Chesterton commença par étudier le dessin et la peinture, et il débuta dans les lettres en qualité de critique d'art. Les premiers écrits où il exposa sa pensée – des poèmes - nous montrent d'où est parti l'écrivain qui devait donner, après un petit nombre d'années de vie littéraire, les ouvrages d'apologétique chrétienne les plus humains qu'on ait produits à notre époque. Comme la plupart des hommes qui eurent vingt-cinq ans vers 1895, Chesterton, élevé dans l'incroyance, adopta successivement toutes les doctrines de son temps : il fut tour à tour évolutionniste en philosophie, anarchiste en politique, ibsénien en morale. Cependant, sa vie intellectuelle devenait plus large et plus vigoureuse, et déjà il tentait, par un chemin nouveau, la découverte de la vérité.

Bientôt il s'aperçut qu'il était en désaccord complet avec la pensée moderne : il l'avait devancée, et maintenant il s'écartait d'elle. L'expression littéraire de ce grand divorce fut une série d'articles, réunis sous le nom de «Heretics» (1905), dans lesquels toutes les croyances et toutes les affirmations de ceux qu'il appelle «les vagues modernes» étaient attaquées.

On lui demanda de reconstruire. Au nom de quelle certitude raillait-il le scepticisme d'autrui? Au nom de quelle doctrine prétendait-il anéantir toutes les doctrines de son temps?

«Orthodoxy» est la réponse de Chesterton. C'est au nom des dogmes fondamentaux de l'Eglise catholique qu'il attaque la pensée moderne : seule l'Eglise lui a proposé un système complet du monde. Il raconte donc comment il a été amené, peu à peu, et à son insu, à cette conclusion. C'est que les «hérésies» qu'il avait embrassées tour à tour ne lui donnaient qu'une explication partielle de l'univers et ne parvenaient pas à concilier les contradictions qu'il découvrait à chaque pas. Or, justement, les dogmes chrétiens réunissaient en un faisceau ces contradictions et les expliquaient. Donc, ils étaient vrais.
.../...C'est le chapitre sixième de « Orthodoxy » (1), le centre et comme la moelle de ce grand livre, autour duquel rayonne toute l'œuvre de Chesterton.

(1) « Orthodoxy », chez John Lane, 1909

http://www.amisdechesterton.fr/
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