Bonjour et merci, Glycéra.
1. Je ne pense pas que Paul VI, dans ce discours à la CTI de décembre 1974, commette l'erreur de prioriser ou de survaloriser la dimension morale du christianisme, au détriment de la dimension religieuse, erreur que vous semblez lui attribuer.
2. Une autre manière de dire la même chose consiste à rappeler que Paul VI a pris l'initiative de la lettre encyclique Humanae vitae ET de la Profession de Foi de Pierre et de Paul, la même année, en 1968.
3. Le regret majeur que je formule, à propos du pontificat de Paul VI, ne porte pas avant tout sur son enseignement, mais avant tout sur son gouvernement, qui a été globalement "laisser-fairiste" ... sauf à l'égard des catholiques traditionnels.
4. Cela étant écrit, il est certain que la pente tendancielle et tendancieuse d'une grande partie du christianisme catholique, notamment et surtout depuis 1945, est probablement caractérisée davantage par un discours d'accompagnement moral de l'évolution de l'humanité que par un discours d'alternative religieuse aux aspirations relativistes, subjectivistes, fidéistes ou rationalistes, exprimées par elle ou imposées à elle.
5. C'est une chose de dire avant tout : "tournez-vous Jésus-Christ, qui humanisera votre coeur et vos moeurs, et qui vous permettra de lutter contre les inégalités, les exploitations et injustices subies par l'homme, les atteintes à sa dignité et à sa liberté."
6. C'est une autre chose de dire avant tout : "tournez-vous Jésus-Christ, qui "divinisera" votre esprit et votre vie, et qui vous permettra de lutter contre les falsifications de la vérité en matière religieuse, les évitements et occultations de la vérité sur Dieu subies par l'homme, les obstacles à la primauté de la Vérité."
7. Je vous rejoins peut-être en remarquant que depuis qu'une certaine forme de "gaudium-et-spisme avant la lettre" a commencé à sévir, les clercs sont
- bien plus désireux de dénoncer les manquements moraux de l'économie et de la société, des entreprises privées et des institutions publiques, à la charité, à la dignité, à la justice, à la liberté, vis-à-vis de "l'Homme",
- bien peu désireux de dénoncer les manquements religieux des êtres de chair et de sang, des hommes et des femmes, face à l'autorité de la révélation, aux vertus théologales, à la vie surnaturelle, au Fils unique du seul vrai Dieu.
8. Voilà comment on a réussi, en tout cas pour l'instant, à faire muter le christianisme catholique, depuis que la théologie néo-moderniste et la pastorale néo-progressiste ont commencé à acquérir de l'importance et de l'influence, à partir de 1945.
Bonne journée et à bientôt.
Scrutator.