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JUILLET 2003 A MARS 2011

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Dernières déclarations de Mgr. Hepworth Imprimer
Auteur : Don Henri
Sujet : Dernières déclarations de Mgr. Hepworth
Date : 2009-10-27 00:28:14

Nous sommes enfin de retour à la maison !

Le Révérend John Anthony Hepworth, Primat de la Traditional Anglican Communion (TAC) - Eglise présente dans plus de quarante pays et forte de près de 400 000 fidèles - est le principal acteur du rapprochement de certains Anglicans avec l’Eglise Catholique romaine. En exclusivité, il réagit à chaud à la décision du Pape depuis Blackwood (Australie du sud).

Que vous inspire la décision du Pape ?

La nuit où j’ai appris la décision du Pape, j’ai appelé les évêques des quarante quatre pays où nous sommes présents et nous avons pleuré de joie… Cela fait plus de quatre cents ans que les Anglicans attendaient ce jour. Au nom des 400 000 fidèles de la TAC, je voudrais dire au Pape notre immense gratitude ! Nous avons tant prié et jeûné pour que ce jour arrive… Enfin, nous passons de l’incertitude à la certitude, puisque nous sommes désormais sous l’autorité de celui qui a reçu, de la part du Christ, délégation pour établir la vérité. Nous sommes enfin de retour à la maison !

La décision du Pape vous a-t-elle surpris ?

Il y a vingt cinq ans, exactement, nous allions pour la première fois à Rome pour parler avec le Saint Siège d’unité. Il y a deux ans nous avons remis au Pape un texte signé de tous les évêques de notre Eglise exprimant notre acceptation pleine et entière du Catéchisme de l’Eglise Catholique et notre reconnaissance de la primauté du successeur de Pierre. En plus des précédents Papes, Benoît XVI s’est engagé personnellement dans ce dossier. A chaque étape, il nous a écouté et conseillé. Et aujourd’hui, il offre à tous les anglo-catholiques (Anglicans respectueux du siège de Pierre) la possibilité d’être membre de l’Eglise Catholique tout en gardant les particularités.

Une décision assez inédite dans l’histoire de l’Eglise ?

On a tendance à oublier qu’il existe une vingtaine de rites dans l’Eglise Catholique ! Les Ukrainiens Catholiques, par exemple, ont leur propre tradition et leur propre liturgie. Mais également les Maronites, chez qui existent comme chez nous des prêtres mariés. Il y a toujours eu de la place à l’intérieur de l’Eglise Catholique romaine pour des Eglises aux traditions différentes. Les Anglais ont eux-mêmes une manière très ancienne d’être Catholique avec un droit canon bien a eux. L’Eglise offre à de nombreuses églises particulières la possibilité d’être fidèle à la Foi de l’Eglise universelle tout gardant leurs identités.

Quelles conditions le Saint-Siège a-t-il posé pour votre « retour » ?

La première condition était d’être un certain nombre, de croître et de porter du fruit ! La seconde consistait à prouver concrètement que nous étions capables d’avoir sur le terrain de bonnes relations avec les églises Catholiques Romaines. La troisième était d’avoir une bonne organisation interne. De notre côté, nous avions conditionné cette démarche d’unité au fait de pouvoir vivre pleinement notre anglicanisme, c’est-à-dire de garder notre spiritualité, notre manière de célébrer, notre théologie et enfin notre façon de gouverner qui comprend l’ordination d’hommes mariés.

Comment la Traditional Anglican Communion est-elle née ?

La TAC est née il y a trente ans en Amérique du nord. Pourquoi ? Tout simplement, parce que les Eglises anglicanes de ces pays ont commencé à ordonner des femmes et à prêcher des choses contraires à la foi Catholique comme l’acceptation du mariage homosexuel ou l’accession à l’épiscopat de personnes homosexuelles. Nous n’avions alors plus d’autre le choix que de partir. La TAC s’est rapidement répandue à travers le monde : Angleterre, Australie, Nouvelle-Zélande, îles du Pacifique, Inde, puis dans de nombreux pays d’Afrique comme la Zambie, le Kenya ou le Congo, et jusqu’au Pakistan. La TAC est également née du désir de poursuivre le dialogue œcuménique engagé avec Rome, mis en péril par les graves décisions des églises anglicanes.

