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Benoît XVI à Fatima par Jean Madiran Imprimer
Auteur : Diafoirus
Sujet : Benoît XVI à Fatima par Jean Madiran
Date : 2010-04-23 17:35:50

Benoît XVI à Fatima

C'est officiel, l'épiscopat portugais l'ayant annoncé : en mai 2010 Benoît XVI viendra à Fatima. On peut par la prière l'y précéder et l'y accompagner ; on peut s'instruire si l'on ne connaît pas, ou pas bien, ce qu'en 1917 la Sainte Vierge a dit aux trois enfants de Fatima, et par la suite à Sœur Marie-Lucie du Cœur Immaculé.
On peut aussi rêver.
Il est permis d'imaginer qu'à Fatima le pape Benoît XVI pourra, à sa manière, surprendre ceux qui trouvent son œcuménisme trop timoré parce qu'il en écarte toute utopie relativiste. Il pourra très bien accomplir en direction des évêques schismatiques de l'Eglise d'Orient un acte œcuménique audacieux, inattendu, et d'une grande portée : les inviter à se joindre aux évêques de l'Eglise romaine dans une consécration solennelle de la Russie à la Sainte Vierge.
Notre-Dame de Fatima avait demandé que la Russie soit consacrée à son Cœur Immaculé par le Souverain Pontife en union avec les évêques, sans quoi elle répandrait ses erreurs dans le monde entier. Pie XII, puis Jean-Paul II, ont fait cette consécration mais, peut-être, en ne manifestant pas d'une manière suffisamment explicite qu'il s'agissait d'un acte : 1. de tous les évêques unis au Pape ; 2. concernant en propre la Russie. Il y avait aussi la dévotion du premier samedi du mois, qui n'a pas été prise en considération.
De fait, en tout cas, même après l'effondrement de la Russie soviétique, ses erreurs, clairement sous le nom communiste ou bien de manière anonyme, ont continué à se répandre dans le monde entier.

Le principal motif, semble-t-il,de ce que l'on a pu considérer à tort ou à raison comme une certaine réserve du Saint-Siège en ce domaine, est qu'il pouvait paraître insolent, voire d'une validité douteuse, de disposer de la Russie sans son consentement préalable. L'objection tombe si les évêques de l'Eglise schismatique de Russie y sont invités et acceptent de s'y joindre.
Autre objection : une telle consécration ne va-t-elle pas donner outrageusement raison à ceux qui soutiennent que la vraie consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie n'a pas encore eu lieu ?

Point du tout.

Elégamment, sans l'avoir tranché, elle rendra ce débat inutile.
En effet, à la différence du baptême ou de la confirmation, qui ne sont administrés qu'une fois, on peut plusieurs fois faire et refaire une consécration.

Pourquoi serait-ce impossible à l'heure de l'œcuménisme ?
Ce serait beaucoup moins difficile que les pénibles discussions entre théologiens et canonistes plus compétents pour l'inventaire des dégâts historiques que pour les réparer. L'Eglise de Russie partage avec l'Eglise catholique une même ferveur dans la dévotion à la Vierge Marie. Manifester ainsi, sans aucune concession ni équivoque, une certaine union fervente entre l'Eglise de Rome et l'Eglise de Russie serait le fait d'une belle et juste audace œcuménique, dont Benoît XVI est bien capable, comme il l'a montré en d'autres domaines.

Et puis surtout, la Sainte Vierge...

JEAN MADIRAN
Article extraits de PRESENT du 05 DECEMBRE 2009


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En mai (le 13 ?) à Fatima« Au Portugal se conservera toujours le dogme de la foi »

A Fatima en mai 2010 : l’annonce du pèlerinage de Benoît XVI a comme rouvert un livre qui paraissait s’être fermé ; elle a suscité la renaissance d’une attente fervente et laisse espérer diverses éventualités (cf. Présent du 5 décembre).

