... et dispergentur oves.
Je frapperai le pasteur et les ouailles seront dispersés.

Nous savons par la Révélation que l' "émiettement" est une des grandes tentations à venir dans la fin des temps.
Et nous vivons indubitablement une époque apocalyptique, certes encore à ses débuts, mais on avance à grands pas vers le "novus ordo seclorum" qui connaîtra aussi, à terme, une seule "religion", celle de l'Antéchrist, que tout mortel devra embrasser obligatoirement. Pour y arriver toutes les religions existantes, et surtout la vraie Religion, doivent être transformées et vidées de leur contenu dans la mesure où il s'y oppose. Mais un réformateur rusé gardera les formes d'antan autant que possible. Il ne rechignera pas non plus devant l'une ou l'autre contradiction (quitte à froisser les plus fanatiques de ses disciples) pour jeter de la poudre aux yeux des dévots et mieux asseoir le projet de réforme.

Quant à l'unité que vous semblez voir dans l'église conciliaire, détrompez-vous. Elle n'est qu'apparente, parce que les conciliaires se sont installés dans les structures de ce qu'était l'Église catholique à échelle mondiale. Une acies bene ordinata, passée sans coup frémir (ou presque) au camp ennemi; vraiment le "coup de maître de Satan". Ces structures tiennent encore, mais ça commence à craquer partout. Pas seulement au niveau de l'immobilier, des diocèses et des paroisses que l'on "rationalise", surtout par manque de personnel, et c'est le vide qui s'y installe progressivement, surtout dans le monde occidental (dans le tiers-monde c'est pire, malgré les nombres croissants qui éblouissent les observateurs superficiels, puisque syncrétismes et sentimentalismes de toute sorte ont presque totalement dénaturé l'aspect chrétien et catholique des anciennes missions), mais, ce qui est plus important : aussi au niveau de la doctrine et de la discipline, sans parler de la réalité sacramentelle, ou de son absence, entraînant ainsi l'apostasie tacite de provinces ecclésiastiques entières, l' opus manuum hominum s'effrite, à terme il n'en restera rien. Le sage Gamaliel le savait déjà : si est ex hominibus consilium hoc aut opus, dissolvetur (Actes 5). Nous le voyons : l'église conciliaire se décompose, elle n'est que l'œuvre de l'homme. Portae inferi praevalebunt. Elle n'a pas les promesses du Christ.
Il n'y a pas deux ecclésiastiques ou deux paroisses se réclamant de la conciliaire où une vraie unité de foi, de sacrements et de régime est vraiment donnée, pas par une vaine rhétorique, mais dans la réalité concrète. Et rien n'est fait de vraiment effectif pour réclamer cette unité, pour l'instaurer dans les faits et l'imposer et maintenir dans les esprits. Au contraire : cela ne paraît pas le but du tout.

En effet : quel fidèle de base conciliaire, voire quel ecclésiastique prend celui qu'il accepte depuis quelques décennies comme chef visible de son église, et les évêques en communion avec lui, dans le temps et dans l'actualité, tous ensemble dans le monde entier, unis au Siège de Rome, comme règle prochaine de sa foi ? pas de façon théorique, pas en vaine rhétorique, pas quand cela rejoint les propres idées, mais concrètement, de jour en jour, et toujours, en toute chose fidei et morum, dans leur magistère continu, catéchismes, liturgies, homélies ? dans leur pratique sacramentelle ? comme maîtres de leur discipline ? comme porteurs de juridiction sur leur vie de chrétiens ?
Ce concept, pourtant fondamental pour un catholique, est devenu complètement théorique, s'il n'est pas tout bonnement nié. Tout catholique doit pourtant le maintenir coûte que coûte, aussi dans les circonstances extraordinaires que nous vivons, et qui restent un mystère. Mysterium iniquitatis. On en est bien conscient.

Et le mauvais exemple vient d'en haut. Le hôte actuel de sainte Marthe fait tout pour détruire les derniers restes du caractère sacré et surnaturel de la charge qu'il occupe, en la banalisant, en la ridiculisant même, en la transformant davantage de jour en jour.
C'est le dernier stade, pour frayer définitivement le chemin de la religion unifiée, la grande ONG humaniste qui n'aura pas besoin d'un grand-prêtre reliant l'homme pécheur avec le ciel, intercédant et sacrifiant (sa vie à lui en premier lieu), mais qui se contentera d'un gestionnaire profane, débonnaire s'il le peut, efficace et ferme s'il le faut, élu pour un temps et éventuellement interchangeable avec un autre.
Car nous savons que la fin ne pourra venir que si ce qui retient l'homme de perdition est évacué.
Donec de medio fiat (2Thess 2).
Nous y sommes, presque.

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