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Du chant de la passion
par Adso 2014-04-14 14:01:35
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par l'abbé Dumax (sous Pie IX) dans ses relations des grandes fêtes de la Semaine Sainte et de Pâques)
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"« Le récit est fait par une mâle et forte voix de ténor; les paroles du Sauveur sont chantées par une basse profonde et solennelle, et un contralto dit tout ce qui est mis dans la bouche des autres personnages dela Passion (Ce sont trois prêtres en aube, portant l'étolc diaconale de eouleur noire, qui exécutent ces trois parties.). Cet ensemble produit un effet dramatique. Chaque rôle a la cadence particulière parfaitement adaptée à son esprit !
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C'est un chant ancien,simple, mais riche et digne de la tragédie antique. Celle du narrateur est claire, nette et faiblement modulée; celle des divers interlocuteurs a un ton vif et approchant presque de la conversation familière : celle du Sauveur est lente, grave et solennelle; elle commence fort bas et monte par tons pleins, puis s'étend en modulations simples et riches, et finit gracieuse et expressive, modifiée avec plus d'effet encore dans les phrases interrogatives. Ce chant est à peu près le même dans toutes les églises catholiques; mais, au Vatican, il reçoit un nouveau relief de la justesse et de l'habileté des voix qui l'exécutent.
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« Ce qui rend surtout cette récitation dramatique belle, ou plutôt magnifique, à la chapelle Sixtine,C'est le chœur : toutes les fois que dans l'histoire de la Passion la foule des Juifs, ou même plusieurs personnages, doivent parler ensemble, il éclate en une harmonie simple, mais large et pour ainsi dire massive, et rend les paroles avec une vérité et une énergie saisissantes (Ces morceaux d'ensemble furent composés, en 1585, par Thomas-Louis de Vittoria, natif d'Avila, et contemporain de l'immortel Palestrina, qui n'essaya pas de les corriger ou de les changer; sans doute, comme me le disait son digne successeur , Baini, parce qu'il les trouva trop parfaits et trop bien adaptés à leur destination (Le card. Wiseman).). Quand les Juifs s'écrient : « Crucifiez-le! » ou bien « Barrabas! » la musique, comme les paroles, est concise et d'une énergie terrible; elle
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n'a qu'une note pour chaque syllabe, et dans les trois notes du dernier mot, un changement subit de tons produit un effet saisissant. Dans ce chœur, comme dans quelques autres, l'effet est rendu plus puissant par sa terminaison brusque en double croche (note d'ailleurs inusitée à la chapelle papale ), quoique la mesure soit remplie par une blanche. La phrase musicale, composée presque entièrement de croches, a un mouvement vif, mais marqué, et pour ainsi saccadé, qui rend parfaitement les vociférations d'une populace furieuse. Ce sont là des modifications traditionnelles de la partition écrite, conservée d'année en année, chez les musiciens, depuis le temps du compositeur.
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« Dans le troisième chœur de la passion de saint Matthieu, où parlent les deux faux témoins, se trouve un duo de soprano et contralto dans lequel les mots se traînent les uns après les autres, comme si chaque interlocuteur empruntait les mensonges de l'autre; la musique est toute syncopée, et tantôt dissonnante, tantôt se copiant mutuellement ; l'ensemble des deux parties rend bien cette observation, que leurs témoignages ne s'accordaient pas entre eux.
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« Dans le seizième, rien ne surpasse la douceur du ton avec lequel sont proférées ces paroles : « Salut, Roi des Juifs! » Avec toute l'expression convenable à leur sens véritable, elles conduisent l'âme à répéter au sérieux cette plaisanterie blasphématoire. Vers la fin, les chœurs deviennent plus longs, plus riches, plus variés; ils sont plus hardis dans leurs transitions, plus heureux dans leurs. motifs, et leurs cadences finales sont majestueuses et pleines.
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« Cependant, dans l'évangile de saint Jean, il y a deux phrases qui, moins riches peut-être, sont cependant d'une modulation plus exquise. Je pourrais citer la suivante : Si vous le laissez aller, vous ri êtes pas l'ami de César, dont la facture est délicieuse. Mais la plus belle de beaucoup et la plus pathétique est la dernière : « Ne la divisons pas, mais tirons-la au « sort. » Les parties tombent l'une après l'autre, de plus en plus douces et presque en mourant, jusqu'à ce que le chœur entier se relève à la fois plein de douceur et de majesté
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« Ce chant reçoit encore un nouvel intérêt par la
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manière dont il est exécuté; car, avec beaucoup de
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naturel, la voix s'adoucit graduellement à mesure que
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la. catastrophe approche; elle se réduit presque à un
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soupir après les derniers mots prononcés sur la croix,
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et meurt tout à fait quand le Seigneur rend son âme.
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Alors tous tombent spontanément à genoux et pendant
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quelques moments gardent un profond silence, que
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leur imposent leurs émotions. »
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(Extrait des Conférences sur la Semaine sainte, par le cardinal Wiseman.) "

     

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 Du chant de la passion par Adso  (2014-04-14 14:01:35)
      Désolé pour la mauvaise tabulation ! par Adso  (2014-04-14 15:43:49)
          Il y a aussi par Yves Daoudal  (2014-04-14 16:32:07)
              C'est le souci par Adso  (2014-04-14 16:36:10)


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