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Une référence au Catéchisme + Une réflexion rapide.
par Scrutator Sapientiæ 2014-06-24 07:37:15
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Bonjour et merci, jejomau.

Voici :

Ici.

A ce qui précède j'ajoute ceci : à mon sens, le sensus fidei, bien compris, ne peut contredire, ne peut s'opposer, ni à l'Ecriture, ni à la Tradition, ni au Magistère, dès lors que celui-ci ne contredit pas lui-même l'Ecriture ni la Tradition, ni le Magistère antérieur, notamment ou surtout en ce que celui-ci a de plus définitoire.

Mais une ou plusieurs conceptions de l'Ecriture, de la Tradition, ou du Magistère, peuvent très bien entrer en contradiction à la fois avec le sensus fidei et avec la Tradition, et peu importe ici que l'une ou l'autre de ces conceptions soit quantitativement dominante ou marginale.

De même, le sensus fidei, en tant que tel, ne s'oppose pas à la Tradition, mais une certaine conception du sensus fidei peut amener à l'opposer ou à s'opposer à la Tradition : soumis à une approche fondamentaliste, à une lecture traditionaliste (dans l'acception condamnée par l'Eglise au XIX° siècle), ou à ce que j'appelle le "rénovationnisme", le sensus fidei ne peut que finir par s'éloigner de la Tradition ou par s'opposer à la Tradition.

Le récent document de la CTI nous apporte des critères d'appréciation :

" 1. Les dispositions requises pour une participation authentique au sensus fidei

88. Il n’y a pas une disposition unique, mais plutôt un ensemble de dispositions, influencées par des facteurs ecclésiaux, spirituels et éthiques. Aucune de ces dispositions ne peut être discutée de manière isolée ; ses relations avec chacune des autres et leur ensemble doivent être prises en compte. On n’indiquera ci-dessous que les plus importantes des dispositions nécessaires pour une authentique participation au sensus fidei, en les tirant d’une enquête biblique, historique et systématique, et en les formulant de telle sorte qu’elles puissent être utiles pour un discernement dans des situations pratiques.

a) La participation à la vie de l’Église

89. La première et la plus fondamentale de toutes les dispositions est la participation active à la vie de l’Église. Une appartenance formelle à l’Église ne suffit pas. La participation à la vie de l’Église signifie une prière constante (cf. 1 Th 5,17), une participation active à la liturgie, spécialement à l’Eucharistie, une réception régulière du sacrement de la réconciliation, un discernement et un exercice des dons et des charismes reçus du Saint-Esprit, et un engagement actif dans la mission de l’Église et dans sa diakonia. Elle suppose l’acceptation de l’enseignement de l’Église en matière de foi et de morale, la volonté de suivre les commandements de Dieu, et le courage d’exercer la correction fraternelle comme de s’y soumettre.

90. Une telle participation peut se réaliser de mille manières ; mais ce qui est toujours commun à ces réalisations, c’est une solidarité active avec l’Église, qui provient du cœur, un sentiment de fraternité avec les autres membres fidèles et avec l’Église tout entière, et de ce fait un instinct pour percevoir quelles sont les nécessités de l’Église et les dangers qui la menacent. Cette attitude indispensable se traduit par l’expression sentire cum Ecclesia : ressentir, éprouver et percevoir en harmonie avec l’Église. Elle est requise non seulement des théologiens, mais de tous les fidèles ; elle unit tous les membres du peuple de Dieu dans leur pèlerinage. Elle est la clef de leur « marcher ensemble ».

91. Les sujets du sensus fidei sont les membres de l’Église qui participent à la vie de l’Église, conscients que « nous, qui sommes plusieurs, nous ne formons qu’un seul corps dans le Christ, étant, chacun pour sa part, membres les uns des autres » (Rm 12,5).

b) L’écoute de la parole de Dieu

92. Une participation authentique au sensus fidei se fonde nécessairement sur une écoute profonde et attentive de la parole de Dieu. Parce que la Bible est le témoignage originel de la parole de Dieu, transmis de génération en génération dans la communauté de foi [111], la cohérence avec l’Écriture et avec la Tradition est l’indice principal d’une telle écoute. Le sensus fidei est l’intelligencede la foi par laquelle le peuple de Dieu « accueille non pas une parole humaine mais vraiment la parole de Dieu [112] ».

93. Il n’est pas demandé à tous les membres du peuple de Dieu d’étudier de façon scientifique la Bible et les témoignages de la Tradition. Ce qui est requis, c’est bien plutôt une écoute attentive et réceptive des Écritures dans la liturgie, et une réponse provenant du cœur, « Nous rendons grâces à Dieu » et « Louange à toi, Seigneur Jésus », une fervente confession du mystère de la foi, et un « Amen » qui répond au « Oui » que Dieu a dit à son peuple en Jésus-Christ (2 Co 1,20). La participation à la liturgie est la clef pour une participation à la Tradition vivante de l’Église, et la solidarité avec les pauvres et ceux qui sont dans le besoin ouvre le cœur afin qu’il reconnaisse la présence et la voix du Christ (cf. Mt 25,31-46).

