La crèche de l’abbé Fabre accusée d’être une agression contre la laïcité

Il dit avoir pris la plume à la faveur d’une insomnie, « dans la nuit du 7 au 8 janvier, après les attentats de Paris. » Conseiller municipal d’opposition, Bruno Sambourg a ensuite tenu à envoyer sa réflexion couchée sur papier au maire, pour exprimer son indignation. « Il y a un gros problème avec la crèche installée sur la voie publique, a d’emblée asséné l’élu, lundi soir, en conseil municipal, en faisant référence à la scène de la Nativité installée tout le mois de décembre devant le logement de l’abbé. La crèche, c’est dans l’église ! » Invité par Lionel Courdavault à lire sa lettre, l’élu a précisé qu’il ne s’agissait pas d’une attaque contre l’abbé Sébastien Fabre. « En fait, c’est contre l’institution », a insisté Bruno Sambourg, qui voit dans la présence de la crèche « une provocation et une agression contre la laïcité. »
Sous entendu, la loi sur la laïcité. « Vous affirmez que c’est la loi. Mais quelle loi ? Il faut parfois ouvrir un livre d’histoire », a embrayé le maire, se lançant à son tour dans une explication de ce concept, qui « est mis maintenant à toutes les sauces. » « Si nous avions été sur le domaine public, il y aurait eu une infraction. Mais le curé est locataire de son logement, il est chez lui. Et la crèche dans le jardin du curé, ça ne m’a pas posé problème », a d’abord rappelé Lionel Courdavault qui ne voit donc pas matière à polémiquer.
« J e tiens à rappeler qu’il ne faut pas mélanger la religion avec la politique ou l’école. Il est hors de question que des religieux entrent à l’école », a poursuivi Bruno Sambourg, forçant alors le maire à entrer plus franchement dans le débat : « Je ne sais combien de personnes se sont fait photographier avec leurs enfants devant. Sont-ils pour cela des non-laïcs ? Ne sont-ils pas pour cela d’autres confessions ? Si à chaque fois qu’un signe à vocation religieuse vu par le public est interprété comme cela, il faudra songer à raser les églises, les calvaires et les chapelles... Mais aussi prendre garde à ne pas vendre des cartes de Sainte-Catherine ou de Saint-Nicolas dans le périmètre des écoles publiques... »
« Je veux juste éviter que ça ne s’agrandisse. Si d’autres confessions le faisaient, quelle serait la réaction des Roost-Warendinois ? », insistait Bruno Sambourg. « Je ne suis pas un catholique forcené, mais la vision de la crèche ne véhicule aucun totalitarisme, répliquait le maire avant de clore le débat : alors, si en 2015, le prêtre demande à la remonter, je dirai oui. Je préfère rester sur ce consensus de vie commune. »
«Mesurer ses propos»
Bien sûr qu’il a entendu parler de ce début de polémique. Joint par téléphone, l’abbé Sébastien Fabre a volontiers livré un commentaire sur les propos tenus par Bruno Sambourg, mettant en cause l’installation d’une crèche sur le parvis de son logement. « J’étais sur mon domaine, sur mon trottoir, confirme le prêtre pour qui une crèche n’est pas une agression à la laïcité : il faut faire attention à ce que l’on dit, et mesurer ses propos. »
« Noël reste une fête religieuse »
Surtout, l’homme d’église trouve décevant de critiquer une initiative qui attire du monde : « Au moment de la descente du père Noël, on a organisé la bénédiction de la crèche. De toute façon, quelle que soit la loi, Noël reste une fête religieuse ! »
De façon plus large, l’abbé Sébastien Fabre regrette qu’on monte en épingle cette crèche qu’il a composée avec l’aide des jeunes de son association, Deuxième Vie : « Franchement il y a d’autres sujets plus importants en France. Pour moi, ce qui compte, c’est d’aimer les gens et de les aider à trouver du travail. » Ce qui l’amène à donner sa définition du principe auquel se réfère Bruno Sambourg : « La laïcité, pour moi, c’est la neutralité. Mais ça ne veut pas dire ne rien faire ! »lavoixdunord.fr

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