Messages récents | Retour à la liste des messages | Rechercher
Afficher la discussion

On confond souvent résultat attendu et résultat obtenu.
par Scrutator Sapientiæ 2014-06-21 14:23:59
Imprimer Imprimer

Bonjour et merci, New Catholic.

En ce qui concerne le Concile Vatican II, en tant que nouvelle Pentecôte, on confond souvent le résultat attendu par Jean XXIII et le résultat obtenu par la suite.

Imaginons

- un Jean XXIII disant, en 1961 ou en 1962 : "j'attends beaucoup de choses fructueuses du prochain Concile, mais il faut raison garder, et je n'attends donc pas particulièrement qu'il soit ce que certains appellent déjà, d'une manière exagérée, une nouvelle Pentecôte."

- un après-Concile tellement fructueux, qualitativement et quantitativement, notamment en vocations religieuses et sacerdotales, au point que tout le monde puisse dire : "malgré la prudence, la réserve de Jean XXIII, il est vraiment possible de dire que le Concile Vatican a été et est toujours une nouvelle Pentecôte."

Si les choses s'étaient passées ainsi, à la limite, l'assimilation du Concile Vatican II à une certaine forme de nouvelle Pentecôte n'aurait pas entièrement illégitime.

Considérons que ce n'est pas parce qu'un Souverain pontife attendait des résultats du Concile qu'ils soient synonymes d'une nouvelle Pentecôte que les résultats obtenus au Concile et après ont vraiment été synonymes d'une nouvelle Pentecôte.

J'avoue ne pas très bien comprendre le mode de raisonnement suivant : "le Pape a toujours raison, même quand la réalité historique le contredit", id est même quand les données factuelles les plus élémentaires contredisent, en l'occurrence, une confusion, tout à fait officielle, entre espérance et optimisme.

A présent, voici ce dont il est question, dans ce nouveau texte de la CTI :

" 127. Vatican II a été une nouvelle Pentecôte[144], qui a préparé l’Église à cette nouvelle évangélisation que, depuis le concile, les papes n’ont cessé d’appeler de leurs voeux. Le concile a mis un accent renouvelé sur l’idée traditionnelle selon laquelle tous les baptisés sont pourvus d’un sensus fidei, et ce sensus fidei constitue une ressource des plus importantes pour la nouvelle évangélisation [145]. Grâce au sensus fidei, les fidèles sont à même non seulement de reconnaître ce qui s’accorde avec l’Évangile et d’écarter ce qui lui est contraire, mais également de percevoir ce que le pape François a appelé « des voies nouvelles pour le chemin » de foi du peuple pèlerin tout entier. L’une des raisons pour lesquelles évêques et prêtres doivent être proches de leur peuple sur le chemin et doivent marcher avec lui, c’est précisément pour qu’ils puissent reconnaître ces « voies nouvelles » telles que le peuple les perçoit [146]. Le discernement de ces voies nouvelles, que le Saint-Esprit ouvre et éclaire, sera vital pour la nouvelle évangélisation.

128. Le sensus fidei est étroitement lié à l’« infallibilitas in credendo » que possède l’Église dans son ensemble, en tant que « sujet » croyant, en pèlerinage à travers l’histoire [147]. Nourri par le Saint-Esprit, il permet à l’Église de rendre témoignage et à ses membres d’opérer le discernement qu’ils doivent sans cesse faire, à la fois en tant qu’individus et en tant que communauté, afin de savoir quelle est la meilleure manière de vivre, agir et parler dans la fidélité au Seigneur. C’est l’instinct par lequel tous et chacun « pensent avec l’Église [148] », partageant une même foi et un même dessein. C’est lui qui unit les pasteurs et le peuple et qui rend le dialogue entre eux, fondé sur les dons et les vocations de chacun, à la fois essentiel et fructueux pour l’Église. "

Il y a aussi ce passage, mais j'aurais pu en choisir un autre :

" b) Le sensus fidei et l’opinion publique

113. L’un des sujets les plus délicats est celui des relations entre le sensus fidei et l’opinion publique ou majoritaire, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de l’Église. L’opinion publique est un concept sociologique, qui s’applique d’abord aux sociétés politiques. L’émergence de l’opinion publique est liée à la naissance et au développement du modèle politique de la démocratie représentative. Dans la mesure où le pouvoir politique trouve sa légitimité dans le peuple, celui-ci doit pouvoir faire connaître sa pensée et le pouvoir politique doit en tenir compte dans l’exercice de son gouvernement. L’opinion publique est donc essentielle au bon fonctionnement de la vie démocratique et il est important qu’elle soit éclairée et informée de manière compétente et honnête. Tel est rôle des mass medias qui contribuent ainsi grandement au bien commun de la société du moment qu’ils ne cherchent pas à manipuler l’opinion en faveur d’intérêts particuliers.

