Il faut avouer que les Français sont forts en francisation. De Gaulle en a donné un bel exemple en Alsace en francisant les villes et villages portant des noms allemands. En France on dit Munich pour München, Cologne pour Köln, Dresde pour Dresden.
Il me paraît normal qu'une langue, une langue de culture surtout, comme la plupart des langues européennes, utilise une forme adaptée à son idiome pour les noms de villes ou de localités, surtout quand il s'agit de noms historiques d'une certaine renommée, ou de noms dans des régions limitrophes, bien connus et fréquentés de part et d'autre d'une frontière (de fait ou réelle).
C'est différent et condamnable quand cette adaptation qui surgit naturellement est instrumentalisée pour oblittérer une époque de l'histoire ou pour imposer une autre identité aux habitants, comme cela s'est fait, en Alsace et ailleurs. Mais je ne susciterai aucune polémique car ce tort est hélas devenu universel en Europe depuis l'abbé Grégoire et depuis la substitution du sujet par le citoyen.
Je dirai donc que
Munich,
Cologne,
Dresde et ainsi de suite ne me choquent point du tout, et je m'efforce, quand j'écris ici en français, d'utiliser les formes françaises pour nos villes, moyennant une petite recherche le cas échéant.
Ce n'est pas le monopole des Français, par ailleurs. Tout le monde le fait, de notre côté aussi, et même plus loin.
Les Français disent
Varsovie et
Cracovie, pour notre Warschau et Krakau, et les Polonais qui y sont chez eux ont leurs propres mots, comme il est normal.
Demandez à l'architecte italien Salucci, s'il revenait, ce qu'il pense de la reconstruction un peu minimaliste des années '50 de sa création palladienne du château de Rosenstein dans une banlieue de la ville de ...
Stoccarda, comme il aurait dit, capitale d'un royaume bien exotique à ce qu'il paraît, et détruite en bonne partie en 1944.
Et ainsi de suite.
Non, ce qui est choquant, c'est l'adaptation des noms propres, pas d'abord des prénoms (pour des noms dynastiques on peut encore le concevoir de bon gré, surtout si le dynaste règne sur divers peuples à langues diverses), mais surtout des noms de famille. Ce n'est pas toujours par mauvaise volonté, mais c'est toujours pénible.
Elément identitaire inaliénable de premier ordre le nom d'une personne est forcément lié à une expression linguistique, presque toujours unique. Il faut le respecter.