94. Les sujets du sensus fidei sont les membres de l’Église qui ont « accueilli la Parole avec la joie de l’Esprit Saint » (1 Th 1,6).

c) L’ouverture à la raison

95. Une disposition fondamentale requise pour une authentique participation au sensus fidei est d’accepter le rôle propre de la raison dans sa relation avec la foi. Foi et raison vont de pair [113]. Jésus a enseigné que Dieu doit être aimé non seulement « de tout ton cœur, de toute ton âme, … et de toute ta force », mais également « de tout ton esprit [νοῦς] » (Mc 12,30). Parce qu’il n’y a qu’un seul Dieu, il n’y a qu’une seule vérité, connue à partir de plusieurs points de vue et selon différentes manières par la foi et la raison. La foi purifie la raison et élargit son horizon, et la raison purifie la foi et rend plus claire sa cohérence [114].

96. Les sujets du sensus fidei sont les membres de l’Église qui célèbrent un « culte raisonnable » et acceptent le rôle propre de la raison illuminée par la foi dans leurs croyances et dans leurs pratiques. Tous les fidèles sont appelés à se laisser « transformer par le renouvellement de [leur] jugement, afin de discerner quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, ce qui lui plaît, ce qui est parfait » (Rm 12,1-2).

d) L’adhésion au magistère

97. Une autre disposition nécessaire pour une authentique participation au sensus fidei est d’être attentif au magistère de l’Église et d’avoir la volonté d’écouter l’enseignement des pasteurs de l’Église, comme un acte de liberté et de profonde conviction [115]. Le magistère s’enracine dans la mission de Jésus, et spécialement dans sa propre autorité d’enseignement (cf. Mt 7,29). Il a un lien intrinsèque avec l’Écriture comme avec la Tradition ; « aucune de ces [trois] réalités ne subsiste sans les autres [116] ».

98. Les sujets du sensus fidei sont les membres de l’Église qui tiennent compte des paroles de Jésus à ceux qu’il envoie : « Qui vous écoute m’écoute, qui vous rejette me rejette, et qui me rejette rejette Celui qui m’a envoyé » (Lc 10,16).

e) La sainteté — L’humilité, la liberté et la joie

99. Une participation authentique au sensus fidei requiert la sainteté. La sainteté est la vocation de l’Église tout entière et de chaque croyant [117]. Être saint signifie fondamentalement appartenir à Dieu en Jésus-Christ et dans son Église, être baptisé et vivre la foi dans la puissance du Saint-Esprit. La sainteté est en effet une participation à la vie de Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, et elle tient ensemble l’amour de Dieu et l’amour du prochain, l’obéissance à la volonté de Dieu et l’engagement en faveur des frères humains. Une telle vie est soutenue par le Saint-Esprit, que les chrétiens ne cessent d’invoquer et de recevoir (cf. Rm 1,7-8,11), particulièrement dans la liturgie.

100. Dans l’histoire de l’Église, les saints sont les porte-lumières du sensus fidei. Marie, la Mère de Dieu, la Toute-Sainte (Panaghia), dans son acceptation totale de la parole de Dieu, est le modèle même de la foi et la Mère de l’Église [118]. En conservant comme un trésor dans son cœur les paroles du Christ (Lc 2,51) et en chantant les louanges de l’œuvre salvifique de Dieu (Lc 1,46-55), elle illustre parfaitement la manière dont le sensus fidei produit dans les cœurs des croyants la joie de la parole de Dieu et l’empressement à annoncer la bonne nouvelle. Dans la succession des générations, le don de l’Esprit à l’Église a produit une riche moisson de sainteté et le nombre total des saints n’est connu que de Dieu seul[119]. Ceux qui sont béatifiés et canonisés sont proposés comme des modèles visibles de foi et de vie chrétiennes. Pour l’Église, Marie et tous les saints sont, avec leur prière et leur passion, des témoins exceptionnels du sensus fidei en leur propre temps et pour tous les temps, en leur lieu propre et pour tous les lieux.

101. Parce qu’elle requiert fondamentalement une imitatio Christi (cf. Ph 2,5-8), la sainteté implique essentiellement l’humilité. Une telle humilité est aux a ntipodes de l’hésitation ou de la timidité ; elle est un acte de liberté spirituelle. La franchise (παρρησία), à l’exemple du Christ lui-même (cf. Jn 18,20), est donc liée à l’humilité et elle est également une caractéristique du sensus fidei. Le premier endroit où pratiquer l’humilité est dans l’Église elle-même. L’humilité n’est pas une vertu que les seuls laïcs devraient exercer envers leurs pasteurs, mais elle est aussi un devoir pour les pasteurs eux-mêmes dans l’exercice de leur ministère pour l’Église. Jésus a enseigné aux Douze : « Si quelqu’un veut être le premier, il sera le dernier de tous et le serviteur de tous » (Mc 9,35). L’humilité se vit en reconnaissant habituellement la vérité de la foi, le ministère des pasteurs et les besoins des fidèles, spécialement des plus faibles.

