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Requiem pour une église et un monastère ... Imprimer
Auteur : Cristo
Sujet : Requiem pour une église et un monastère ...
Date : 2009-07-14 13:06:35

(il n´y a pas de Québecois capables de se bouger pour s´opposer a cela ?)


Édifices anciens dans le couloir de la mort

Antoine Robitaille
Édition du vendredi 10 juillet 2009


Avec les démolitions d'édifices anciens qui se multiplient à Québec, ville prospère, la conservation du patrimoine pourrait devenir un des enjeux clés de la campagne électorale municipale dans la capitale. Le maire, Régis Labeaume, qui n'a pour l'instant aucun adversaire, admet être très agacé par «ceux qui veulent tout conserver, mais qui n'ont aucune idée de ce qu'ils veulent faire avec ce qui serait conservé».


Québec -- L'artère emblématique de Québec, la Grande Allée, sera le théâtre des plus importantes démolitions à survenir depuis les décennies 1960 et 1970. À l'époque, les maisons victoriennes à côté du parlement ont été rasées et on a assisté à l'érection d'édifices modernes mal aimés tels le Complexe H et le Concorde.

Aujourd'hui, ce sont deux édifices anciens et religieux qui attendent dans le couloir de la mort: la chapelle des Franciscaines (388, Grande Allée) et le monastère des Dominicains (175, Grande Allée). Avant-hier, dans un geste désespéré, la Fondation Héritage Canada (FHC) inscrivait la chapelle, construite en 1896, à son palmarès des dix sites les plus menacés à l'échelle pancanadienne. La FHC y voit «le plus bel exemple de décor néo-baroque» du Québec que «seul un miracle peut sauver».

Mais le sort en est jeté: la chapelle tombera sous le pic des démolisseurs

Voir page A 10: Édifices

dès cet été, après les vacances de la construction et après qu'il aura été désamianté. Le permis de démolition a été délivré en 2008.

La congrégation religieuse a vendu la chapelle et un bâtiment attenant à la Société municipale d'habitation Champlain (SOMHAC) dans les années 1980, créant la Résidence Grande Allée. Des personnes âgées en perte d'autonomie y logeaient. Le bâtiment a été négligé. En 2003, il a été vendu à des intérêts privés. Dans un avis, la Régie du logement autorisa la vente en notant que «le droit au maintien [des locataires] dans les lieux est protégé». On notait aussi que l'acquéreur avait promis de procéder «à la réparation des fenêtres [...] et à l'entretien de cette chapelle qui ferait partie du patrimoine historique de la ville de Québec». Mais trois ans plus tard, les propriétaires, dont le pharmacien Michel Cadrin, expédiaient des avis d'éviction aux locataires. La Régie du logement fut saisie de l'affaire et se prononça en 2007. Elle autorisa les dernières expulsions et par conséquent la démolition en raison de la «vétusté» des édifices. La Régie soulignait que le projet du «locateur» visait à desservir «le même type de clientèle», soit les «personnes retraitées autonomes ou en légère perte d'autonomie». Mais en 2009, à la fin de l'été, ce sont 240 condominiums, construits en deux phases, qui seront mis en vente. Le projet de la firme Ogesco, baptisé L'Étoile, ne comptera aucun logement locatif et ne s'adressera pas à la clientèle mentionnée par la Régie, a confirmé hier Gratien Dubé, courtier immobilier et porte-parole de la firme Ogesco.

Les quelques manifestations pour la préservation de cet édifice -- que la ministre de la Culture Christine St-Pierre et son ministère ne considèrent pas comme «patrimonial» -- ont toutefois eu un effet sur le promoteur, qui a décidé de conserver la façade de la chapelle, ses trois clochers, et de l'intégrer à son ensemble architectural. Les matériaux du nouvel édifice de neuf étages (moins élevé que ses voisins) évoqueront aussi l'ancien édifice, notamment son toit argenté.

La présidente du Conseil des monuments et sites, Louise Mercier, juge la disparition de la chapelle «extrêmement déplorable». Le conseil déplore particulièrement le sort réservé à l'intérieur, dont les ornements ont été abandonnés et démantelés ces trois dernières années. C'était là, au sens du Conseil (et au sens d'un site Internet: voir eglisesdequebec.org), des éléments de valeur patrimoniale. Ils ont été cédés par le propriétaire à un artiste, Jean-Marc Mathieu-Lajoie, qui s'en est servi pour faire une «installation» baptisée par lui La Chute des anges (voir photos dans le second lien ...). M. Mathieu-Lajoie a aussi acquis la coupole coiffant la nef et projette d'en tirer une autre oeuvre.