114. L’Église apprécie les hautes valeurs humaines et morales adoptées par la démocratie, mais elle-même n’est pas structurée selon les principes d’une société politique séculière. L’Église, qui est le mystère de la communion des hommes avec Dieu, tient sa constitution du Christ. C’est de lui qu’elle tient sa structure interne et ses principes de gouvernement. L’opinion publique ne peut donc jouer dans l’Église le rôle déterminant qu’elle joue de façon légitime dans les sociétés politiques qui se fondent sur le principe de la souveraineté populaire, même si elle a effectivement un rôle propre dans l’Église, comme nous allons nous efforcer de l’éclaircir par la suite.

115. Les mass-media analysent souvent les affaires religieuses. L’intérêt du public pour les questions de la foi est un bon signe, et la liberté de la presse est un droit de l’homme fondamental. L’Église catholique ne craint pas la discussion ni la controverse à propos de son enseignement. Au contraire, elle accueille le débat comme un signe de liberté religieuse. Chacun est libre soit de la critiquer, soit de la défendre. De fait, elle reconnaît qu’une critique équitable et constructive peut l’aider à percevoir plus clairement certains problèmes et à y apporter de meilleures solutions. Elle-même est à son tour libre de critiquer les attaques injustes, et elle doit pouvoir avoir accès aux media afin, si nécessaire, de défendre la foi. Elle apprécie que les media indépendants l’invitent à apporter sa contribution aux débats publics. Elle ne désire pas le monopole de l’information, mais elle reconnaît la valeur de la pluralité des opinions et de leur échange. Cependant, elle sait aussi l’importance d’informer la société sur le sens véritable et sur le contenu de sa foi comme de son enseignement moral.

116. Aujourd’hui, on entend beaucoup plus souvent la voix des laïcs dans l’Église, avec des positions tantôt conservatrices et tantôt progressistes, mais en général elle participe de façon constructive à la vie et à la mission de l’Église. L’immense développement que l’éducation a apporté à la société a eu une influence considérable sur les relations au sein de l’Église. L’Église elle-même s’est engagée à travers le monde entier dans des programmes d’éducation visant à donner aux personnes leur voix propre et leurs droits propres. C’est donc un bon signe si aujourd’hui beaucoup de gens s’intéressent à l’enseignement de l’Église, à sa liturgie et à sa mission de service. De nombreux membres de l’Église désirent exercer leurs compétences propres et participer à leur manière propre à la vie de l’Église. Ils s’organisent en paroisse, ainsi qu’en divers groupes et mouvements, afin de construire l’Église et d’influencer la société dans son ensemble, et ils cherchent au moyen des media sociaux le contact avec d’autres croyants et avec les personnes de bonne volonté.

117. Les nouveaux réseaux de communication, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de l’Église, appellent de nouvelles formes d’attention et de critique, ainsi qu’un renouveau des méthodes de discernement. Certaines influences provenant de groupes d’intérêts particuliers ne sont pas compatibles, ou pas entièrement, avec la foi catholique. Certaines convictions ne peuvent s’appliquer qu’en certains lieux ou à certaines époques et il existe des pressions pour amoindrir le rôle de la foi dans le débat public ou pour adapter la doctrine chrétienne traditionnelle aux intérêts et aux opinions modernes.

