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Communisme : vers une condamnation internationale ? Imprimer
Auteur : Cristo
Sujet : Communisme : vers une condamnation internationale ?
Date : 2004-12-16 17:20:37


entretien de Stephane Courtois, co-auteur du "Livre Noir du Communisme", a la suite de son audition par l`Assemblee Parlementaire du Conseil de l`Europe (APCE), Strasbourg




Stéphane Courtois qualifie d'« initiative très importante » l'audition de l'Assemblée parlementaire sur les crimes du communisme


Invité à s'exprimer lors d'une audition de la Commission des affaires politiques de l'APCE, mardi 14 décembre à Paris, Stéphane Courtois, principal auteur du "Livre Noir du Communisme" (1997), salue la volonté des députés de l'Assemblée de "condamner le totalitarisme communiste au niveau international".

Interview 14.12.2004

Question : Vous avez été invité aujourd'hui à prendre la parole au cours d'une audition de l'APCE, à Paris, sur les crimes du communisme. En tant qu'auteur principal du « Livre noir du commisme » (1997), que pensez-vous de l'initiative présentée par plusieurs députés de l'APCE visant à la « condamnation du communisme totalitaire au niveau international » ?

Stéphane Courtois: Mieux vaut tard que jamais. Etant donné les circonstances dans lesquelles les régimes communistes se sont effondrés sur eux-mêmes, il n'y a pas eu l'équivalent d'un procès de Nuremberg, ni même de procès nationaux dans les pays concernés. Pour la plupart des faits incriminés, les auteurs sont morts depuis longtemps. La voie de la justice est donc éteinte. Et pourtant, il serait désastreux que toute la dimension criminelle du communisme soit évacuée.

On ne peut pas tourner la page comme s'il ne s'était rien passé, alors qu'il reste des cicatrices énormes de cette période, à commencer par la coupure en deux de l'Europe, pendant cinquante ans.

Il est donc important qu'il y ait une prise de position publique par des élus de différents pays, pour que ces crimes soient évoqués clairement au tribunal de l'histoire. L'Europe est actuellement dans un processus de réunification politique, économique, juridique. Il reste cependant une dimension cruciale à atteindre: la réunification affective.

Il faut que les Européens de l'Est aient le sentiment d'être accueillis dans « leur » Europe. Ce n'est pas encore le cas. Les Européens de l'Ouest doivent prendre conscience que s'ils ont vécu dans la paix et la prospérité pendant cinquante ans, c'est parce qu'on a sacrifié à Staline les Européens de l'Est en 1945.

Il faut que le travail des historiens soit relayé par des hommes publics. Cette initiative du Conseil de l'Europe est donc très importante, d'autant plus qu'elle est largement initiée par des députés d'Europe de l'Est, qui -eux-, savent de quoi il retourne. Car que ce soit en Pologne ou dans les pays baltes, partout les gens sont très inquiets de la situation en Russie : avec le retour au pouvoir d'anciens responsables du KGB, beaucoup de gens s'interrogent : est-ce que la Russie a vraiment pris le chemin de la démocratie ?

Question : Le soviétologue Alain Blum parlait justement, récemment, d'un « retour du soviétisme » en Russie. Cette analyse vous paraît-elle pertinente, et s'applique-t-elle également à la façon dont la Russie aborde sa propre histoire ?

Stéphane Courtois : En Russie, le climat est très nettement au blocage général du travail d'histoire et de mémoire. Quantités d'archives qui avaient été ouvertes au début des années 90 ont été refermées entre-temps. En Russie, les historiens très courageux qui travaillent sur les crimes du communisme ont les plus grandes difficultés à travailler.

Les responsables d'une association comme « Mémorial », très engagés dans ces recherches, sont victimes d'intimidations permanentes et de pressions multiples. Ils mériteraient d'avoir leur nom et leur photo dans la presse d'Europe occidentale, ce qui n'est pas le cas.

Le communisme comme système s'estr effondré, mais les communistes, eux, sont toujours là. Les 700.000 anciens salariés du KGB sont toujours influents. L'un d'entre eux, Vladimir Poutine, est à la tête de l'Etat. Comme on a vu à l'occasion de différentes affaires (la prise d'otages du théâtre de Moscou, Beslan, l'Ukraine), la Russie continue à se penser comme du temps de l'Union soviétique. Par ailleurs, le milieu des historiens contemporains en Russie a toujours été entièrement contrôlé par les apparatchiks du Parti. Le milieu des historiens contemporains est quasi inexistant. Or on ne forme pas des historiens en cinq minutes, il faut au moins dix à quinze ans.

Aujourd'hui, lors de l'audition de l'APCE, un représentant des historiens russes a tenu un discours hallucinant, disant qu'il ne fallait pas rouvrir les pages de la guerre froide ni ouvrir une « chasse aux sorcières », soulignant que le communisme en tant que tel n'avait pas été responsable des dérives du stalinisme et qu'on avait « trahi le bel idéal de Lénine ». C'est le même discours qu'on nous sert depuis 80 ans.

Question : Est-ce qu'une référence plus nette aux crimes du communisme aurait dû être inscrite dans la Constitution européenne ? Celle-ci se contente de faire allusion aux « expériences douloureuses » du passé, sans plus de précisions...

Stéphane Courtois : Cette Constitution aurait dû faire une allusion aux trois totalitarismes qui ont fracassé l'Europe dans les années 30 et 40 (le nazisme, le fascisme, le communisme). C'est très dommage que cela n'ait pas été le cas. Cependant les choses avancent depuis 1997, date à laquelle nous avons publié le « Livre noir du communisme ». Certes, en Russie, en Bulgarie, et en Serbie, cela reste très difficile. Mais un gros travail est fait en Pologne ou dans les pays baltes. En Roumanie, peut-être l'élection d'un nouveau président va-t-elle faire avancer le débat.



source :
http://www.coe.int/t/f/com/dossiers/interviews/20041214_interv_courtois.asp


La discussion

 Communisme : vers une condamnation internationale  [...], de Cristo [2004-12-16 17:20:37]
      c'est Christine qui va être déçue, de Adso [2004-12-17 16:06:04]