Bonsoir ET MERCI, jejomau.
Ce qui suit relève de la tentative de formulation, certainement améliorable ; je vous remercie par avance pour votre compréhension.
1. Si ces mots, de "catholiques" à "hérétiques", ont leur sens, et non celui que l'on voudrait qu'ils aient, ils n'ont certes pas, d'une manière automatique ou prioritaire, le sens que vous leur donnez.
2. Bien des catholiques conservateurs ne sont pas traditionnels, ni intégristes, et bien des catholiques rénovateurs ne sont pas modernistes, ni progressistes.
3. Comment voulez-vous que des catholiques conservateurs, pour ainsi dire "sous prétexte" qu'ils ne sont pas modernistes ni progressistes, soient "à coup sûr" assimilables à des catholiques traditionnels, ou en situation intérieure de proximité potentielle avec des catholiques traditionnels, alors que ce qui caractérise le spécifique du catholicisme traditionnel ne fait pas partie de l'univers mental de bon nombre de ces catholiques conservateurs ?
4. De même, comment voulez-vous que des catholiques rénovateurs, dans la mesure où ils ont dit oui au contenu du Concile Vatican II, soient, d'une manière certaine, assimilables à des catholiques modernistes ou progressistes, alors que certains de ces catholiques rénovateurs déplorent souvent et dénoncent parfois l'après-Concile à la française qui, lui, est bien plus d'inspiration moderniste ou progressiste que le Concile lui-même ?
5. Vous posez deux signes d'égalité, selon lesquels
- tout catholique est traditionnel, ou a vocation à l'être,
- tout progressiste est hérétique, ou a du potentiel pour le devenir.
6. Mais que faites-vous des catholiques intégristes qui expriment parfois de véritables hérésies, quand, dans certains domaines, ils partent du principe que le Magistère pontifical contemporain étant sujet à caution, il faut et il suffit d'en prendre le contre-pied absolu pour être " à tout coup" en communion avec la vérité ?
Et que faites-vous des catholiques progressistes qui, sur les questions sur lesquelles la notion d'hérésie a tout son sens, ne formulent presque jamais d'hérésies formelles, ne serait-ce que parce qu'ils n'abordent presque jamais ces questions ?
7. Vous l'aurez remarqué, dans ce qui figure ci-dessus, à tort ou à raison, je me suis bien gardé de distinguer entre ceux qui méritent encore d'être qualifiés de catholiques, et ceux qui ne méritent plus de l'être, notamment parce que j'ai essayé de réfléchir comme l'aurait fait un sociologue, au terme de constatations empiriques.
8. S'il n'y avait que deux tendances, au sein du catholicisme contemporain,
- si tous les catholiques non progressistes, y compris les conservateurs et les rénovateurs, étaient traditionnels,
et
- si tous les catholiques progressistes étaient reconnus, y compris par eux-mêmes, pour des hérétiques,
le potentiel de mobilisation effective des catholiques non progressistes, "DONC" traditionnels, provoquerait, davantage qu'à l'heure actuelle, la marginalisation des catholiques hérétiques, "CAR" progressistes.
9. Or, il me semble
- que l'on peut très bien être un catholique non progressiste sans être pour autant un catholique anti-progressiste (*), alors que tout catholique traditionnel est bien plus porté, pour sa part, sur l'anti-progressisme, qu'un catholique conservateur ou rénovateur,
et
- que l'on peut très bien être un catholique moderniste ou progressiste sans jamais prendre position, dans les domaines qui relèvent de la dogmatique, d'une manière formellement hérétique.
10. Pour conclure, je dirai ce qui suit :
- les catholiques progressistes croient que la religion de Jésus-Christ est UNE religion du progrès, ou UNE religion pour ceux qui peuvent et doivent donner leur bénédiction aux aspirations supposées de l'Homme et à l'évolution supposée du Monde, les unes et l'autre étant considérées comme certainement synonymes de progrès ;
- or, la religion de Jésus-Christ est avant tout LA religion du salut, et il n'est peut-être pas encore impossible ni interdit de voir dans le contenu de cette phrase une conviction commune à toutes les catholiques, notamment, traditionnels ;
- mais que faites-vous, à l'intérieur de votre distinction, de tous les catholiques non progressistes, qui ne sont pas anti-progressistes pour autant, et qui considèrent en substance que la religion de Jésus-Christ se situe entre deux extrêmes, ou est assimilable, sinon réductible, à une religion du bonheur ?
11. Je vous prie de bien vouloir m'excuser pour ce message ; formulé autrement, il revient à dire qu'il me semble ceci :
- bien des catholiques non progressistes ne sont pas pour autant "exclusivistes" d'une manière traditionnelle, si l'on veut bien m'accorder que ma deuxième formulation sur la religion de Jésus-Christ est d'inspiration "exclusiviste",
et
- bien des catholiques qui militent en faveur d'un catholicisme démesurément "inclusif" ne s'en prennent pas pour autant, d'une manière explicite, par exemple, à la validité du contenu de tel ou tel article du Credo.
12. (*) : je fais ici référence à la mansuétude, à la passivité, à la résignation ou à la timidité de bon nombre de catholiques non progressistes, qui ne voient pas "où est le problème", qui confondent charité et lâcheté, qui ont peur de déplaire à leur évêque, ou de se faire traiter, non seulement de "tradis", mais aussi, carrément, "d'intégristes".
Bonne nuit et à bientôt.
Scrutator.