Je crois en effet que notre philosophe définit assez bien la pastorale que le Pape envisage.
Il cite, à juste titre, Evangelii Gaudium, « §34-35) : « « Le message que nous annonçons court plus que jamais le risque d’apparaître mutilé et réduit à quelques-uns de ses aspects secondaires. Il en ressort que certaines questions qui font partie de l’enseignement moral de l’Eglise demeurent en dehors du contexte qui leur donne sens. Le problème le plus grand se vérifie quand le message que nous annonçons semble alors identifié avec ces aspects secondaires qui, étant pourtant importants, ne manifestent pas en eux seuls le cœur du message de Jésus-Christ. Une pastorale en terme missionnaire n’est pas obsédée par la transmission désarticulée d’une multitude de doctrines qu’on essaie d’imposer à force d’insister. Quand on assume un objectif pastoral et un style missionnaire, qui réellement arrivent à tous sans exception ni exclusion , l’annonce se concentre sur l’essentiel, sur ce qui est plus beau, plus grand, plus attirant et en même temps plus nécessaire. La proposition se simplifie, sans perdre pour cela profondeur et vérité, et devient ainsi plus convaincante et plus lumineuse. ».
Et ensuite il ajoute de façon assez convaincante:
« La raison postmoderne est à ce point blessée dans son rapport à la vérité qu’elle devient un écran à la réception de l’Evangile. Croire demeure bien sûr un acte de la raison mais celle-ci ne pourra saisir la cohérence de la foi et de la morale que lorsque la personne aura fait l’expérience du Christ et aura été touchée par sa bonté infinie ».
Je crois que c’est bien en effet le programme du Pape François.
Qu’il s’intéresse à Kasper…ne remet pas forcément en cause cette analyse.
Je crois François d’une parfaite bonne foi et nullement en train de chercher à modifier insidieusement la doctrine par le biais de la pastorale, ce qui serait authentiquement subversif et révolutionnaire.
Par contre, tout le problème est de savoir si en initiant une modification profonde de la pastorale (« gradualité »), il n’entraînera pas –aussi-, à terme, une altération de la doctrine, ne fut-ce que dans la manière dont elle sera véhiculée par les églises locales et perçue par les fidèles.
C’est évidemment le risque!
En même temps, ne rien faire et laisser la situation en l’état nous condamne à une marginalisation progressive dans un monde sécularisé.
J’ai bien la conviction qu’un renouveau de la Tradition serait LA solution, d’autant qu’elle est parfaitement conforme à un retour à une foi « authentique » conduisant à l’expérience d’une rencontre avec le Christ, selon le souhait du Pape.
Mais notre champion s’est mis en retrait, laissant ses partisans dans un profond désarroi…
Dès lors, faut-il s’opposer bec et ongle à la démarche de François au risque de déstabiliser encore un peu plus l’Eglise et de procéder à notre « auto-évacuation » ou faut-il, au contraire, «s’insérer » -ce qui ne veut pas dire se taire…- pour essayer d’être en prise sur cette évolution et constituer une « force de proposition » -expression que je choisis à dessein- traditionnelle?
Car, au risque de m’attirer les foudres de quelques uns, je persiste à penser que … c’est tout de même de Rome dont il s’agit !
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