118. Il est clair que l’on ne saurait identifier purement et simplement le sensus fidei à l’opinion publique ou majoritaire. Ce ne sont en aucune façon les mêmes choses.

i) Tout d’abord, le sensus fidei a un lien évident avec la foi, et la foi est un don que chacun ne possède pas nécessairement ; le sensus fidei ne peut donc certainement pas être assimilé à l’opinion publique dans la société dans son ensemble. Ensuite, alors que la foi chrétienne est bien entendu le facteur premier qui unit les membres de l’Église, bien des influences différentes s’associent pour façonner les points de vue des chrétiens qui vivent dans le monde moderne. Comme le montre de façon implicite la précédente discussion sur les dispositions, le sensus fidei ne peut donc pas non plus s’identifier purement et simplement à l’opinion publique ou majoritaire dans l’Église. La foi, et non l’opinion, est le point de référence auquel il faut nécessairement prêter attention. L’opinion n’est souvent que l’expression, sujette à de fréquents changements et transitoire, des tendances ou des désirs d’un certain groupe ou d’une certaine culture, alors que la foi est l’écho de l’unique Évangile qui est valide pour tous les temps et pour tous les lieux.

ii) Dans l’histoire du peuple de Dieu, ce fut souvent non pas la majorité, mais bien plutôt une minorité qui a vraiment vécu la foi et qui lui a rendu témoignage. L’Ancien Testament connaissait le « reste saint » des croyants, parfois en tout petit nombre comparé aux rois, aux prêtres et à la plupart des Israélites. Le christianisme lui-même a commencé comme une petite minorité, blâmée et persécutée par les autorités publiques. Dans l’histoire de l’Église, les mouvements évangéliques tels les franciscains et les dominicains, ou plus tard les jésuites, commencèrent comme de petits groupes que certains évêques et théologiens regardèrent avec suspicion. Dans beaucoup de pays aujourd’hui, les chrétiens subissent de la part d’autres religions ou d’idéologies séculières une forte pression pour leur faire abandonner la vérité de foi et affaiblir les liens de la communauté ecclésiale. Il est donc particulièrement important de discerner et d’écouter les voix des « petits qui croient » (Mc 9,42).

119. Il est indiscutablement nécessaire de distinguer entre le sensus fidei et l’opinion publique ou majoritaire, et pour cela il faut identifier les dispositions nécessaires pour participer au sensus fidei, telles que celles qui ont été décrites plus haut. C’est néanmoins le peuple de Dieu tout entier qui, dans son unité interne, confesse et vit la vraie foi. Le magistère et la théologie doivent sans cesse œuvrer pour renouveler la présentation de la foi dans les différentes situations, en confrontant s’il y a lieu les conceptions dominantes de la vérité chrétienne à la vérité réelle de l’Évangile, mais il faut rappeler que l’expérience de l’Église montre que parfois la vérité de la foi a été conservée non pas par les efforts des théologiens ni par l’enseignement de la majorité des évêques, mais dans les cœurs des croyants. "

Vraiment merci pour la référence à ce document, que je lirai en totalité dès que possible, bon après-midi et à bientôt.

Scrutator.

     

Soutenir le Forum Catholique dans son entretien, c'est possible. Soit à l'aide d'un virement mensuel soit par le biais d'un soutien ponctuel. Rendez-vous sur la page dédiée en cliquant ici. D'avance, merci !


  Envoyer ce message à un ami


 " Vatican II a été une nouvelle Pentecôte" par New Catholic  (2014-06-21 13:43:47)
      je préfère l'original à la copie par jejomau  (2014-06-21 13:49:07)
          Oui, moi aussi par New Catholic  (2014-06-21 13:54:49)
              ah, bien vous voyez par jejomau  (2014-06-21 13:59:37)
      On confond souvent résultat attendu et résultat obtenu. par Scrutator Sapientiæ  (2014-06-21 14:23:59)
          C'est vrai par New Catholic  (2014-06-21 14:47:46)
          la question qui vient spontanément par jejomau  (2014-06-21 15:13:06)
              Une référence au Catéchisme + Une réflexion rapide. par Scrutator Sapientiæ  (2014-06-24 07:37:15)
          Tout à fait d'accord par Aigle  (2014-06-22 10:19:44)
      Les fruits de cette "Pentecôte".... par FilsDeMarie  (2014-06-22 09:24:18)
          oui mais à l'inverse ailleurs ... par Luc Perrin  (2014-06-22 15:18:11)
              Quelle Asie? Quelle Afrique? par New Catholic  (2014-06-22 17:19:17)
                  pas si simpliste car les chiffres sont là par Luc Perrin  (2014-06-22 20:43:00)
                  Pour être sur par New Catholic  (2014-06-22 22:15:40)
      attention au petit bout de la lorgnette : un texte qui mérite réflexion par Luc Perrin  (2014-06-22 14:59:28)
          Si vous aviez lu ici... par New Catholic  (2014-06-22 17:23:23)


184 liseurs actuellement sur le forum
[Valid RSS]