En effet le contenu des apparitions de 1917 et les trois « secrets » ultérieurement dévoilés par sœur Marie-Lucie du Cœur Immaculé comportent des points restés assez obscurs ; et aussi des demandes qui paraissent avoir été plus ou moins négligées, comme la dévotion du premier samedi du mois, le culte du Cœur Immaculé à officialiser d’une manière plus solennelle (et qui au contraire a été plutôt dévalorisé) ; et enfin tout ce qui concerne la manière (partiellement incomplète ?) dont a été effectuée la consécration de la Russie.
Parmi les points demeurés obscurs, il y a le sens et la portée d’une phrase révélée en 1941 par sœur Marie-Lucie, et qui n’a jamais encore été pleinement élucidée :
« Au Portugal se conservera toujours le dogme de la foi. »
A ce sujet Mgr Gilles Wach, fondateur bien connu et prieur général de l’Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre (ICRSP), développe en privé une hypothèse qui m’a paru suffisamment originale et intéressante pour que je lui en demande une « interview ».

— Mais vous l’avez, m’a-t-il répondu, me donnant ainsi l’autorisation de la rédiger d’après ce qu’il venait de me dire. Voici donc, en substance, l’hypothèse dont Mgr Wach est l’auteur.

Que le Portugal conserve toujours « le dogme de la foi » (c’est-à-dire, comme l’a précisé sœur Marie-Lucie, la foi authentique, la vraie foi) cela suggère qu’elle ne sera pas conservée ailleurs. On a pu au siècle dernier supposer un moment que cette prédiction était vérifiée par le gouvernement du président Salazar (1932-1968) qui, sans instituer un Etat confessionnel, établit toutefois un régime politique largement conforme au droit naturel et chrétien. Mais l’Espagne connut un régime analogue avec le général Franco (1936-1975). Et puis la révolution portugaise de 1974 balaya ce qui pouvait subsister du régime Salazar.

La différence persistante du Portugal « conservant le dogme de la foi », ce n’est donc pas dans sa provisoire restauration politique qu’il faut la voir. Mais ce n’est pas non plus dans une différence religieuse. La crise provoquée par l’« esprit du Concile » ne l’a pas épargné, surtout à partir du moment où Paul VI a remplacé son épiscopat conservateur par un épiscopat progressiste : le clergé portugais et sa hiérarchie ont connu comme ailleurs une dérive modernisante qui n’est pas encore guérie. La différence portugaise n’est pas non plus dans une résistance particulière à la déchristianisation de la société : au Portugal elle est semblable à celle des autres pays d’Europe. Si bien que la question reste posée : en quoi le Portugal se distingue-t-il par une conservation de la foi ?

La différence existe pourtant. Cette différence que souligne Mgr Wach consiste en ce que le Portugal est le seul pays d’Europe continentale à ne pas subir une immigration massive et sans cesse croissante de populations musulmanes. L’hypothèse de Mgr Wach est qu’il se pourrait bien que le Portugal soit le seul à ne pas être finalement submergé par une domination (à la fois démographique et politico-religieuse) qui imposerait à la foi chrétienne en Europe une disparition analogue à celle que l’on peut apercevoir en Arabie Saoudite ; ou bien à celle qui est en marche en Turquie.

Pratiquement, cette hypothèse rejoint en somme ce que j’annonçais en 2002 dès le premier chapitre d’Une civilisation blessée au cœur : La République française, avec les « valeurs » qui sont les siennes, ne peut rien légalement, elle ne peut rien moralement contre la montée de l’islam, on le vérifie aujourd’hui de Sarkozy en Besson, de légalité paralysante en moralité subvertie. Face à la menace, il faudrait d’abord changer de moralité officielle ; et changer de légalité.

JEAN MADIRAN
Article extrait du n° 7019 de Présent du Jeudi 28 janvier 2010


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Il demeure des obscurités dans la réception de Fatima

Les deux articles précédents ont paru dans Présent le 5 décembre et le 28 janvier.

Le voyage annoncé de Benoît XVI à Fatima, au mois de mai, rappelle à l’attention publique la différence entre un pèlerinage à Fatima et (par exemple) un pèlerinage à Lourdes. L’un et l’autre sont autorisés et même favorisés par l’Eglise. Mais à Lourdes, il n’y a aucune incertitude sur le contenu et la portée des apparitions. Ce n’est pas tout à fait le cas pour Fatima.

