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Réflexions à partir de spaghettis à la bolognaise un vendredi de carême
par Candidus 2014-04-05 10:55:55
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Je suis actuellement au sud de l’Italie dans un foyer d’étudiants. Hier, je regardais tous ces jeunes qui au restaurant du foyer choisissaient de manger d’appétissants spaghettis à la bolognaise en ce vendredi de carême. Cela m’a conduit à quelques réflexions que je voudrais partager avec vous.
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Les hommes sont comme les verres. Ils n’ont pas été conçus pour contenir les mêmes volumes ; il y a les verres à liqueur qui ne peuvent recevoir que 3 centilitres de Chartreuse et si vous êtes un amateur de bière, vous pourrez opter pour un Galopin de Duvel (12,5 cl), un Demi (25 cl), une Gourde (33 cl), une Pinte (50 cl), une Chopine (56,8 cl) ou un Parfait (1l).
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Dieu ne nous a pas créés pour que nous parvenions tous au même degré de sainteté et d’éveil spirituel. C’est la parabole des talents.
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Tous les hommes vivent, à des degrés qui varient d’un individu à l’autre, dans un désordre objectif sans pour autant en être subjectivement responsables et coupables.
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Dieu n’accorde pas à tous les hommes la même capacité de discernement moral et spirituel ; par ailleurs ce que Dieu accorde initialement à chaque homme peut être en grande partie étouffé par toutes sortes d’influences extérieures et de traumatismes, notamment durant l’enfance. Gardons-nous bien alors de juger notre prochain à l’aune du discernement dont nous bénéficions, surtout à notre époque de confusion où non seulement les vérités révélées mais aussi les principes de la morale naturelle sont obscurcis et ne sont plus transmis.
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Telle personne abandonnée par son conjoint légitime et qui s’est “remariée” peut néanmoins être en état de grâce par défaut de compréhension du désordre objectif de sa situation matrimoniale. Je sais que pour nombre de traditionalistes vivant plus ou moins en vase clos cela pararaîtra une éventualité invraisemblable, mais pour ceux qui sont habitués à côtoyer la misère et l’ignorance spirituelle de l’homme contemporain, cela ne l’est pas tellement.
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Et nous-mêmes, catholiques instruits, convaincus et pratiquants, lorsque nous nous comparons à ces saints qui se confessaient quotidiennement (tel le St Curé d’Ars), nous pouvons être convaincus que, sous de nombreux aspects objectifs, notre vie est désordonnée et peccamineuse, sans que nous ayons la maturité spirituelle qui nous permettrait de le discerner.
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Par ailleurs, la prudence doit nous conduire à ne pas toujours révéler à notre prochain le désordre objectif dans lequel il vit. Ainsi, un prêtre de l’ICRSP me disait récemment que lorsque des missionnaires de son institut arrivent en Afrique dans un village chrétien polygame, ils choisissent par prudence pastorale de ne pas se confronter à leurs fidèles sur le sujet de la polygamie. Ils préfèrent temporiser car ils savent que ces familles n’auraient pas les ressources morales et spirituelles pour renoncer à la polygamie et ils n’hésitent donc pas à leur accorder la communion ; ce n’est que très lentement et seulement avec ceux qu’ils jugent assez mûrs pour l’entendre qu’ils évoquent l’exigence de la monogamie. Cela choquera peut-être certains, mais je ne suis pas loin de penser que la situation de nos contemporains en terme d’ignorance, d’absence de ressources morales et spirituelles est devenue comparable à celle du village africain chrétien polygame (à ceci près que les Africains eux ont conservé la morale naturelle).
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Souvenons-nous des paroles du St Curé d’Ars : “Laissez un village sans prêtre seulement 50 ans et on y adorera les bêtes”. Cinquante ans, c’est l’âge de tous ceux qui n’ont jamais connu l’Eglise en ordre, qui n'ont jamais pu prendre au sérieux les liturgies grand guignolesques et ceux qui les célébraient et qui n’ont jamais reçu de véritable catéchèse ; d’où la grande prudence et retenue que nous devons démontrer aujourd’hui avec nos contemporains qui vivent des situations matrimoniales objectivement désordonnées, ou qui mangent des spaghettis à la bolognaise les vendredis de carême.
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La question que nous devrions toujours nous poser lorsque nous réalisons qu’une personne ne semble pas consciente du hiatus existant entre ce qu’elle vit et ce que prescrit la morale naturelle ou révélée, est : “Cette personne a-t-elle la maturité, la force spirituelle, les ressources pour corriger le désordre objectif dans lequel elle vie ?”. Si nous ne procédons pas avec une telle prudence et un tel discernement, la seule chose que nous obtiendrons sera de faire évoluer la qualification morale de l’action désordonnée de cette personne de péché matériel à péché formel. Beau progrès ! Sans compter que nous risquons aussi de la décourager et de l’éloigner d’une dynamique de progrès spirituel et moral qui, à terme, aurait pu lui permettre de grandir spirituellement et peut-être de corriger sa vie désordonnée.
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Candidus qui attend impatiemment l’heure du déjeuner pour vérifier s’il reste encore des spaghettis à la bolognaise.

     

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 Réflexions à partir de spaghettis à la bolognaise un vendredi de carême par Candidus  (2014-04-05 10:55:55)
      Et qui vous dit par Bertrand  (2014-04-08 00:29:56)


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