Votre lecture selon laquelle les termes "ou sous aucun autre empêchement ecclésiastique", viendraient réduire le champ des excommunications visées par Pie XII aux seules excommunications appartenant aux empêchements du droit ecclésiastique, ne va pas de soi.En indiquant " Aucun cardinal – sous aucun prétexte ou raison d’excommunication, suspense ou interdit, ou sous aucun autre empêchement ecclésiastique – ne peut être exclu de l’élection active et passive du Souverain Pontife", Pie XII a entendu viser l'ensemble des motifs pouvant être invoqués à l'encontre de l'élection d'un Pape: excommunication, suspense, interdit "ou (...) autre empêchement ecclésiastique", mais l'excommunication lato sensu, sans restriction, est bien envisagée. Or, en visant l'excommunication, dans sa constitution apostolique, le Pape Pie XII vise bien d’éventuelles accusations d’apostasie ou d’hérésie ou encore de schisme, cela ne fait aucun doute, puisque l’excommunication s'applique aussi à l’hérésie, selon le droit canon( « Can. 985. Sont irréguliers par délit : 1° Les apostats, les hérétiques, les schismatiques; Can. 2314. § 1 Tous les apostats de la foi chrétienne, tous les hérétiques ou schismatiques et chacun d’eux: 1° Encourent par le fait même une excommunication).
Cette lecture est confirmée par les autres textes que vous éludez soigneusement:
"§ 101. Ce consentement ayant été donné (…), l’élu est immédiatement vrai pape, et il acquiert par le fait même et peut exercer une pleine et absolue juridiction sur l’univers entier. (Code de Droit canon, can. CIS 219). Dès lors, si quelqu’un ose attaquer des lettres ou décisions concernant n’importe quelles affaires, émanant du Pontife romain avant son couronnement, Nous le frappons de la peine d’excommunication à encourir ipso facto. (Clément V, ch. 4, De sent, excomm., 5, 10, in Extravag. comm.)".
L'expression n'"importe quelle affaire" vise bien entendu aussi les allégation d'apostasie ou d'hérésie ou toute autre accusation... C'est, pour le coup, irréfutable !
Cela ne signifie pas que le Pape Pie XII envisage l'élection d'un Pape hérétique, mais qu'il veut souligner l'infaillibilité de droit divin de l'élection pontifical!
D'où la suite, que vous escamotez également:
"C’est pourquoi nul ne sera sauvé si, sachant que l’Eglise a été divinement instituée par le Christ, il n’accepte pas cependant de se soumettre à l’Eglise ou refuse l’obéissance au Pontife romain, vicaire du Christ sur terre. » (Lettre du Saint-Office à l’Evêque de Boston, DS 3867)."...
Votre théorie des "apparences" s'écroule donc bel et bien. Dès lors qu'il est élu, il est vrai Pape et on ne saurait en douter au motif qu'on est pas du même avis que lui... ou qu'on doute de ses actions antérieures.
En conséquence la Bulle Cum ex Apostolatus officio a bien éclaté!
J'ajoute que le Code canon de 1983, qui est celui qui doit être appliqué à l'heure actuelle, résout la question de l'hérésie du Pape d'une façon très différente de la votre.
Le canon 194 para. 1 2° du Code de 1983 précise « 1. Est révoqué de plein droit de tout office ecclésiastique : (…)
2- la personne qui a publiquement abandonné la foi catholique ou la communion de l’Église ».
Le canon 333 para 2 indique « Dans l’exercice da sa charge de Pasteur Suprême de l’Église, le Pontife Romain est toujours en lien de communion avec les autres Évêques ainsi qu’avec l’Église tout entière ».
Il en résulte qu'il ne peut y avoir d'hérésie de nature à entrainer la révocation d'un Pape que si celle-ci est constatée par l’ensemble de l'épiscopat et entraîne ainsi une rupture de Communion avec l’Église.
Ce qui est loin d'être le cas pour Jean XXIII, Paul VI, Jean Paul I, Jean Paul II, Benoit XVI ou François!
Les quelques sédévacantistes n'ont donc aucune emprise sur cette question...
Vainement s'opposent-ils à l'Episcopat réuni qui seul pourrait éventuellement entrainer la révocation du Pape, mais qui selon les "apparences" a unanimement reconnu tous les Papes post-conciliaires.
Dès lors, on en revient toujours au même problème, celui du libre arbitre luthérien. Qui êtes vous pour prétendre détenir l'interprétation authentique, des conciles, des bulles de la Tradition, de la constitution divine de l'Eglise ou que sais-je, contre les Papes, contre l'Episcopat ?...
Vous me répondrez sans doute, comme le fit Luther, qu'il y a un sensus fidei commun et autres banalités. Vous citerez tel saint de l'an mil, tel Père de l'Eglise, comme le fit Luther lui aussi.
Bref vous réinventerez la roue, celle du libre arbitre, celle du "je sais mieux que mes bergers"...celle de la désobéissance et de la révolte à l'égard de l'autorité de l'Eglise au nom de vos appréciations subjectives qui pourtant ne sont irréfutables qu'à vos yeux.