Le Pape actuel

Et je crois vraiment que c’est la situation dans laquelle nous nous trouvons. Que voyons-nous dans la situation actuelle? Nous voyons un pape qui ne donne pas beaucoup de valeur ou presque rien à la doctrine. Cela se voit à peu près tout le temps. Il est dans l’à peu près. Il s’en glorifie même. Il insiste pour dire qu’il faut laisser la place aux doutes. Il attaque ceux qui veulent la certitude doctrinale. Ce sont des phrases effrayantes. Vous les trouvez dans l’interview qu’il avait donnée aux jésuites. Vous en trouvez d’autres aussi dans sa fameuse Exhortation apostolique, qui est un feu d’artifice. Il a tout mis dedans, de façon un peu bizarre.

C’est quelqu’un qui est profondément moderne, d’esprit profondément moderne, avec un langage qui peut tromper. Pourquoi? Je pense que . cela vient tout simplement de son origine argentine. L’Argentine n’a introduit le Concile et les réformes conciliaires que tardivement. En l’an 2000, les évêques ont même demandé pardon, ils ont fait un mea culpa pour avoir été si lents à mettre en œuvre les réformes post-conciliaires. La formation du pape a donc été assez conservatrice. Ce qui fait qu’il utilise un langage qui nous est très familier, surtout dans beaucoup de ses sermons. Il utilise des termes que nous connaissons et que nous n’entendions plus : le diable, l’enfer, le péché, porter la croix, le renoncement, la pénitence, une vraie contrition pour obtenir la miséricorde du Bon Dieu... tout un ensemble de choses qui sonnent familier à nos oreilles. Et tout d’un coup, vous avez de ces conclusions qui posent d’immenses points d’interrogation. Pourquoi? Parce que, tout d’un coup, vous arrivez à un naturalisme et vous vous demandez s’il a encore la Foi.

Je vous donne un exemple, relativement récent. Il dit qu’il faut porter la croix, et que c’est bon signe si nous avons des croix à porter, c’est très bien. Puis, tout d’un coup, il dit : « Vous, les chrétiens, vous priez avec la Bible, et vous les musulmans vous priez avec le Coran. Ce qui est important, c’est de bien suivre ce que les parents vous ont donné, comme cela tout ira bien ». Autrement dit, toutes les religions se valent. Que ce soit la religion chrétienne ou la religion musulmane, l’important est d’être fidèle à ce que l’on a reçu de ses parents...

A des protestants, il dit : « Priez pour moi. Bénissez-moi, bénissez-moi, moi aussi je vous bénis ». C’est incroyable! Et ce n’est pas la première fois qu’il le dit, c’est une espèce de leitmotiv chez lui, cette idée de demander à tout le monde de prier pour lui. Est-ce une marque d’humilité, une formule charismatique...?

Puis il annonce ses réformes, la distribution du pouvoir par une collégialité accrue. On sent maintenant que dans la morale, spécialement la morale conjugale, l’on va ouvrir Dieu sait quoi. Qu’est-ce que cela nous montre?

Cela nous montre que tout se passe comme si le combat dans l’Eglise avait pris une seconde jeunesse. C’est comme s’ils avaient trouvé en Argentine quelqu’un qui vit encore dans les années 70 et qui arrive avec un enthousiasme béat pour le Concile. Le Pape rafraîchit cette ardeur à tout démolir que l’on trouvait dans les années 70. Vraiment, c’est effrayant. Comme c’est un homme d’action, je crois qu’il va passer aux actes. Jusqu’ici, nous n’avons pas vu encore grand-chose mais cela promet.

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