Je remercie mon confrère (anonyme) qui a eu le courage (quand même) d'envoyer cette lettre à de nombreux prêtres : bonne lecture.

"Cher confrère,

Comment en sommes-nous arrivés là ? Je vous prie de bien vouloir m’accorder un peu de temps car cette lettre n’est pas pour la polémique mais pour la paix. Veuillez lire jusqu’au bout.

Nous sommes entrés au séminaire pour être des instruments dociles de la grâce du Souverain Prêtre. Un évêque comme Mgr Lefebvre a voulu simplement continuer l’Eglise en opposant au modernisme le vrai et simple prêtre. Cet autre Christ prêche le nouveau et éternel Testament, l’Evangile de Vie, il renouvelle le Saint Sacrifice de la Messe en offrant la divine victime au Père tout-puissant, il baptise et confesse, il conduit les âmes à la vie éternelle. Ce sont ces bons prêtres que Mgr Lefebvre a suscités et non des adorateurs de la liberté de conscience, cette fausse liberté de ne pas choisir Dieu, ce délire condamné par Grégoire XVI.
Dans la crise conciliaire, Mgr Lefebvre a voulu rassembler tous les prêtres de bonne volonté pour le combat de la Messe. Tous les prêtres amis sont les bienvenus. C’est une guerre. Et justement dans une guerre, on compte ses amis et l’on est content d’en trouver. La Lettre à nos frères prêtres correspond à cette esprit de reconquête du sacerdoce au service de la Sainte Eglise, pour la sauver du modernisme.
Or messieurs les abbés Laguérie et Héry sont de ces prêtres. Ordonnés respectivement en 1979 et 1987, soit 25 ans et 17 ans de sacerdoce, ces prêtres sont nos amis. Ils ont dit la sainte Messe, fait le catéchisme, baptisé, confessé et le font encore comme nous. Il est incompréhensible pour les fidèles de voir ainsi les prêtres se mépriser alors que l’abbé Laguérie ne dira jamais la nouvelle messe et ne demandera jamais une autorisation humiliante pour le rite fidèle à la théologie catholique, ce qu’on appelle l’indult. Monsieur l’abbé Aulagnier a baissé la garde et le différent qui l’a opposé aux supérieurs de la Fraternité Saint Pie X, est assez profond et engage le fond du combat.
L’abbé Laguérie refuse de se joindre à lui dans la crise actuelle car il lui faut déplorer la faiblesse de Campos. L’abbé Héry lui-même ne peut être soupçonné de complaisance vis à vis des modernistes qui redoutent sa plume. Il était un des membres actifs du Symposium.

Alors comment en sommes-nous arrivés là ?

Les prêtres de France savent bien qu’il y a quelques difficultés au Séminaire d’Ecône. On en convient honnêtement surtout lorsque dans un prieuré, un ancien séminariste ou un séminariste actuel témoigne d’une certaine sècheresse. Laissons les anecdotes à ceux qui les connaissent. Monsieur l’abbé Laguérie a fait partie des prêtres qui s’en sont plaint (et soyons à nouveau honnêtes, bien d’autres avant lui depuis 1999 environ). La rudesse des départs du 30 juin 2004 fut la goutte d’eau. En écrivant à près de 40 prêtres, on comprend qu’il avait perdu l’espoir d’une réaction de Mgr Fellay. Il l’a mis plus qu’au pied du mur, il lui a manqué de respect.
S’excuser, c’est trop facile, c’était déjà prévu dans l’acte, diront certains. Oui mais c’est le problème de ces prêtres à caractère fort. On se souvient de la prise de Saint-Germain l’Auxerrois pour forcer Suresnes à bouger malgré les legs. Après, il avait eu le culot de bousculer la même autorité sur la pression de paroissiens de la région de Saintes. Avec les dons des parisiens, il restaure ainsi l’église Sainte-Colombe en centre ville sans Suresnes vexé qui refuse son aide dans un premier temps. Mais c’est avec simplicité qu’il insiste auprès de ses supérieurs pour qu’ils prennent le bébé. Ils acceptent finalement. Il va trouver ensuite l’opportunité de l’église Saint-Eloi à Bordeaux. Il insiste pour que ce deuxième bébé soit adopté, mais là c’est trop fort. C’en est trop, il se prend pour le supérieur du district, diront certains. En plus son bulletin dépasse son territoire, en plus il fume, en plus il se décontracte trop chez les fidèles et la vie de communauté n’est pas exemplaire au prieuré Sainte-Marie. La coupe est considérée comme pleine (pourtant d’autres cachent leurs défauts et ne sont pas inquiétés).

Ainsi, en punissant l’abbé Laguérie, Mgr Fellay a jugé réformer toute une série de désordres, et faire une grâce à ce prêtre. Suresnes voyait un des anciens barons perdre ainsi de sa superbe pour rétablir un ordre plus religieux dans la Fraternité, et pour établir un tissu de prieurés non plus fondé sur la personnalité des prieurs mais sur un modèle classique de vie traditionnelle plus conforme aux statuts.

