Notre Seigneur a déclaré bienheureux les offensés à cause de Lui (Mt 5, 11-12). S'Il a été outragé, alors il nous faut souffrir les crachats du monde jusqu'à la fin des temps.

Nous pouvons répondre, en imitation de Jésus et des martyrs, mais en priant et appelant les bontés divines sur les persécuteurs. Car ce sont nos œuvres de miséricorde qui nous justifient à la face de la Terre.

S'il nous faut craindre ce qui tue l'âme, on peut exiger de César le respect de notre intégrité corporelle. Ni plus, ni moins. L'injure publique ou la diffamation sont passibles des tribunaux mais il faut garder la mesure. Ce ne sont que des bonshommes.

Donc oui, la liberté d'offenser est une composante indissociable de la libre expression, à condition qu'elle ne soit pas attentatoire aux droits fondamentaux de liberté, de sûreté, de propriété et de résistance à l'oppression. La loi doit placer le curseur de telle manière à ce que cohabite toute sensibilité dans le débat public.

Comme dit si bien Luz, Charlie Hebdo, ce n'était que des "bonshommes", des "mickeys." Ce n'est pas grave au fond. La caricature est un moyen de remettre en cause, de contester les hypocrisies en tout genre.

Luz – On fait porter sur nos épaules une charge symbolique qui n’existe pas dans nos dessins et qui nous dépasse un peu. Je fais partie des gens qui ont du mal avec ça. [...] A la différence des anglo-saxons ou de Plantu, Charlie se bat contre le symbolisme. Les colombes de la paix et autres métaphores du monde en guerre, ce n’est pas notre truc. On travaille sur des points de détails, des points précis liés à l’humour français, à nos analyses de petits Français. [...] Au final, la charge symbolique actuelle est tout ce contre quoi Charlie a toujours travaillé : détruire les symboles, faire tomber les tabous, mettre à plat les fantasmes. C’est formidable que les gens nous soutiennent mais on est dans un contre-sens de ce que sont les dessins de Charlie. [...] Charb estimait qu’on pouvait continuer à faire tomber les tabous et les symboles. Sauf qu’aujourd’hui, nous somme le symbole. Comment détruire un symbole qui est soi-même ?

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