Pierre-Antoine Cousteau, le frère du célèbre commandant converti à l’islam, avait vanté pendant toute la guerre, dans le journal Je suis partout, les mérites de la collaboration avec l’Allemagne nazie. Aussi, à la libération, faillit-il connaître le sort de Robert Brasillach et être exécuté pour “trahison intellectuelle”.
À l’époque, leur confrère Claude Roy, qui avait d’abord suivi la même voie, était exempté de toute poursuite parce qu’il s’était rallié au communisme en 1943... au point de refuser de signer la pétition demandant la grâce de Brasillach ! C’est pourtant le même écrivain qui, une dizaine d’années plus tard, évoquait la chanson de Gavroche dans les Misérables pour se moquer de ceux qui attribuent une quelconque responsabilité aux écrivains :
Je suis tombé par terre
C’est la faute à Voltaire
Le nez dans le ruisseau
C’est la faute à Rousseau.
“La faute à Voltaire ? Mais bien sûr. Sans ironie” répondait Cousteau dans
Lectures françaises (n° 8, octobre 1957, “
Le droit au poteau”) :
Où serait la grandeur de ces écrivains – et de beaucoup d’autres – s’ils n’avaient exercé aucune influence sur leurs contemporains, s’ils n’avaient infléchi en rien le cours des événements ?
Païen (1) et “collabo” non repenti, Cousteau avait quelque raison d’appréhender la peine capitale, mais il avait néanmoins affronté cette perspective avec courage, trouvant au fond plutôt logique de partager le sort de ceux qui étaient morts sur le front de l’Est pour avoir accordé du crédit aux arguments qu’il avait développés dans
Je suis partout :
Lorsque j’étais condamné à mort, je n’avais nullement envie de mourir, mais je ne trouvais pas choquant du tout que les “autres” voulussent me supprimer. Je trouvais cela plutôt raisonnable. Je savais que je resterais, si je survivais, un adversaire irréductible.
On ne m’a pas fusillé.
Mais qu’au moins on ne me prive pas – sous prétexte que je suis écrivain – du droit d’être fusillé (éventuellement) comme tout le monde.
Je tiens énormément à ce droit-là. C’est le seul qui donne quelque lustre à ce métier de gribouilleur.
V.
(1) Et même, objectivement parlant,
apostat, puisqu’il était né dans une famille catholique...
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