Et de fait, Mgr Lefebvre avait eu cette intuition en voyant les prêtres désabusés par la désertion des paroisses : établir une vie commune pour les prêtres qui pourraient ainsi se ressourcer de leur fatigue apostolique, vie commune faite de l’office, de l’oraison et de la table commune. Religieux spiritain, il a été tenté d’établir les trois vœux mais devant la nécessité de la souplesse financière, il y renonce.
Toutefois, tout en souhaitant que son idéal de vie sacerdotale survive à la crise, Mgr Lefebvre a toujours admis que la Fraternité Saint Pie X fasse office d’arche de Noé pour des prêtres qui auraient voulu une autre structure : capucins, dominicains, carmes, jésuites ….prêtres diocésains.

De plus, il serait quelque peu hypocrite de ne pas reconnaître qu’actuellement un candidat au sacerdoce qui ne veut pas faire les trois vœux est obligé d’entrer dans la Fraternité Saint Pie X, à moins d’entrer dans Ecclesia Dei et de perdre la profondeur du combat. Si la Fraternité devient intraitable sur le respect des statuts, et cela peut être son droit, ne faudra-t-il pas quand même laisser à des prêtres la possibilité de rester dans l’arche en attendant de trouver un diocèse à la fin de la crise ? Certes l’intuition de Mgr Lefebvre est sans doute la meilleure étant donné le désert sacerdotal présent et futur, mais ne faut-il pas laisser des vicaires et des curés comme ces prêtres si forts qui ont commencé la résistance tel un abbé Coache ou un Mgr Ducaud Bourget ?
Comprenons qu’il est bien difficile de demander à un prêtre fait pour les paroisses de quitter Bordeaux alors qu’il vient d’obtenir de la Providence une église à restaurer et des âmes à ramener à la Tradition. Ne peut-on pas lui laisser terminer son œuvre qu’il laissera ensuite comme il a laissé Saintes pour conquérir ailleurs ?

Cher confrère, ne soyons pas si durs au nom de l’autorité malmenée. De la part de traditionnalistes, cela paraît un comble. Le bon sens autant que la miséricorde sont heurtés par la situation actuelle d’un abbé Laguérie, ou d’un abbé Héry privés de pouvoir dire la messe dans une maison de la Fraternité, considérés comme des étrangers.
Cela est trop dur, c’est évident.
Il est d’ailleurs dommage d’impliquer les sœurs dans ces duretés ecclésiastiques, elles n’ont pas vocation à refuser des repas aux prêtres et à téléphoner aux fidèles pour les mettre en garde contre des désobéissants.

Alors, à défaut de les réintégrer tout de suite, Mgr Fellay et monsieur l’abbé de Cacqueray pourraient accepter des excuses dans Cor Unum et certains bulletins, et redonner la paix aux fidèles qui ne comprennent pas. Ils pourraient dans leur bienveillance tolérer la communio in sacris puisqu’ils ne sont pas hérétiques ni « vagus » volontaires.

Veuillez, cher confrère, écrire une simple lettre à nos deux supérieurs pour qu’ils exercent leur miséricorde. Peut-on vraiment considérer qu’ils perdraient la face après trois mois de punition et de condamnation ? Non pas, et cela ramènerait la paix. Il est inquiétant de voir des membres de la Tradition bien prompts à rechercher dans leur rang des traîtres ou des libéraux. L’ennemi est en face et non sur les côtés.

Si cette lettre vous semble fade, veuillez m’en excuser, mais le courage d’écrire à nos supérieurs et de demander la paix pour montrer un front uni aux adversaires de la Foi catholique est un devoir bien grave, cela à quelques jours de nos engagements au jour béni du cent cinquantième anniversaire de la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception.


Cor Unum in Christo et Maria Immaculata.

Abbé … +.
(qui a déjà écrit en signant )
P.S : Suggestion :

« Monseigneur, (Monsieur l’abbé)

Veuillez considérer avec bienveillance ma démarche auprès de vous. Conscient que votre autorité a été lésée par nos confrères les Abbés Philippe Laguérie et Christophe Héry, une telle attitude réclamait votre réaction pour en sauver le principe.
Mais maintenant que le temps s’est écoulé et que le remède semble dépasser le mal, pour la paix de notre Fraternité sacerdotale et celle des fidèles, montrez-nous votre clémence afin d’étendre le nombre toujours plus grand des prêtres fidèles au combat de la Tradition.
Que la Vierge Immaculée vous inspire ce geste miséricordieux.»


Mgr Bernard Fellay
Maison Généralice
Priorat Mariae Verkündigung
Schwandegg
CH - 6313 Menzingen,ZG
SUISSE


Monsieur l’abbé Régis de Cacqueray
Maison Saint-Pie X
11, rue Cluseret
B.P. 125
92154 Suresnes
FRANCE"


Chapeau !!!!

Daniel vd