Raser un monastère pour agrandir le musée

Quant au monastère des Dominicains, adjacent à l'église Saint-Dominique, de style gothique anglais, le Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) l'a acquis grâce à l'aide d'un mécène, le milliardaire Pierre Lassonde, et propose de le démolir pour le remplacer par un édifice spectaculaire qui jouxtera l'église. L'ancien directeur général du MNBAQ John Porter pilote ce projet, pour lequel un concours d'architecture international a été lancé. Le ministère de la Culture et le service d'urbanisme de la Ville ont conclu que l'édifice n'était pas patrimonial, surtout la partie abîmée par un incendie. Le MBNA conservera la partie du presbytère qui est d'origine.

Le maire Régis Labeaume ne s'oppose pas aux deux démolitions. Il soutient que tout le monde est d'accord, «sauf Anne Guérette et son petit groupe». Architecte de formation et fondatrice d'Héritage Québec, Mme Guérette a été élue conseillère municipale indépendante dans Montcalm en décembre 2007. Dans une lettre envoyée en janvier 2008, la fondatrice du Centre canadien d'architecture, Phyllis Lambert, a fait savoir qu'elle l'appuyait dans son combat contre la démolition du monastère. Mme Guérette a aussi organisé des manifestations contre la démolition de la chapelle des Franciscaines.

«Le problème à Québec, c'est que tout est patrimonial selon certains. Ça commence à être ridicule, et plusieurs experts en patrimoine le pensent», répond le maire Labeaume, joint par Le Devoir. Il ne se dit pas «moins attaché» au patrimoine que les autres maires avant lui.

Suffit de prononcer le nom d'Anne Guérette pour le faire sortir de ses gonds. «Mme Guérette fait de la politique avec son groupe. Son groupe est honnête. Mais elle, c'est une politicienne», lance-t-il. Récemment, cette dernière a proposé de faire une «Grande Allée muséale», c'est-à-dire d'agrandir le MNBAQ sur plusieurs sites, en convertissant plusieurs anciens édifices religieux de la Grande Allée (dont celui des Franciscaines) en «pavillons». L'idée met M. Labeaume en colère: «Au Québec, quand tu ne sais pas quoi dire, tu proposes un centre d'interprétation ou un musée. Ça fait 20 ans que j'entends ça. Il n'y a rien de plus éculé que cette vision-là.» Il poursuit: «Ça n'a pas une crisse de cenne et ça ne sait pas où en trouver non plus», peste-t-il. Selon lui, ces «intégristes» de la protection du patrimoine sont «toujours en train de demander au gouvernement et à la Ville de mettre de l'argent [dans ce domaine], mais ils ne sont pas capables d'aller voir des gens du privé, des mécènes». Il est certain qu'un bâtiment remarquable remplacera le monastère des Dominicains. À Québec, il est temps selon lui de créer le «patrimoine de l'avenir».




ici


Publié le 09 septembre 2008


«La chute des anges»: les invasions barbares
Nathalie Côté


Nous avons devant nous des fragments de l'intérieur de la chapelle des Franciscaines, située au 388 de la Grande Allée; cette chapelle dont plusieurs organisations citoyennes ont contesté la démolition. En vain.


Abandonnée depuis 1990, la chapelle des soeurs franciscaines n'a jamais été reconnue comme un monument historique ni par la Ville, ni par le ministère de la Culture. Elle est devenue la propriété du promoteur immobilier Michel Cadrin qui a obtenu un permis de démolition à l'automne 2007.



Après avoir offert les statues au Musée national des beaux-arts du Québec, qui en possède déjà plusieurs dans sa collection, Michel Cadrin, a accepté de céder une partie de l'intérieur de la chapelle à Jean-Marc Mathieu-Lajoie, qui donne à ces ornements et aux statues une seconde vie inespérée.


L'artiste a démonté un à un les éléments de l'ornementation avec un soin égal à celui mis par l'artiste d'origine italienne Michele Rigali pour les réaliser en 1896 comme les artisans successifs qui y ont travaillé.


Le monastère et la chapelle ont une longue histoire depuis leur construction par les soeurs missionnaires franciscaines arrivées à Québec en 1892. Ils sont devenus la propriété de la Ville de Québec en 1986, et le couvent a été reconverti en logements pour personnes âgées avant d'être abandonné en 1990.


L'historien de l'architecture Luc Noppen écrivait en 1979 : «L'architecture intérieure de cette chapelle est d'un grand intérêt. Il s'agit d'un exemple achevé de style baroque romain, ce qui est unique à Québec.» C'est aussi le chef-d'oeuvre de l'architecte René P. Lemay. Jean-Marc Mathieu-Lajoie nous présente des fragments de l'intérieur de la chapelle déposés à même le sol et accessibles au regard comme jamais.


