur de nombreuses questions, y compris la date de la célébration de ce mystère central de leur foi.

Très tôt déjà, les chrétiens ont évoqué la possibilité de fixer une date commune pour la célébration de Pâques. La question est revenue à l'ordre du jour au 20e siècle, et surtout pendant ces trois dernières décennies. Le désir des chrétiens de fixer une date commune est motivé essentiellement par des préoccupations théologiques. Comme on l'a déclaré lors d'un colloque du Conseil oecuménique des Eglises (COE) en 1970, «une date commune [...] éliminerait un obstacle à l'unité des chrétiens et apporterait une nouvelle dimension au témoignage commun du Seigneur ressuscité» (The Ecumenical Review, avril, 1971, 177).

Depuis le Concile Vatican II notamment, l'Eglise catholique romaine manifeste un vif intérêt pour la détermination d'une date commune de Pâques. Le Concile a encouragé la recherche d'une telle date, pour autant qu'il y ait un accord oecuménique sur l'opportunité de le faire (cf. annexe à la Constitution de la sainte liturgie, 1963). En attendant, le Décret sur les Eglises orientales catholiques a autorisé les patriarches ou les autorités ecclésiastiques d'un lieu donné à rechercher un accord sur un dimanche de Pâques commun, après consultation de tous les milieux intéressés.

Après Vatican II, un espoir a été suscité par un échange de correspondance entre le pape Paul VI et le Patriarcat oecuménique et dans le cadre du Groupe mixte de travail de l'Eglise catholique romaine et du COE. La lettre du pape au patriarche oecuménique Dimitrios Ier (26 mars 1975) mentionne la dimension évangélique de la recherche d'une date commune.


«Il est peut-être plus nécessaire que jamais, dans monde où nous vivons, que nous témoignions [...] de notre foi dans la résurrection de Notre Seigneur Jésus Christ. En outre, sa résurrection est le fondement même de notre foi -- cette foi qui est mise en question par tant de gens. Saint Paul n'écrit-il pas que si le Christ n'est pas ressuscité, notre foi est vaine (1 Co 15,14)? Forts de cette conviction et confiants dans le pouvoir du Christ ressuscité et de son Esprit, nous exprimons l'espoir qu'en célébrant ce mystère suprême d'un même coeur et d'une même voix, nous pourrons rendre gloire à Dieu, Père de Notre Seigneur Jésus Christ, qu'il a ressuscité des morts (Ro 16,6; Col 2, 12).»

Une proposition précise et tenant compte des exigences de l'oecuménisme a été formulée en 1975 par l'Eglise catholique romaine, d'entente avec le COE. Au nom du pape Paul VI, le cardinal Willebrands, président du Secrétariat pour l'unité des chrétiens (devenu Conseil pontifical depuis 1988) proposa, dans une lettre au patriarche Dimitrios Ier (18 mai 1975) et à d'autres responsables orthodoxes, ainsi que dans des messages semblables adressés au pasteur Philip Potter, secrétaire général du COE et à d'autres responsables des confessions mondiales, qu'à partir de 1977 (année où Pâques tombait sur la même date pour tous les chrétiens), «Pâques soit toujours célébré le dimanche suivant le deuxième samedi d'avril». Dans le cadre de la préparation de son Assemblée de 1975 à Nairobi, le COE sonda également ses Eglises membres sur cette question. A la suite de cette enquête, le COE conclut «qu'au point où nous en sommes, une proposition spécifique ne permettrait pas de trouver une date unissant tous les chrétiens, le même jour, dans la célébration de Pâques». Il était donc évident qu'il n'était pas possible d'approfondir cette proposition. Comme l'Eglise catholique romaine ne souhaitait pas prendre une décision qui constituerait un nouvel obstacle à l'unité, il n'a pas été donné suite à son projet. Une autre proposition en vue d'une date de Pâques commune émane d'un colloque organisé à Alep, Syrie, en 1997, sous l'égide du Conseil oecuménique des Eglises et du Conseil des Eglises du Moyen- Orient. Cette proposition diffère de celle de 1975 en ce qu'elle vise à célébrer Pâques à une date commune, mais mobile. Le cardinal Edward Cassidy, alors président du Conseil pontifical pour l'unité des chrétiens, a recommandé en 1997 que l'on poursuive l'examen de cette proposition, à laquelle il a apporté son soutien.

