Bonjour et merci, remi dec.
Chaque catholique conscient du problème a certainement sa part de responsabilité, mais celle des clercs, qu'ils soient docteurs ou pasteurs, est écrasante : nous subissons presque tous l'attiédissement du catholicisme, à mon avis depuis 1945, à telle enseigne qu'aujourd'hui les miséricordistes traitent les anti-miséricordistes de fondamentalistes.
En amont et en surplomb, par rapport au Concile Vatican II, il y a eu comme un Concile de Laodicée ; ce que l'on a peut-être gagné d'un côté, sous l'angle de la mise en phase avec la "modernité", on l'a sûrement perdu de l'autre côté, sous celui de l'attiédissement moral et spirituel, et je ne comprends pas que les (néo)modernistes et (néo)progressistes les plus "sincères" ne l'aient pas compris, ne l'aient pas perçu, dès les années 1950, alors que certains de leurs contempteurs ou détracteurs, eux, l'ont envisagé en ces termes.
Nous sommes en présence d'attiédisseurs de la Foi catholique,
- mais, d'une part, le tiède qui dit avoir une attitude évangélique a logiquement horreur des versets de l'Evangile qui condamnent par avance sa tiédeur,
- et, d'autre part, nous sommes en présence de dialecticiens, qui pensent en substance que l'actualisation du catholicisme doit pouvoir aller jusqu'au reniement silencieux, sinon sentencieux, de la Parole de Dieu, sous couvert de contextualisation du discours et des actes, ou sous couvert d'affranchissement évangélique de "l'esprit de l'Evangile", par rapport à la lettre des évangiles.
Je crois par ailleurs
- qu'il y a un malentendu fondamental sur la limitation contemporaine du christianisme à une religion du bonheur ; si tel est bien le cas, si le christianisme est seulement cela, et si les hommes et les femmes de ce temps parviennent au bonheur sans le christianisme, alors, qui sommes-nous pour les juger ?
- qu'il y a un autre malentendu fondamental sur le caractère non intransigeant du christianisme, car il me semble au contraire que c'est précisément parce qu'il est intransigeant, même si c'est d'une manière théologale, et non d'une manière humanitaire, que Jésus-Christ est mort sur la Croix.
On parle beaucoup de dialogue, mais je ne suis pas sûr du tout que le dialogue soit possible entre les évêques et les fidèles, sur la question que vous soulevez ; vous parlez de honte, mais il est possible que certains évêques aient tellement honte des conséquences désastreuses de cet attiédissement du catholicisme qu'ils préfèrent encore l'accompagner jusqu'au terme de leurs fonctions, au lieu de se rebeller et de le remettre en cause, au nom de l'Evangile, et au service de la véritable miséricorde, ce qui les amènerait à se fâcher avec bon nombre de leurs confrères, et à révéler LA VERITABLE NATURE, falsificatrice et manipulatoire, de ce qui est ici en cause.
Dans le contexte européen occidental, la crise du catholicisme contemporain étant avant tout celle du catholicisme diocésain, je me garderai bien de mettre tous les acteurs, tous les facteurs de cette crise, "dans le même sac", mais je viens seulement d'essayer de préciser ou de rappeler que cette honte des aspirations, convictions, exigences chrétiennes, est le symptôme d'une grande tiédeur.
Nul n'est à l'abri de la tiédeur, mais c'est une chose d'en être potentiellement coupable, et c'en est une autre d'en faire UNE RENTE DE SITUATION AXIOLOGIQUE.
Bonne journée et à bientôt.
Scrutator.