Autrement dit, la réception des apparitions de Lourdes a été complète dans l’Eglise et ne paraît plus soulever aucun problème, tandis que la réception de Fatima est fragmentaire et suscite des controverses et des incertitudes non résolues ; la consécration demandée de la Russie n’a pas été ignorée, mais la dévotion du premier samedi du mois et le développement du culte pour le Cœur Immaculé sont restés sans écho officiel dans l’Eglise.

Il est assez couramment supposé que s’il en est ainsi, c’est parce que le Saint-Siège s’en tiendrait aux apparitions de 1917, demeurant réservé sur celles dont a ultérieurement bénéficié sœur Lucie. Mais à y regarder de près, la ligne de partage ainsi tracée ne paraît pas correspondre exactement à la réalité. Il y a une telle cohérence entre les divers éléments rapportés par sœur Lucie que l’on ne voit pas très bien pourquoi admettre les uns mais écarter les autres.

Toutefois il reste certain que seule l’Eglise est juge en ce qui concerne les « apparitions », c’est elle qui peut les authentifier, les recommander, les récuser, mais elle peut aussi s’abstenir. En ce qui concerne le développement du culte du Cœur Immaculé et la dévotion du premier samedi du mois, il y a bien une abstention.

Il faut tenir compte du fait qu’il existe des détracteurs résolus, – détracteurs du culte de la Vierge Marie en général, et en particulier de Fatima, à visage découvert ou sous le manteau. Au nombre des courants dévastateurs qui ravagent l’Eglise, le courant antimarial est l’un des plus acharnés, comportant de bons apôtres qui trouvent simplement que l’« on en fait trop pour la Sainte Vierge » et que cela pourrait gêner le dialogue œcuménique avec les protestants, mais aussi des adversaires résolus qui parlent de mariolâtrie et qui invoquent les « nouvelles avancées » de l’exégèse et de la théologie pour suggérer une incertitude voire une suspicion concernant la virginité perpétuelle de Marie.

De telles oppositions se manifestent jusqu’au sein de la Curie romaine par des réticences de moins en moins implicites. Nos lecteurs se souviennent peut-être du cas significatif de Mgr Bruguès. Lorsqu’il présidait la commission doctrinale de l’épiscopat français, il avait professé publiquement que « l’affirmation de l’existence de frères et de sœurs de Jésus [qu’il venait apparemment de découvrir] questionnera la compréhension de l’énoncé dogmatique de la virginité perpétuelle de Marie ». Ayant été repris là-dessus, il s’est alors retranché derrière « la décision historique du concile Vatican II de faire du texte prévu à propos de la Vierge Marie le dernier chapitre d’une constitution dogmatique consacrée à l’Eglise », et il en tirait la conclusion que « cette décision invite, c’est manifeste (sic), plutôt à la sobriété dans les énoncés concernant Marie ». (cf. La trahison des commissaires, 3e édition, p. 41-46 et 85-88.)

La « sobriété » ! Un autre évêque nous dit dans le même sens : « Va-t-on trouver une nouvelle perle à ajouter au collier déjà bien riche de Marie ? » (La Documentation catholique du 21 mars 2010, p. 281.)
Ce ne sont pas des dissidents discrédités, tels un Mgr Gaillot, qui expriment de tels sentiments. Ce sont des importants, solidement installés.

Par le seul fait d’aller à Fatima en mai, Benoît XVI manifeste qu’il passe outre à ces oppositions intérieures. De ce qu’il dira peut résulter une décisive clarification.

C’est en tout cas l’espérance de tous ceux qui, en France, ont appris à partir de 1945, grâce au chanoine Barthas, à prier Notre-Dame de Fatima : « Sainte Vierge Marie, notre Mère et notre Reine, qui êtes apparue à Fatima et avez promis, si l’on écoute vos demandes… »

JEAN MADIRAN
Article extrait du n° 7080
de Présent du Samedi 24 avril 2010



La discussion

 Benoît XVI à Fatima par Jean Madiran, de Diafoirus [2010-04-23 17:35:50]
      Le démon est en train de livrer une bataille déc [...], de jejomau [2010-04-23 19:05:45]
          L'intérêt de cette visite, de Jean-Paul PARFU [2010-04-23 20:13:12]
              mais enfin, de Pantelemion [2010-04-23 20:31:12]
                  La totalité des secrets n'a pas été dévoilée, de Jean-Paul PARFU [2010-04-23 21:29:19]