Comme Paul VI, le pape Jean Paul II s'est déclaré favorable à une date de Pâques commune. Dans son témoignage de l'Evangile, le pontife met l'accent sur la rédemption en Christ, comme le manifestent les titres de certaines de ses encycliques: Redemptoris hominis (1979), Redemptoris Mater (1987) et Redemptoris missio (1990). Pour lui, la célébration de la rédemption est liée à l'oecuménisme, parce que «nous dépassons les malentendus historiques et les controverses contingentes pour nous rencontrer sur le terrain commun de notre qualité de chrétiens, c'est-à-dire de rachetés. La rédemption nous unit tous dans l'amour unique du Christ, crucifié et ressuscité» (23 décembre 1982).

Le pape s'efforce d'encourager le témoignage commun du mystère de la rédemption en Christ. C'est ainsi que, depuis 1974, il a invité à plusieurs reprises des dignitaires orthodoxes ou protestants a rédiger les méditations du Chemin de croix qu'il conduit chaque année dans le Colisée de Rome, le Vendredi saint. Récemment, soulignant qu'en 2001 tous les chrétiens célébreront la résurrection du Christ le même jour, il a exprimé l'espoir que «cela nous encourage à parvenir à un accord sur une date commune pour cette fête» (Homélie du 25 janvier 2001).

C'est une grâce que de pouvoir célébrer Pâques à la même date en 2001, et l'Eglise catholique romaine espère que les chrétiens parviendront à le faire chaque année. Puissent les disciples que nous sommes profiter de la chance qui nous est donnée de contempler ensemble le rédempteur sur la croix pour lui demander pardon de nos divisions et l'implorer de nous aider à progresser vers l'unité qu'il a appelée de ses prières (Cf. Jn 17,21).

Le colloque tenu à Alep (Syrie) en mars 1997 sous les auspices du COE et du Conseil des Eglises du Moyen-Orient dans le but de progresser vers l'établissement d'une date commune de Pâques constitue sans nul doute un jalon marquant dans les efforts faits pour aplanir les obstacles existants. Jusqu'où les Eglises sont-elles allées sur la voie proposée à Alep ? En 2001, l'équipe « Information » du COE a invité d'éminents représentants des traditions orthodoxe et catholique romaine, ainsi qu'une personnalité protestante, à résumer brièvement leurs réflexions sur une date commune de Pâques. Monseigneur John A. Radano, du Conseil pontifical pour l'unité des chrétiens, présente « Les attentes des catholiques concernant une date commune de Pâques ».

Site du COE

Que fait-on pour essayer d’unifier les deux dates de Pâques ?

Réponse :

Il y a longtemps qu’on s’y efforce, et les travaux se poursuivent. Pour différentes raisons, cette question a été reprise surtout depuis le début du 20e siècle. En 1902, le patriarche Joachim III de Constantinople a lancé une discussion au sein des Eglises orthodoxes pour essayer d’arriver à une plus grande unité entre chrétiens.

Lorsque, en 1923, le parlement grec a adopté le calendrier grégorien, un conflit s’est produit entre l’Eglise orthodoxe et l’Etat. C’est en particulier pour cette raison que fut convoqué, en mai 1923, un congrès panorthodoxe qui a révisé le calendrier julien pour le faire correspondre plus exactement à la réalité astronomique. Selon ce calendrier dit « mélitien », l’année n’est plus que de deux secondes plus longue que l’année solaire astronomique ; c’est au bout de 45 000 ans seulement qu’il y aura un écart d’une journée. En outre, les calculs sont faits à partir de Jérusalem et non de Greenwich. C’est pourquoi ce calendrier est le plus exact de tous à ce jour. Mais son introduction a provoqué des divisions au sein des Eglises orthodoxes, notamment dans l’Eglise orthodoxe grecque et l’Eglise orthodoxe roumaine. Depuis lors, cette question revient régulièrement à l’ordre du jour des conférences panorthodoxes.

Parallèlement, la discussion a été relancée en dehors des Eglises : dans la société civile, on a recherché un calcul plus simple et plus raisonnable. En 1928, le parlement britannique a adopté la « loi de Pâques », qui avait précisément pour objet de fixer la célébration de Pâques à un dimanche bien précis, à savoir le dimanche qui suit le deuxième samedi d’avril. Mais cette loi ne devait entrer en vigueur que lorsque toutes les Eglises chrétiennes auraient adopté cette solution à l’unanimité.

