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JUILLET 2003 A MARS 2011

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Quelques réflexions ..... Imprimer
Auteur : origenius
Sujet : Quelques réflexions .....
Date : 2010-01-24 09:54:17

l'Unité des Religions

Nous vivons une époque singulière, où la tolérance affichée à l’égard des religions – au moins dans la zone « démocratique » de la planète – cache en fait une redoutable hypocrisie.
Tout le monde comprend en effet que le souhait le plus ardent des représentants laïcs et éclairés de l’esprit du temps, est en réalité leur éradication « en douceur ».

Ne constituent-elles pas à leurs yeux une survivance anachronique des époques d’obscurantisme, de fanatisme et de superstition, dont la Science et les Lumières auraient d^u nous délivrer depuis longtemps déjà ? N’est-il pas admis que l’on s’est toujours étripé au nom de ce Dieu qui, selon Diderot, n’aurait même pas besoin d’exister pour faire le malheur des hommes………A un « détail » près pourtant : Les deux idéologies les plus meurtrières et les plus barbares que le monde dit connues – nous parlons bien sur du nazisme et du communisme – professaient un athéisme militant.

Il n’en demeure pas moins vrai, hélas, que les croyants ont trop souvent offert au fil des siècles le spectacle consternant du fanatisme et de la violence aveugle. Mais l’insondable bêtise des hommes est une chose, et la Parole de Dieu en est une autre. N’importe quel psychopathe peut brandir une Bible ou un Coran et en frapper son voisin réputé mécréant, sans avoir lui-même ouvert le Livre Saint, ou sans rien y avoir compris.

C’est d’autant plus regrettable qu’il y aurait lu, entre beaucoup d’autres exemples, que « le Verbe de Dieu éclaire tout homme venant en ce monde » (saint Jean, I, 9), que Dieu a parlé jadis à nos pères « à bien des reprises et de bien des manières » (saint Paul, Hébreux, I, 1) et que selon le Coran (II, 62) :

« Ceux qui croient,
Ceux qui pratiquent le Judaïsme,
Ceux qui sont Chrétiens ou Cabéens,
Ceux qui croient en Dieu et au dernier jour,
Ceux qui font le bien,
Voilà ceux qui trouveront leur récompense auprès de
leur Seigneur.
Ils n’éprouveront plus alors aucune crainte,
Ils ne seront pas affligés. »

Si l’on veut ignorer cet universalisme, on est confronté à un improbable dilemme : Ou bien Dieu n’est pas tout-puissant, puisqu’il n’a pas réussi à imposer la « vraie » religion (quelle qu’elle soit) à l’ensemble des croyants, ou bien ceux-ci doivent être répartis en deux catégories : les élus qui détiennent la Vérité et tous les autres – incomparablement plus nombreux ! – que leur Créateur a délibérément laissés dans l’ignorance ou pire encore.
(Parce que ce sont des sous-hommes ? des crétins congénitaux ? des pervers irrécupérables ?)

Comme les deux termes de cette alternative sont évidemment absurdes et blasphématoires, la solution s’impose d’elle-même : Puisque l’humanité est diverse, n’en déplaise aux fanatiques du métissage (qui ne reflète, à y bien regarder, que la peur moutonnière de cette diversité), Dieu, dans sa Miséricorde, a parlé aux différentes communautés le langage qui leur était le plus intelligible. C’est bien ce que dit le Coran (V, 48) :

« Si Dieu l’avait voulu,
Il aurait fait de vous une seule communauté.
Mais il a voulu vous éprouver
Par le don qu’il vous a fait.

Cherchez à vous surpasser les uns les autres dans
Les bonnes actions.
Votre retour à tous se fera vers Dieu ;
Il vous éclairera, alors, au sujet de vos différends. »

Pour illustrer cette vérité, l’image de la montagne est simple mais parlante : De sa base partent de nombreux chemins, qui montent en convergeant de plus en plus jusqu’au sommet où tous les pèlerins se retrouvent. Passer d’un chemin à l’autre au cours de l’ascension, essayer de suivre deux voies à la fois, c’est se condamner à faire le tour de la montagne sans aucun profit : tel est le syncrétisme. La synthèse par contre, elle, se réalise au sommet, après que chacun a suivie sa voie. Ce qui ne nous empêche nullement, les textes sacrés nous le prouvent, de considérer avec une sympathie de plus en plus compréhensive, au fur et à mesure que nous progressons vers le sommet, nos frères en Dieu qui, sur d’autres sentiers, cheminent vers le même but.

Le lama tibétain Kalou Rinpotché, après avoir rappelé que toutes les traditions spirituelles « diffèrent dans leurs formes pour s’adapter à la réceptivité et aux facultés de personnes variées », ajoute que : « D’une façon générale, avoir confiance en toutes les traditions est un signe de compréhension profonde des enseignements ; néanmoins il est indispensable de s’engager dans une tradition donnée [....].» La voie du Bouddha, selon la Tradition tibétaine, Le Seuil, 1993.

