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Souvenir d’enfance
par Vianney 2015-04-09 21:14:33
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En quelque sorte, la première rencontre de l’auteur avec le catholicisme :

Je me revois me promenant un jour avec mon père le long de la Grand’Rue de Kensington, et regardant une foule de gens pressés, près d’un passage étroit et sombre, du côté sud de cette voie fréquentée. J’avais déjà vu des foules avant ce jour-là, et j’étais préparé à les entendre crier ou se bousculer. Mais je n’étais pas préparé à ce qui arriva ensuite. En un éclair, une sorte d’ondulation courut dans les rangs des curieux, et tous ces phénomènes tombèrent à genoux sur le trottoir. Je n’avais jamais vu des gens jouer à ce jeu, si ce n’est à l’église ; je fis halte ; je regardai. Puis je me rendis compte qu’une sorte de petit cab noir venait de s’arrêter à l’entrée du passage; de la voiture sortit un fantôme habillé de flammes. Rien de ce qu’il y avait dans la boîte à couleurs à un shilling n’avait jamais déclenché une telle conflagration d’écarlate, de tels lacs de laque; ni semblé si splendidement capable de teindre en rouge la mer nombreuse. Le fantôme s’avança, ses ardentes draperies pareilles à un grand nuage rouge du couchant, levant de longs doigts frêles au-dessus de la foule, en signe de bénédiction. Je regardai son visage, et fus frappé par un contraste ; son visage était mortellement pâle, pâle comme l’ivoire, très ridé et très vieux, comme assemblé de nerfs, d’os et de tendons mis à nu ; les yeux caves dans un trou d’ombre ; mais non point laid ; portant sur chacun de ses traits le signe de la ruine, mais de la ruine d’une très grande beauté. Visage si extraordinaire que, pendant un moment, j’en oubliai les vêtements écarlates si parfaitement dignes d’enthousiastes louanges.
Nous passâmes notre chemin ; puis mon père me dit : « Sais-tu qui c’était ? C’était le Cardinal Manning ».
Ensuite, une de ses marottes artistiques lui revenant soudain à l’esprit, qu’il avait abstrait et humoristique, il ajouta : « Comme modèle, pour des peintres, il aurait fait une fortune ! »
G.K. Chesterton, L’homme à la clef d’or, chap. II.
 

     

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