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Le gaudium-et-spisme est avant tout une question d'état d'esprit.
par Scrutator Sapientiæ 2014-09-28 11:44:37
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Bonjour et bon dimanche, Aigle.

Le gaudium-et-spisme n'est pas avant tout une question de référence explicite à Gaudium et Spes, mais est avant tout une question d'alignement sur un état d'esprit, de conformation à un état d'esprit, qui est apparu au moins vingt ans avant la clôture du Concile, dans le contexte de la bipolarisation et de la décolonisation.

Il me semble ce qui suit, mais je me trompe peut-être.

En 1993, dans Veritatis Splendor, Jean-Paul II recourt beaucoup à des citations de Gaudium et Spes, mais son propos, dans cette lettre encyclique, n'est pas d'inspiration gaudium-et-spiste ; c'est même plutôt à une stratégie de réaiguillage, de réorientation, de ces citations, à laquelle nous assistons, notamment dans la II° partie.

Vingt ans après (mon Dieu, vingt ans après...) dans Evangelii Gaudium, le Pape François ne recourt pas à beaucoup de citations de Gaudium et Spes, mais le chapitre IV de son exhortation apostolique est assimilable à du gaudium-et-spisme, à la lumière de bon nombre de ses positions ad extra antérieures et ultérieures.

Si, ou plutôt : puisque, le gaudium-et-spisme est avant tout une question d'état d'esprit, comment définir, retracer, cet état d'esprit ?

Je vais essayer d'être aussi précis que prudent, mais il me semble que la surlégitimation, la survalorisation, du bien-fondé éventuel du contenu du tout début de Gaudium et Spes, constitue la porte d'entrée à l'intérieur de cet état d'esprit, la porte d'entrée à l'intérieur de la "Foi", toujours accompagnatrice et souvent inconditionnelle, en "l'Homme".

" Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. Leur communauté, en effet, s’édifie avec des hommes, rassemblés dans le Christ, conduits par l’Esprit Saint dans leur marche vers le Royaume du Père, et porteurs d’un message de salut qu’il faut proposer à tous. La communauté des chrétiens se reconnaît donc réellement et intimement solidaire du genre humain et de son histoire. "

Je ne sais s'il faut raisonner en termes de tendance ou de tentation, mais je crois que l'assimilation ou la subordination contemporaine du christianisme catholique à une espèce de solidarisme spiritualiste n'est pas un danger imaginaire.

En un sens, le christianisme est un solidarisme spiritualiste, mais, d'une part, il est le plus exigeant des solidarismes spiritualistes, et, d'autre part, il est un solidarisme spiritualiste contra-positionnel, face à l'esprit du monde et à la vie du monde soumise à cet esprit.

C'est cette contra-positionnalité qui est complètement perdue de vue, depuis longtemps, et qui est complètement perdue de vue, en particulier, sur le terrain sur lequel elle devrait pouvoir s'exprimer en priorité, id est sur le terrain du croire en Dieu.

Last night I had a dream...Je rêve donc, vous l'aurez bien compris, d'un document aussi important que Veritatis Splendor, mais qui développerait chacun des éléments constitutifs de Dominus Iesus.

L'anti-gaudium-et-spisme que j'appelle de mes voeux, si je puis m'exprimer ainsi, est ou serait caractérisé par un état d'esprit, mais aussi par des problématiques, totalement différentes, ou, en tout cas, totalement surplombantes, par rapport à celles que l'on trouve dans GS : je pense ici

- à la problématique du caractère non anthropocentrique ni consensuel, mais surnaturel et théologal, de la Foi en Dieu et de la Parole de Dieu, Père, Fils, Esprit,

- à la problématique du caractère instituant de l'autorité de la Révélation chrétienne,

- à celle du caractère libérateur et responsabilisant, pour l'être et l'agir humains, de l'ordination et de la référence à la Révélation.

Le gaudium-et-spiste, si je puis me permettre d'aller jusqu'au bout de cette tentative de caractérisation, reproche au monde (post)moderne (quand il lui adresse un reproche !) d'être avant tout inégalitaire, dans l'ordre de l'agir et de l'avoir, alors que je suis de ceux qui reprochent au monde (post)moderne d'être avant tout falsificateur, dans l'ordre de la connaissance, de la compréhension, de la contemplation, de l'adoration de Dieu, du seul vrai Dieu.

Falsificateur, en l'occurrence, notamment à grands coups de consensualisme fraternitaire, plus agréable et libératoire que vraiment édifiant et libérateur.

Mille excuses pour cette digression, bon dimanche et à bientôt.

Scrutator.

     

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