102. Un indice sûr de la sainteté est « la paix et la joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14,17 ; cf. 1 Th 1,6). Ces dons se manifestent avant tout sur un plan spirituel, et non psychologique ou émotionnel . Ce sont la paix du cœur et la joie tranquille de celui qui a trouvé le trésor du salut, la perle de grand prix (cf. Mt 13,44-46). La paix et la joie sont de fait deux des fruits les plus caractéristiques du Saint-Esprit (cf. Ga 5,22). C’est le Saint-Esprit qui meut le cœur et le tourne vers Dieu, qui « ouvre les yeux de l’esprit et donne “à tous la joie et la douceur de consentir et de croire à la vérité [omnibus suavitatem in consentiendo et credendo veritati]” [120] ». La joie est le contraire de l’amertume et de la colère qui contristent le Saint-Esprit (cf. Ep 4,31), et elle est la pierre de touche du salut[121]. Saint Pierre exhorte les chrétiens à se réjouir de partager les souffrances du Christ, « afin que, lors de la révélation de sa gloire, vous soyez aussi dans la joie et l’allégresse » (1 P 4,13).

103. Les sujets du sensus fidei sont les membres de l’Église qui entendent l’appel pressant de saint Paul et qui y répondent : « Mettez le comble à ma joie par l’accord de vos sentiments : ayez le même amour, une seule âme, un seul sentiment ; n’accordez rien à l’esprit de parti, rien à la vaine gloire, mais que chacun par l’humilité estime les autres supérieurs à soi » (Ph 2,2-3).

f) La recherche de l’édification de l’Église

104. Une manifestation authentique du sensus fidei contribue à édifier l’Église comme un seul corps, et elle n’entretient au sein de celle-ci ni division ni particularisme. Dans la Ire lettre aux Corinthiens, cette édification constitue l’essence même de la participation à la vie et à la mission de l’Église (cf. 1 Co 14). Édifier signifie construire l’Église, à la fois dans la conscience intérieure de sa foi et en terme de nouveaux membres qui désirent être baptisés dans la foi de l’Église. L’Église est la maison de Dieu, un temple saint, constituée des fidèles qui ont reçu le Saint-Esprit (cf. 1 Co 3,10-17). Construire l’Église signifie s’efforcer de découvrir et de développer ses dons propres, ainsi qu’aider les autres à découvrir et à développer leurs charismes, corriger leurs fautes et accepter soi-même la correction dans un esprit de charité chrétienne, collaborer avec les autres et prier avec eux, partager leurs joies et leurs peines (cf. 1 Co 12,12,26).

105. Les sujets du sensus fidei sont les membres de l’Église qui reflètent ce que saint Paul dit aux Corinthiens : « À chacun la manifestation de l’Esprit est donnée en vue du bien commun » (1 Co 12,7). "

Je vous souhaite une bonne journée et vous dis à bientôt.

Scrutator.

     

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 " Vatican II a été une nouvelle Pentecôte" par New Catholic  (2014-06-21 13:43:47)
      je préfère l'original à la copie par jejomau  (2014-06-21 13:49:07)
          Oui, moi aussi par New Catholic  (2014-06-21 13:54:49)
              ah, bien vous voyez par jejomau  (2014-06-21 13:59:37)
      On confond souvent résultat attendu et résultat obtenu. par Scrutator Sapientiæ  (2014-06-21 14:23:59)
          C'est vrai par New Catholic  (2014-06-21 14:47:46)
          la question qui vient spontanément par jejomau  (2014-06-21 15:13:06)
              Une référence au Catéchisme + Une réflexion rapide. par Scrutator Sapientiæ  (2014-06-24 07:37:15)
          Tout à fait d'accord par Aigle  (2014-06-22 10:19:44)
      Les fruits de cette "Pentecôte".... par FilsDeMarie  (2014-06-22 09:24:18)
          oui mais à l'inverse ailleurs ... par Luc Perrin  (2014-06-22 15:18:11)
              Quelle Asie? Quelle Afrique? par New Catholic  (2014-06-22 17:19:17)
                  pas si simpliste car les chiffres sont là par Luc Perrin  (2014-06-22 20:43:00)
                  Pour être sur par New Catholic  (2014-06-22 22:15:40)
      attention au petit bout de la lorgnette : un texte qui mérite réflexion par Luc Perrin  (2014-06-22 14:59:28)
          Si vous aviez lu ici... par New Catholic  (2014-06-22 17:23:23)


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