Bonsoir ET MERCI, Denis SUREAU.
1. Paradoxalement, je prends ici à charge de remercier, entre autres, Mgr FORTE et Mgr KASPER.
2. Ils affichent et assument bien plus que d'autres leur "rupturisme", notamment vis-à-vis du positionnement pontifical antérieur à l'élection du Pape François, et si leur vision des choses devait être "magistérialisée" ou "officialisée", à l'issue du Synode de l'an prochain, cela ferait voler un peu plus en éclats le "mythe" selon lequel
- il y a avant tout des différences stylistiques,
- il n'y a presque pas de divergences thématiques,
entre le Pape Benoît XVI et le Pape François.
3. En l'occurrence, si elle devait être confirmée, cette rupture
- n'existerait pas uniquement vis-à-vis du Magistère de celui qui s'est appelé lui-même, récemment, "un moine cloîtré",
- mais existerait également vis-à-vis du Magistère pontifical "amplement antérieur" à celui du prédécesseur du Pape François.
4. Ce qui m'a le plus impressionné et préoccupé, dans toute cette affaire, ce n'est pas avant tout l'application d'un certain mode de raisonnement à certains objets, mais c'est bien plutôt ce mode de raisonnement lui-même.
5. Mon intuition est qu'il y une différence de nature, et non une différence de degré, entre le personnalisme et le périphérisme, celui-ci étant beaucoup plus qu'une extrémisation de celui-là.
6. Appliqué à tous les éléments constitutifs du christianisme catholique, et pas seulement aux sacrements, le périphérisme pourrait aboutir à ce que depuis l'intérieur, voire le sommet, de l'Eglise, on traite, de plus en plus,
- d'une part, les catholiques les plus convaincus, les plus fidèles, les plus respectueux du Magistère,
- d'autre part, les autres catholiques, les non catholiques, les non chrétiens, sinon les non croyants,
en des termes de plus en plus proches de ceux employés par ceux qui sont inspirés par l'esprit du monde.
Ceux-ci auraient droit à un brevet d'authenticité, là où ceux-là auraient le devoir de se contenter d'un brevet de pharisaisme.
7. " Deux homosexuels s'aiment d'un amour durable, profond, sincère ; or, Dieu, qui est Amour, permet cet amour, voire inspire cet amour ; DONC,
- la question n'est pas de savoir si cet amour est conforme ou contraire à la Foi, à l'Espérance, à la Charité, à la loi naturelle ;
- la question est de savoir si l'Eglise est suffisamment "évangélique", au point d'être CAPABLE d'accueillir ceux qui font l'expérience de cet amour, ou insuffisamment "évangélique", au point d'être COUPABLE de ne pas accueillir ceux qui font cette expérience, etc..."
8. Je viens de résumer ce mode de raisonnement que je trouve, non, pas, bien sûr, évangélique, mais, plus sûrement, tout simplement, humanitaire. Comme dirait Hans KUNG, nous sommes en présence d'un "changement de paradigme", comme si la "condition chrétienne" était sans conditions, pour transposer ici le titre d'un livre récent de Jean-Pierre LEBRUN, ou comme si une certaine forme d'"ecclesia capax homini" était plus importante que "l'homo capax dei".
Je vous remercie de me dire ce que vous pensez de ce qui précède, et je vous remercie pour votre référence à Nicolas Gomez Davila.
Bonne nuit et à bientôt.
Scrutator.