Vous avez bien raison : les fondations étaient déstabilisées voire corrompues depuis au moins des décennies, peut-être un siècle ou plus, même si la crise moderniste a l'air d'avoir épargné la péninsule ibérique.
Autrement tous ces visages frais et heureux de jeunes prêtres (s'ils vivent toujours, ils ne seront plus frais, et probablement peu heureux, à savoir s'ils officient toujours comme prêtres, et encore) n'auraient pas cédé d'un jour à l'autre à l'ignoble chantage du tandem Dadaglio-Tarancón - je parle de l'émissaire de Montini et de son fidèle exécuteur espagnol - (menaces d'excommunications massives, aussi contre le chef de l'Etat espagnol de l'époque, pour avaler le conciliabule et ses réformes) et sombré dans l'espace de quelques mois dans l'abîme conciliaire.
Si cela vous intéresse, lisez un vieux message ICI
Oui, sauf exception, très rare, plus rare qu'ailleurs, tous ces jeunes prêtres, moins de vingt ans plus tard, avaient abandonné la messe de leur ordination, l'autel sur ces photos, et la Foi qu'ils avaient reçue et enseignée, certains avec beaucoup d'hésitations, mais en fin de compte, tous.
La preuve : il y a très peu de Messes en Espagne, et où il y en a, elles sont relativement peu fréquentées.
Un énigme douloureux, pour ce noble pays, et ce noble peuple, qui fut si longtemps, du côté occidental de l'Europe, comme un second antemurale Christianitatis, où hérésie et schisme n'avaient jamais trouvé asyle, pas comme chez nous.
Car je ne suis pas Espagnol, au contraire, notre famille vient du pays où naquit la maudite Réforme au XVIe siècle, et vous direz à juste titre que je n'ai rien à dire, et c'est vrai, même si notre famille (si l'on peut croire les traditions familiales, car les documents font bien sûr défaut à ce niveau là) est catholique depuis les fameuses guerres saxonnes de Charlemagne (que je célèbre pour cette seule raison), et, chose plus avérée, l'est toujours restée, mais nous avons des attaches, à plusieurs titres, avec l'Espagne, et mes échanges fréquents avec nos parents et amis dans ce pays troublé me font partager leur perplexité, leur chagrin et leur honte face à l'apostasie collective.
Vous me permettrez donc un accès de nostalgie de temps en temps, qui se traduit par une vieille photo, un tableau, un morceau de musique, ou une réminiscence historique, puisque, vous en conviendrez, je ne peux pas à longueur de journée citer les rubriques du Missel (dernière édition typique) de 1920, ou d'autres "vieux textes", en latin de surcroît.