Bonjour et merci, Justin Petipeu.
Voici le paragraphe qui a retenu mon attention :
" Mais, aujourd’hui, il y a beaucoup de gens qui se demandent, à l’intérieur de l’Église comme à l’extérieur, si cet envoi (en mission) a encore de la valeur actuellement. La mission est-elle encore véritablement un caractère d’actualité ? Est-ce qu’il ne serait pas plus approprié de se rencontrer dans le dialogue entre les religions et de servir ensemble la cause de la paix dans le monde ? La contre-question est la suivante : le dialogue peut-il remplacer la mission ? Aujourd’hui, en effet, il y a un grand nombre de gens qui pensent que les religions devraient se respecter mutuellement et qu’elles devraient, en dialoguant entre elles, devenir une force commune de paix. Dans cette manière de penser, un présupposé que l’on rencontre dans la plupart des cas est que les différentes religions constituent des variantes d’une seule et même réalité ; que “religion” est le genre commun, qui prend des formes différentes en fonction des différentes cultures, mais qui exprime en tout cas une même réalité. La question de la vérité, qui à l’origine préoccupait les chrétiens plus que tout le reste, est dans ce cas-là mise entre parenthèses. On présuppose que l’authentique vérité en ce qui concerne Dieu est, en dernière analyse, impossible à atteindre et que, tout au plus, on ne peut rendre présent ce qui est ineffable qu’en recourant à des symboles variés. Cette renonciation à la vérité semble réaliste et utile à la paix entre les religions du monde. "
Juste après ce paragraphe, on trouve celui-ci :
" Et cependant elle (cette renonciation à la vérité) est mortelle pour la foi. En effet, la foi perd son caractère contraignant et sérieux si tout se réduit à des symboles qui, au fond, sont interchangeables et ne peuvent renvoyer que de loin à l’inaccessible mystère du divin. "
En l'occurrence, il me semble
- que la Foi catholique ne perd pas avant tout ni seulement son caractère contraignant et sérieux, si tout se réduit à des symboles,
- que le caractère contraignant et sérieux de la "foi" existe, dans le cadre de plusieurs religions ou traditions non chrétiennes.
Je crois que la Foi catholique perd avant tout son caractère surnaturel, théologal, et, pour tout dire, EXACT, dans sa dimension intellectuelle, si tout se réduit à des symboles, y compris à des symboles médiatiquement corrects, comme la mise côte à côte, sur un pied d'égalité, de représentants ou responsables de la religion chrétienne, d'une part, de religions ou traditions non chrétiennes, d'autre part.
On trouve aussi cette phrase, qui a elle aussi retenu mon attention :
" Chers amis, vous voyez que le problème de la mission nous place non seulement face aux questions fondamentales de la foi mais également face à la question de savoir ce qu’est l’homme. "
Homo capax Dei : la mise en retrait ou en sommeil du caractère EXACT, explicitement et objectivement vrai, de la doctrine de la Foi catholique, aboutit immanquablement à la perte de vue de l'aptitude de l'homme, avec l'aide de la Foi ET de la raison, à connaître et à reconnaître Dieu, Père, Fils, Esprit, EN TANT QUE SEUL VRAI DIEU.
En ce sens, le problème soulevé par Benoît XVI, dans cette dernière phrase, est anthropologique ET gnoséologique ; l'ouverture de l'esprit humain sur le Logos divin n'est pas seulement une ouverture existence, relationnelle, sapientielle, spirituelle, dans la mesure où cette ouverture porte en elle une dimension "épistémique", nécessaire et préalable à la connaissance et à la reconnaissance "pensée", et pas seulement "priée" et "vécue", de Jésus-Christ, EN TANT QUE FILS UNIQUE DU SEUL VRAI DIEU.
A mon avis, c'est cette dimension épistémique ou intellectuelle qu'il faut réhabiliter aujourd'hui, non seulement par des moyens et pour des raisons relevant de cette dimension elle-même, mais aussi parce que, bien comprise, cette dimension est un instrument propice, et non un obstacle nuisible, à la connaissance de la Parole divine, à la compréhension du message, à la contemplation du mystère, à l'adoration des Personnes divines.
Et c'est ici que le doctrinal et le spirituel se rejoignent.
Bonne journée.
Scrutator.