Dès 1923, la Société des Nations avait soulevé cette question et l’avait transmise à la « Commission technique consultative pour les communications et les transports ». Celle-ci voulut introduire un nouveau calendrier valable pour le monde entier et qui aurait divisé l’année en mois de longueur égale, ce qui aurait eu pour conséquence que, pour compenser la différence de longueur de l’année, il aurait fallu introduire un ou deux jours en plus du rythme hebdomadaire de 7 jours. Pour la date de Pâques, la Commission proposa de reprendre la solution britannique. On demanda leur avis aux Eglises. En réponse à cette enquête, la plupart des Eglises protestantes firent savoir, par l’intermédiaire du Conseil chrétien universel du christianisme pratique, qu’elles approuvaient l’idée d’une date fixe pour Pâques. Le Patriarcat oecuménique de Constantinople répondit que « l’Eglise orthodoxe préférerait un calendrier qui maintiendrait la continuité de la semaine », mais qu’elle pourrait envisager une date fixe de Pâques, à la condition qu’il s’agisse d’un dimanche et que toutes les Eglises chrétiennes soient d’accord. L’Eglise catholique romaine répondit d’abord que seul un concile oecuménique pouvait régler cette question. Quelques années plus tard, elle donna une réponse catégoriquement négative.

Ces tentatives, qui furent reprises par l’ONU en tant que successeur de la Société des Nations, finirent par échouer complètement en 1955 lorsque les Etats-Unis rejetèrent l’idée d’un nouveau calendrier, craignant les réactions négatives de la population pour des raisons religieuses.

La situation ne commença à se modifier à nouveau qu’après le Concile Vatican II qui, dans sa Constitution sur la Sainte Liturgie, a déclaré que l’Eglise catholique romaine « ne s’oppose pas à ce que la fête de Pâques soit fixée à un dimanche déterminé dans le calendrier, avec l’assentiment de ceux à qui importe cette question », c’est-à-dire si toutes les Eglises peuvent se mettre d’accord sur une solution commune. C’est pourquoi le Conseil oecuménique des Eglises a repris cette question et a procédé à une enquête parmi ses Eglises membres entre 1965 et 1967. Il est apparu que toutes les Eglises étaient prêtes à célébrer la fête de Pâques à une date commune. Mais si la majorité des Eglises occidentales préfèrent une date fixe, les Eglises orthodoxes préféreraient une date commune variable selon la règle de Nicée. Puis, en 1975, cette question fut mise à l’ordre du jour de l’Assemblée du COE à Nairobi, l’Eglise catholique romaine ayant demandé au COE, à cette occasion, si on ne pouvait pas entreprendre quelque chose en commun sur cette question. Une seconde enquête auprès des Eglises membres confirma le résultat de la première. L’Assemblée déclara clairement qu’une décision ne pouvait être prise que par les Eglises elles-mêmes et non par le COE. Elle ne jugea pas utile de faire une proposition spécifique à ce stade, mais émit simplement le voeu que le travail se poursuive.

C’est alors que, lors de leur première Conférence panorthodoxe préconciliaire, en 1976, les Eglises orthodoxes décidèrent de tenir une réunion dès que possible. Celle-ci eut lieu en 1977 à Chambésy. Il y fut traité en priorité du problème pastoral que poseraient d’éventuelles scissions provoquées par l’abandon de la règle de Nicée. Cette position fut réitérée lors de la deuxième Conférence préconciliaire de 1982, et cette révision fut repoussée à une date plus appropriée, conforme à la volonté de Dieu.

Au COE, cette question ne fut reprise qu’en 1997. Sur mandat du Comité exécutif, les deux équipes « Culte et spiritualité » et « Foi et constitution » organisèrent un colloque à Alep (Syrie). A cette occasion fut élaborée une proposition concrète qui peut se résumer à ceci : conserver la règle de Nicée mais, pour calculer le jour de l’équinoxe et de la pleine lune, s’appuyer sur des données astronomiques exactes, qu’on peut mieux calculer aujourd’hui qu’autrefois.

Pourquoi cette solution n’a-t-elle pas encore été traduite dans les faits ?

Réponse :

Les orthodoxes en reviennent toujours aux arguments avancés en 1977 et 1982 lors de leurs « conférences préconciliaires ». Le fait est que, pour les Eglises qui suivent le calendrier grégorien, le recours au calcul astronomique n’entraîne guère de différence. Le problème tient à ce que, par le passé, les orthodoxes ont déjà fait de douloureuses expériences de schismes provoqués par des réformes du calendrier, aussi sont-ils devenus très prudents. Par contre, les occidentaux ne sont guère disposés à adopter la proposition visant à reprendre la date orthodoxe de Pâques.

     

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