A propos du livre de Nicolas SARKOZY: La République, les religions, l'espérance
Cerf, éd., Paris, 2004, 174 p.
(entretiens avec le Pére Philippe Verdin, dominicain; et Thibaud Collin, philosophe)

L'un des meilleurs commentaires semble être celui de Stéphane VALLET, publié par le bi-mensuel L'Homme nouveau du 21 novembre 2004, page 5, dont voici le résumé:
Il fait d'abord remarquer que "la fermeté du ministre et de l'homme politique ne trouve pas toujours son pendant chez ses jeunes interlocuteurs. Puisqu'ils sont ouvertement catholiques, on aimerait qu'ils corrigent certaines assertions fausses du ministre (les rapports Eglise-Etat dans la doctrine catholique, des points d'histoire religieuse, etc.) Ils le font, ici ou là, mais pas suffisamment."

Nicolas Sarkozy, ancien ministre de l'Intérieur, en charge des Cultes, Président élu du mouvement néo-gaulliste l'U.M.P. (28 nov. 2004), "se dit Catholique, plus culturellement que cultuellement, pratiquant occasionnel."

"Sa compréhension de la religion est séculiére. Il en a une approche napoléonienne: une morale qui permet de donner un sens à la vie (cf.p.18). Il confond d'ailleurs constamment la philosophie et la religion. La premiére donne un sens à la vie, la seconde relie à Dieu. Il est révélateur que dans son avant-propos, N. Sarkozy n'a pas employé une seule fois le mot de Dieu. Son livre est d'un naturalisme accablant.

Il reprend - mais c'est dans l'air ambiant - une grande partie des théses modernistes:
Il n'y a pas de vérité (cf. p. 44); toutes les religions se valent et ne sont pas aussi distinctes qu'on le croit (cf. p. 54); le protestantisme est exemplaire pour son dépouillement, son absence de manifestation publique et son absence de rite (cf. p. 37); la négation de l'aspect rationnel de la foi (cf. p. 29)

Sa vision de l'islam est uniquement sociologique. Nicolas Sarkozy fait preuve d'une méconnaissance manifeste de l'islam. De ce fait, il va jusqu'à dire qu'on reproche à l'islam ce que le catholicisme pratiquait autrefois en matiére de rapport entre l'Eglise et l'Etat (cf. p. 19).
Or, même si la pratique des catholiques n'a pas toujours été exemplaire dans un sens comme dans l'autre, jamais la doctrine catholique des rapports entre le temporel et le spirituel n'a revendiqué une absorption du temporel par le spirituel. L'islam le revendique dans sa doctrine et n'accepte de faire autrement que dans le cas de circonstances contraires.

Sa double méconnaissance de la doctrine de l'Eglise et de celle de l'islam renforce Nicolas Sarkozy dans sa conception d'une laïcité, valeur de référence et critére de discrimination (même positive) au sein de la République. La laïcité devient ainsi la religion de l'absence de la religion. La société séculiére dont Nicolas Sarkozy est un éloquent représentant conduit tout droit au refus du catholicisme et, peut-être, à la montée en puissance de l'islam."

Stéphen VALLET conclut ainsi son article: "S'il est vraiment catholique, Nicolas Sarkozy a tout intérêt à relire son Catéchisme…"


En encart: Le devoir social de religion dans le Catéchisme

" Le devoir de rendre à Dieu un culte authentique concerne l'homme individuellement et socialement. C'est là la doctrine catholique traditionnelle sur le devoir moral des hommes et des sociétés à l'égard de la vraie religion et de l'unique Eglise du Christ
(Conc. Vatican II, dignitatis humanae, n°1).
" En évangélisant sans cesse les hommes, l'Eglise travaille à ce qu'ils puissent pénétrer d'esprit chrétien les mentalités et les mœurs, les lois et les structures de la communauté où ils vivent (Vat. II, Apostolicam actuositatem, n°13)
" Le devoir social des chrétiens est de respecter et d'éveiller en chaque homme l'amour du vrai et du bien. Il leur demande de faire connaÓtre le culte de l'unique vraie religion qui subsiste dans l'Eglise catholique et apostolique (cf D.H., n°1).
Les chrétiens sont appelés à être la lumiére du monde (cf. A.A., n°13)
L'Eglise manifeste ainsi la royauté du Christ sur toute la création et en particulier sur les sociétés humaines" (cf. Léon XIII, enc. Immortale Dei; Pie XI, enc. Quas primas)

in Catéchisme de l'Eglise Catholique, n°2105



N.B. L'hebdomadaire Famille Chrétienne (27 nov.-3 déc. 2004, n°1402) au publié un entretien de Jean-Marc Bastiére avec Nicolas Sarkozy (pp. 38-40) et une critique du livre -bien peu critique!- du même journaliste (pp. 40 à 42).



abbé Christian LAFFARGUE