Je réponds dans l’ordre :
Ceci dit, vous faites une distinction fondamentale entre ces deux mariages, alors même qu'il n'y a qu'une distinction "juridique" ou "canonique".
Hélas, si c’était si facile ! Mais cette distinction ne dépend pas d’un trait de plume juridique, canonique, ou autre. Cette distinction entre les deux cas de figure est objectivement réelle. Un couple n’est pas marié, l’autre l’est. Écoutez : si vous arrivez à la gare en vous trompant d’horaire, vous serez objectivement dans le mauvais train, même si vous êtes convaincu d’être dans le bon.(*)
En réalité, pour ces deux couples, il n'y a pas vraiment de différence dans la manière dont ils ont anticipé, vécu et rompu leur mariage.
L’expression « en réalité » est maladroite pour introduire un ressenti subjectif. Pour reprendre mon exemple :
« En réalité, pour ce passager, le train dans lequel il se trouve l’amène vraiment là où il veut aller ».
Le fait que l'un se soit marié à l'Eglise pouvait tout simplement signifier une dimension sociale ou familiale et non religieuse.
C’est possible subjectivement. Mais là encore, objectivement, la distinction que je défendais demeure. C’est la même chose dans le cas du baptême : que de motivations ! Mais le sacrement, s’il y est, demeure. Si non, non.
Bref, ces deux situations, au regard de ce qu'est la réalité naturelle du mariage, sont identiques (avant d'être un sacrement, le mariage est un acte dans l'ordre de la nature).
Non, Ion, c’est faux dans la mesure où deux baptisés catholiques ne peuvent pas contracter de mariage
mere naturale. S’il est vrai qu’ « avant d'être un sacrement, le mariage est un acte dans l'ordre de la nature », le contrat de mariage passé entre deux catholiques est indissociable du sacrement. Donc : pas de mariage, pas de sacrement, mais aussi (et c’est là ce qui manque à votre raisonnement) : pas de sacrement, pas de mariage si les deux participants sont des baptisés catholiques.
Et pourtant, au sein de l'Eglise catholique, à ces deux situations identiques, deux réponses diamétralement opposées. C'est cela qui n'est pas très satisfaisant.
Mais les deux situations ne sont identiques que d’après votre raisonnement, qui est faux.
Quelle est la réponse ? Je ne sais pas et peut-être que le synode commencera à la donner.
Ce que je crains, cher Ion, et je dis cela sans vouloir vous faire de peine, c’est que des cardinaux ne partagent votre erreur de principe au synode.
Dans ce fil, il est rappelé que l'Eglise catholique a autorisé par le passé des "divorcés-remariés" à recevoir les sacrements quand ils étaient issus d'Egilses orientales réunies à Rome (Grecs catholiques), dans la mesure où cette pratique étaient tolérée dans leur Eglise d'origine. En d'autres termes, leur refuser les sacrements aurait été un plus grand mal (cela me fait penser au plus grand mal évoqué par le cardinal Kasper). L'Eglise n'a -t-elle pas, en l'occurrence, donné une réponse pastorale à une situation particulière, alors même que le premier mariage était indissoluble ? Si Elle peut donner une réponse "pastorale" dans une certaine situation, ne peut-elle pas le faire dans également dans d'autres situations ... très exceptionnelles ?
Ou encore, elle peut revenir d’une pratique pastorale imprudente qui, vous venez de le prouver, peut induire en erreur, si ce n’est causer scandale.
Cela dit, en fait, ce synode ne me fait pas trembler : il n’a aucune autorité et ne saurait en aucun cas appeler à mon assentiment. Mais il serait dommage que ceux qui ont tort se sentent réconfortés dans leur erreur.
Bon week-end : je vais à la pêche avec mes enfants demain et je compte bien laisser tout cela derrière moi !
-Eucher.
(*) Vous pourrez me rétorquer que l’obligation à la forme ne date après tout que du décret post-tridentin « Tametsi », dont l’application d’ailleurs a une histoire, disons, chaotique, et que ma distinction fondamentale ne repose que sur ce trait de plume juridique. Mais pour reprendre mon analogie ferroviaire : si direction de la SNCF, d’un trait de plume, change l’horaire, eh ! bien, les trains partent réellement à des heures différentes. C’est du pouvoir des clefs, en fait, qu’il s’agit.