Cela étant, le monde à connu il y a 2000 ans une bouleversante nouveauté. Après avoir parlé au cours des ages à travers les Livres sacrés des différentes religions, le Verbe unique et éternel s’est incarné sur cette terre : « Et le Verbe s’est fait chair ». Il nous introduisait ainsi à la fin des temps, et au jour où, comme le dit le Coran, Dieu nous éclairera au sujet de nos différends – différends « théologiques » et donc relatifs et circonscrits au domaine de la pensée humaine, fut-elle inspirée. L’irruption de l’Absolu, faisant éclater nos limitations mentales, suggère dès maintenant que cette diversité des discours sur Dieu nous apparaîtra ce jour-là comme un diamant aux multiples facettes, qui reflétaient chacune un aspect de la Lumière. Mais aucun prisme ne réfractera alors cette Lumière, plus brillante que mille soleils, et qui pourtant ne blesse pas les yeux, comme nous le montrent symboliquement certaines apparitions de la Vierge Marie.

Mais, se demandera-t-on, pourquoi cette révélation n’a-t-elle pas coïncidé, justement, avec la Première Venue du Christ dans la chair ? Ce n’est pas à nous de sonder les mystères de la Providence, mais il nous est en revanche recommandé de scruter la Parole Divine. Or, le Christ a dit alors : « Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler les justes mais les pêcheurs. » (Saint Marc, II, 17 ; Saint Matthieu, IX, 13 ; Saint Luc, V, 32.).

Outre que le Christ légitimait ainsi les autres religions à travers leurs vrais fidèles, car « il y a de nombreuses demeures dans la Maison du Père » (Saint Jean, XIV, 2), il nous prévenait que l’Heure n’était pas encore venue, du Rassemblement final. De fait, 2000 ans passèrent – mais 1000 ans sont comme un jour aux yeux du Seigneur – et tous les signes nous indiquent cette fois l’imminence du Second Avènement et de notre délivrance. C’est donc le moment d’écouter cette autre parole du Christ, complétant celle citée à l’instant : « Et j’ai d’autres brebis qui ne sont point de cette bergerie, et celles-là aussi il faut que je les amène, et elles entendront ma voix, et il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. »
(Saint Jean, X, 16.).

Juste avant que les croyants se fondent, sans se confondre, dans cette communauté unique, quelle doit être leur attitude ? Continuer tout simplement à vivre intensément leur foi, dans la religion qui leur a été assignée par Dieu, ou bien si l’inspiration leur en vient, se faire chrétiens, en ayant conscience que, quelles que soient les apparences, l’Eglise, servie par un digne Pontife, porte déjà en Elle les germes d’une vraie Catholicité.
(Car nul n’ignore que catholique, étymologiquement, signifie « universel ».)

Selon le Concile Vatican II, en effet, le caractère eschatologique de l’Eglise « n’aura sa consommation que dans la gloire céleste, lorsque viendra le temps où toutes choses seront renouvelées et que, avec le genre humain, tout l’univers lui-même, intimement uni avec l’homme et atteignant par lui sa destinée, trouvera dans le Christ sa définitive perfection […] Déjà les derniers temps sont arrivés pour nous. Le renouvellement du monde est irrévocablement acquis et, en toute réalité, anticipé dès maintenant. ».
(Constitution dogmatique Lumen gentium , § 48 .)

On l’a compris : l’universalité promise à l’Eglise (et dont le Concile nous dévoilait ici l’acception la plus haute), vient du Ciel. Elle n’a donc strictement rien à voir avec le prosélytisme et l’esprit missionnaire et convertisseur qui a accompagné la conquête du monde par l’Occident moderne.

Il importe d’autant plus de dissiper ce grave malentendu, que cette conquête se fit au nom de prétendues « valeurs » qui contredisaient en fait à angle droit ce que doit être la Catholicité.
De quoi s’agissait-il en effet, sinon d’essayer – vainement – d’unifier le monde sur la base d’un développement exclusivement matériel (en oubliant que la matière est au contraire un principe de division !), et en faisant appel aux forces les plus inférieures de la nature humaine : cupidité, égoïsme, volonté de puissance, exploitation brutale des hommes et de la Terre qui les porte. Tout en prétendant apporter aux peuples les bienfaits du « progrès » et de la civilisation. Car là encore, l’hypocrisie est consubstantielle à l’attitude de certains Occidentaux, dont le rêve inavoué a toujours été d’associer bonne conscience et bonnes affaires !

La raison de cette alliance contre nature de la religion et d’une puissance illégitime se trouve sans doute dans une sorte d’usurpation inconsciente, par des représentants mal éclairés du Christianisme « historique », de prérogatives qui n’appartiennent qu’au Catholicisme eschatologique. Mais, comme toute généralisation est par définition injuste, nous devons ajouter que certains missionnaires furent des hommes d’une haute spiritualité, conscients de leur rôle dans l’économie providentielle (pour résumer : poser des « pierres d’attente ») et qui ne se compromirent jamais avec les forces brutes de la Matière déchaînées par l’Occident. Ainsi répondaient-ils à la véritable injonction évangélisatrice du Christ ressuscité, que Marie-Madeleine elle –même ne reconnut pas immédiatement, devant le tombeau vide.

