Monsieur l'abbé,
Lorsque je lis qu'à Paris des centaines de jeunes prêtres célèbrent avec dignité la nouvelle messe, je ne peux m'empêcher d'éprouver une certaine perplexité.
Avant de découvrir la messe de saint Pie V, j'ai connu la messe telle qu'elle est célébrée dans plusieurs paroisses du Quartier Latin, paroisses qui passent parfois pour plutôt conservatrices. J'ai connu également les messes des aumôneries étudiantes - réputées sérieuses - par lesquelles je suis passé.
Je n'y ai entendu que très accidentellement quelques mots de latin, et toujours de telle sorte qu'ils y étaient comme "plaqués". Je suis toujours frappé par cet aspect lorsque j'assiste à ces cérémonies que des amis me désignent souvent comme "dignes" : enfants de choeur, encensements, chandeliers, parfois beaux ornements, chants correctement exécutés et beaux morceaux d'orgue, mais artificiellement greffés sur des aubes sans cordon, des rites entrecoupés de commentaires, l'usage dominant de la Prière eucharistique II, la communion donnée par des laïcs et un manque effrayant de respect concret pour la Présence réelle (je pense par exemple à l'absence de toute purification pour bien des ministres ayant distribué la sainte communion) : à tel point que ces éléments convenables et dignes apparaissent comme un manteau fait de pièces découpées péniblement cousues les unes aux autres qu'on aurait jeté sur le cadavre d'une liturgie indigente et sans intérêt ; quand ils ne tournent pas au pur et simple spectacle en cessant tout à fait d'être liturgiques. Il y a, parfois, de la beauté, mais une beauté tout à fait hétérogène à l'action liturgique, et qui met presque mal à l'aise tant elle y a quelque chose d'artificiel.
Vous êtes certainement bien placés vous-mêmes pour savoir que dans votre propre église cathédrale, à la messe retransmise sur KTO et sur Radio Notre-Dame, ce ne sont pas la dignité ni la sobriété qui frappent tout d'abord : les abus n'y sont pourtant pas le fait d'un clergé de province inculte et âgé.
En vous souhaitant un saint dimanche de Quasimodo,
Peregrinus
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