Je ne la trouve pas très heureuse de ce fait car elle suppose les problèmes résolus. Si on a Mgr Piero Marini comme successeur du cardinal Canizares pour venir "renforcer" l'actuel secrétaire britannique de la Congérgation, on verra à nouveau combien les problèmes restent ouverts.

a) "sainte liturgie" ? Qu'est-ce à dire ? Mgr Bugnini, l'Annibale prédateur maître en fourberie comme aurait dit le P. Bouyer qui l'a trop bien connu, n'a jamais cessé de prétendre agir "dans la conservation et la promotion de la sainte liturgie" !
Les néo-liturges les plus fanatiques ne disent jamais autre chose : la "sainte liturgie" a été selon eux détruite par le rit romain traditionnel et ils entendent restaurer (sic) la "sainte liturgie" la plus folle étant toujours la meilleure et la plus "sainte", à leurs yeux.

b) la cura animarum du pape est-elle au 1er chef affaire de liturgie ?
On peut assez facilement critiquer cette idée qui fut celle, poussée à l'extrême, de Paul VI. Benoît XVI a plutôt pris le contre-pied de cela, en faisant du pape mais plus largement des évêques mais plus largement des prêtres et des fidèles, les intendants de cette "sainte liturgie". Non pas des innovateurs permanents cherchant à expérimenter une nouvelle technique pastorale tous les mois en matière de liturgie.

Or la cura animarum est aussi la Mision, l'annonce innovante de la Parole suivant le temps et le contexte social, culturel etc. La liturgie est-elle le domaine n°1 de la charge d'âmes ? N'est-elle pas plutôt une sorte de soubassement (comme l'Écriture) sur laquelle la charge d'âmes peut s'édifier pour aller au-delà ? Je pense à un curé plus qu'au pape en la matière.

A prendre au pied de la lettre, la cura animarum de Benoît XVI aurait donc bien été un ratage total, c'est le cardinal Burke qui le confirmerait ainsi sans l'avoir pensé : si on s'en tient à cette phrase.

c) le cardinal Ratzinger puis Benoît XVI, moins nettement, a remis en cause l'idée d'une toute-puissance papale en matière de liturgie pour subordonner l'action du pape à la Tradition liturgique. Summorum Pontificum a reconnu indirectement que le Bienheureux Paul VI avait abusé de son pouvoir et blessé les âmes en tentant d'obroger la Messe traditionnelle romaine ... précisement Paul VI l'avait fait au nom de cette cura animarum. C'est au nom de l'évangélisation, du soin des âmes, qu'il avait adopté le bugninisme néo-liturgique croyant bien faire (cf. notamment son homélie de 1965 à la première messe en italien).

Bref cette phrase telle qu'elle (traduction française ?) est pleine d'ambiguïtés fâcheuses : on peut la lire dans un sens traditionnel et ratzinguérien mais elle pourrait aussi bien être signée par Mgr Piero Marini, le Père De Clerck ou les plus échevelés des litniks.

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