Bonjour Ennemond, j'espère que vous allez bien, ou de mieux en mieux.
Je ne m'appelle pas Carbone 14, mais je suis sensible aux datations.
Hans KUNG n'est certes pas le centre du monde, mais il y a deux de ses livres qui, dans le domaine que je connais un peu moins mal que d'autres, le Magistère relatif au dialogue et la théologie relative au pluralisme en matière (inter)religieuse, permettent, avec d'autres ouvrages, dont ceux de John HICK et Paul KNITTER, de procéder à une datation selon laquelle le schisme, plus que latent, a commencé à partir du milieu des années 1980 :
"Le christianisme et les religions du monde" est paru en France en 1986
"Une théologie pour le 3° millénaire" est paru en France en 1989.
J'ai conservé le souvenir de m'être un jour étonné, voire "insurgé", au contact d'un texte d'un prêtre de la FSSPX, "le modernisme d'hier et d'aujourd'hui", un texte dont l'auteur semblait croire qu'il suffit de citer abondamment Pascendi et Saint Pie X pour bien comprendre et bien décrire, non seulement le (primo)modernisme d'hier, mais aussi le (post)modernisme d'aujourd'hui.
Je crois au contraire qu'il nous faut actualiser nos informations, pour pouvoir actualiser nos appréciations, au contact de productions philosophiques et théologiques qui ont commencé à apparaître au milieu des années 1980, et qui n'ont pas ou plus grand chose à voir avec le (primo)modernisme des années 1893 à 1914, ni même, en un sens, avec le (néo)modernisme qui est apparu en 1937, et qui a connu et subi la mort de Rahner en 1984 et celle de Congar en 1995.
A partir de là, il va de soi qu'il n'est pas dans mon intention de réduire le contenu probable de ce schisme latent aux question d'ordre (inter)religieux, puisque son contenu probable porte aussi sur des questions d'ordre moral, abordées dans la partie centrale de Veritatis Splendor.
Il est possible que l'élection et le début du pontificat du Pape François marquent le passage du schisme latent au schisme patent, mais il serait injuste de dire que le schisme plus que latent n'est pleinement apparu qu'à partir de son élection, ce qui ne veut pas dire que je considère que c'est ce que dit Roberto de Mattei dans son propre texte.
Je vais peut-être vous faire sourire, avec mes néologismes, mais il est tout à fait possible que "l'évangélisme franciscaniste", id est le complément du "personnalisme" par le "périphérisme", le passage de celui-là à celui-ci, voire le dépassement de l'un par l'autre, contribue fortement à la transformation du schisme plus que latent en un schisme vraiment patent, mais il me semble qu'il est encore un peu trop tôt pour le dire, même si certains signaux faibles ont tendance à se renforcer, depuis le printemps 2013.
"Eh bien oui, nous sommes des rupturistes !" : voilà le type d'aveu que j'attends, pour ma part, depuis déjà quelques années, disons depuis le début du pontificat de Benoît XVI, compte tenu des résistances subies par ses tentatives d'accentuation du recentrage, mais je suis sans illusions à cet égard, car il n'est pas vraiment dans l'intérêt des schismatique de l'intérieur de se dévoiler à ce point là : ce n'est certes pas à visage découvert qu'ils accomplissent le mieux le travail de sape qui est le leur.
Je vous souhaite une bonne journée, ainsi qu'une excellente continuation.
Scrutator.