Quoi qu’il en soit, l’heure est maintenant venue de séparer le bon grain de l’ivraie. De celle-ci, saint Paul nous fait une description qui convient bien à notre époque :
« Sache que dans les derniers jours surviendront des moments difficiles. Les hommes, en effet, seront égoïstes, amis de l’argent, fanfarons, orgueilleux, blasphémateurs, indociles à leurs parents, ingrats, sacrilèges, sans cœur, implacables, médisants, incontinents, sauvages, ennemis du bien, traîtres, emportés, aveuglés par l’orgueil, amis du plaisir plus qu’amis de Dieu, gardant les formes de la piété, mais en ayant renié la force. De ceux-là aussi détourne-toi » (Timothée, III, 1-5.)

Quant au bon grain, c’est la communauté des croyants qui attendent le Pasteur unique, quel que soit le nom sous lequel ils l’invoquent : Christ glorieux, Seyyidna Aïssa (Notre Seigneur Jésus), Bouddha Maitreya, Kalki Avatara, Messie fils de David, etc. …Précisons à ce propos que les juifs éclairés savent bien qu’il existe deux Messies : Le Messie souffrant fils de Joseph – c'est-à-dire Jésus – et le Messie glorieux fils de David – c'est-à-dire le Christ du Second Avènement. Car, comme l’écrit saint Thomas d’Aquin : « La puissance d’une personne divine est infinie et ne peut pas se trouver limitée à quelque chose de créé. C’est pourquoi on ne doit pas dire qu’une Personne divine ait assumé une nature humaine de telle sorte qu’elle n’ait pas pu à en assumer une autre. »
(Somme théologique, III, q.3, a. 7.).

Et voilà comment 2000 ans de controverses judéo-chrétiennes sont balayées par un simple approfondissement, dans la lumière de Dieu, de la tradition authentique.

Dans tous les cas – Christianisme, Judaïsme, Islam, Hindouisme, etc.. – c’est très explicitement la même Personne divine qui est attendue, et surtout pas quelque vague « archétype » faussement platonicien qui cristalliserait les espérances des religions, chacune pouvant opposer « son » Sauveur à celui des autres. Non pas, il s’agit bien de L’Unique Seigneur, reconnu comme tel par tous les croyants ! Le peu que nous venons d’en dire suffit à le prouver surabondamment. Profitons-en pour revenir un instant sur le cas envisagé tout à l’heure, des croyants qui, poussés par une inspiration d’En Haut, s’intégreraient dès maintenant au Christianisme. Là non plus, ne parlons surtout pas de « conversion », (La seule conversion légitime est celle qui mène des ténèbres à la lumière, de l’agnosticisme à la foi.). C’est simplement la réponse anticipée à l’Appel du Pasteur venant rassembler ses brebis et clore glorieusement l’histoire de notre humanité.

Nous pouvons même aller plus loin dans le sens de cet accomplissement naturel, de cette fusion sans confusion, de cette assomption de la foi de chacun dans la lumière du Verbe. Beaucoup de religions annoncent, avant le retour du Christ, la venue d’un Précurseur chargé d’aplanir ses voies, et qui sera en somme au Christ glorieux ce que fut saint Jean-Baptiste à Jésus de Nazareth. Les musulmans l’appellent le Mahdi (le « bien dirigé »), les Juifs parlent d’un « grand Prophète » (Deutéronome, XVIII, 15-18 et Malachie, III, 1).
Les Tibétains attendent Guésar de Ling, et en Occident, Dante, le célèbre auteur la Divine Comédie, qui était, bien sur autre chose qu’un poète, lui donne des noms mystérieux : le Veltro, le « 515 », il n’est autre que le « Seigneur de la Terre » accompagné des « deux témoins » qu’évoquent encore Zacharie (IV, 2-3) dans l’Ancien Testament, et Jean (VII, 40-41) dans le Nouveau.

A l’heure où toutes les forces du chaos et de la division alterneront violence, ruse et prestiges diaboliques pour tenter d’égarer les hommes, il se dressera comme un signe de réconciliation pour les croyants. Sa fonction sera en effet de rappeler avec la force d’un Envoyé l’Unicité de la Vérité, que connaissaient les hommes avant la Tour de Babel, tout en posant non moins symboliquement les fondations de la Cité Sainte, la Jérusalem Céleste.

Il nous préparera par là même à la Venue du Sauveur, pour peu que, comme nous y exhorte saint Paul (Hébreux, X, 39), nous ne soyons pas, « nous, gens de dérobade pour notre perte, mais de foi pour l’acquisition de notre âme ».


Cordialement

Origenius






La discussion

 Quelques réflexions ....., de origenius [2010-01-24 09:54:17]
      Ben voyons..., de Vianney [2010-01-24 11:23:12]
      Nous auraient-ils tous trompés ?, de Vianney [2010-01-24 12:00:42]
      Le Messie ne s'appelait donc pas Jésus?, de Gentiloup [2010-01-24 14:12:36]
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      Quelques réflexions.... et autant de contre-sens  [...], de Meneau [2010-01-24 19:13:04]
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