Vous êtes spirituellement très proche du cardinal Newman ?

Il y a toujours eu chez les Anglicans, une minorité qui rêve d’être à nouveau en communion avec Rome. Le cardinal Newman, grand théologien anglican en est l’un de ses plus imminents représentants. Il fut au XIXe siècle, l'une principales figures du Mouvement d'Oxford qui tenta de rapprocher l'Église d'Angleterre de ses racines Catholiques Romaines. Il finira par rejoindre l’Eglise Catholique, mais il lui arrivait de pleurer en se souvenant de ses années anglicanes ; car au fond, il aurait préféré vivre sa foi Catholique sans se déchirement. La décision du Pape est la réponse aux larmes et à la prière du cardinal Newman !

Que diriez-vous aux lefebvristes à qui le Pape à également tendu la main ?

Je les exhorte à considérer le Concile Vatican II avec une plus grande attention. Il n’y a aucune raison d’en avoir peur ! Bien loin d’être un obstacle à notre foi, il est une source d’enrichissement pour nous. Ce n’est pas parce que de nombreuses dérives ont suivi ce Concile qu’il est mauvais. Je voudrais les rassurer également sur les intentions de Benoît XVI. Ce Pape ne recherche avant tout l’unité de l’Eglise. La preuve, c’est qu’aujourd’hui c’est devenu la course à l’unité ! On m’a rapporté que le Patriarche de Moscou – dont les relations avec Rome n’ont pas toujours été faciles - aurait récemment demandé à son responsable des relations œcuméniques de travailler plus rapidement à avec les catholiques ; et ce avant que les anglicans n’y parviennent ! (rires)

Cette décision pose-t-elle un problème pour le dialogue œcuménique, qu’en pensez-vous ?

C’est tout l’inverse ! Nous sommes justement un fruit de l’œcuménisme ! Le but de l’œcuménisme c’est en effet l’unité et pas seulement une entente entre les Eglises chrétiennes. Sans le long travail de rapprochement qui a été entrepris depuis le Concile Vatican II, nous n’en serions jamais arrivés là. Quant à savoir si cela peut porter préjudice au dialogue avec les Anglicans, il est déjà devenu très difficile. En 2008, lors de la conférence de Lambeth - étape importante de la séparation des Eglises Anglicanes - trois cardinaux avaient fait le déplacement, pour expliquer que l’Eglise Catholique pourrait être contrainte de renoncer au dialogue avec certaines Eglises anglicanes.

Concrètement, que va-t-il se passer dans les mois qui viennent ?

La proposition du Pape va être soumise au vote de tous les fidèles de la TAC. Ensuite, les évêques présenteront leur démission au pape, lui laissant la liberté de les nommer où il le jugera opportun. Les évêques mariés redeviendront prêtres, seuls les évêques non-mariés resteront évêques. Les prêtres feront l’objet d’un profond discernement, et certains seront amenés à parfaire leur formation. Tout cela devrait prendre trois mois au plus, sauf dans des pays - comme l’Angleterre et les Etats-Unis - ou d’autres fidèles anglicans prendront le même chemin.

Croyez-vous que cela puisse décider beaucoup d’Anglicans ?

Le Primat de l’église anglicane du Nigéria, Mgr Peter Akinola, qui est à la tête d’une église de 20 millions de fidèles, a déjà annoncé que la décision de Rome le faisait réfléchir… En ces temps de miracle tous les espoirs sont permis ! Personnellement, je rêverais que toute la Communion anglicane soit à nouveau unie autour de l’évêque de Rome. Mais ce qui me semble réaliste, c’est que cinq cents milles personnes rejoignent immédiatement l’Eglise catholique, puis un million d’ici quelques années. De toute façon, nous ne pouvons qu’être optimistes : n’est-ce pas Dieu lui-même qui désire l’unité de l’Eglise ?

Emmanuel Pellat et Samuel Pruvot



Sources : Famille chretienne


La discussion

 Dernières déclarations de Mgr. Hepworth, de Don Henri [2009-10-27 00:28:14]
      Bis repetita placent, de Jean Ferrand [2009-10-27 08:34:16]
          Ici, de Jean Ferrand [2009-10-29 13:57:45]