L'oeuvre est troublante dans ce qu'elle éveille et parce qu'elle force de prise de conscience. «Quand j'étais jeune, se rappelle Jean-Marc Mathieu-Lajoie, l'égli­se c'est tout ce qu'il y avait de beau dans le village.»


Cela est assez ironique car en récupérant une partie de l'intérieur de la chapelle, Jean-Marc Mathieu-Lajoie participe aussi à sa démolition. «Je considère plutôt que je l'ai sauvée», dira celui qui a récupéré ces ornements de bois et de plâtre en travaillant avec une équipe depuis plusieurs semaines.


Mathieu-Lajoie collectionne depuis trois ans les statues religieuses. Il a sillonné le Québec et les antiquaires. Il en a des centaines dans ses entrepôts et d'autres projets monumentaux en tête.


Plusieurs citoyens ont contesté et contestent encore la démolition de la chapelle avec Héritage Québec, qui a défendu les qualités architecturales du bâtiment, dont les promoteurs devraient conserver la façade.


Comme le dit Anne Guérette, architecte, conseillère municipale indépendante et membre fondateur d'Héritage Québec : «La Ville de Québec n'a aucune juridiction sur l'intérieur des bâtiments. Selon moi, c'est une lacune.» Selon l'architecte, «l'avenir de notre patrimoine est actuellement entre les mains des promoteurs immobiliers.»


Pour tous les enjeux qu'elle révèle, et parce qu'ils dépassent ceux de l'art, La chute des anges de Jean-Marc Mathieu-Lajoie peut s'envisager comme un portrait du moment présent.


La chute des anges de Jean-Marc Mathieu-Lajoie, à la Galerie des arts visuels, jusqu'au 4 octobre au 295, boul. Charest Est.


photos ici ...







Libre Opinion -

Patrimoine profané
Marcel Junius, Québec

Édition du jeudi 11 septembre 2008


On a tué le patrimoine. Il repose à la Galerie des arts visuels de l'Université Laval. Voilà des années que l'orage s'annonce. C'est aujourd'hui une tornade percutante. L'artiste Jean-Marc Mathieu-Lajoie expose les débris du magnifique décor intérieur, maintenant saccagé, de la chapelle des soeurs franciscaines de Marie située sur la Grande Allée, à Québec.


L'effet est choquant. Il l'est d'autant plus que «l'architecture intérieure de cette chapelle est d'un grand intérêt», comme l'ont décrite Luc Noppen et Lucie K. Morissette dans un document de la Ville de Québec intitulé Lieux de culte. Ils ajoutent: «Il s'agit d'un exemple achevé d'un style baroque romain, ce qui est unique à Québec.» Eh bien, ce patrimoine unique apparaît dans cette exposition sous la forme d'un amoncellement de rebuts jetés à terre. Dérisoire et inutile. Ces fragments de décor représentent l'agonie d'un patrimoine qui fut spectaculaire. Il n'existe plus. Il est déchet. Incroyable!

L'artiste, délibérément, provoque et nous donne froid dans le dos. Il montre sans concession la réalité du patrimoine culturel dans une vision tragique d'une faillite consommée. L'installation nous fait rougir de honte devant une telle profanation. L'exposition d'épouvante n'aurait pas eu lieu si la Commission d'urbanisme et de conservation de la Ville avait lu le document sur les lieux de culte. Si elle l'avait lu, le permis de démolir n'aurait pas été accordé pour le motif évident que le décor répondait aux critères d'un bien culturel.

L'accord du ministère de la Culture est aussi décevant qu'incompréhensible. La ministre a-t-elle été mise au courant de la description de ce lieu patrimonial? Qu'a fait la Commission des biens culturels? La délivrance du permis, l'exposition nous le révèle, est une démonstration on ne peut plus démoralisante du laxisme de la conservation du patrimoine. La démolition s'est effectuée, apparemment, en toute légalité, mais certainement pas en toute moralité. Les débris épars d'une oeuvre qui fut remarquable représentent un scandale à l'état pur.

Peu importe les personnes impliquées dans l'équarrissage brutal d'un bijou de décoration intérieure d'un patrimoine somptueux, il faudra tout de même que les auteurs de cet abominable avilissement d'un bien culturel s'expliquent. L'opération démantèlement n'a pas fait l'objet d'une quelconque annonce. Elle a été exécutée en catimini, comme le font les malfaiteurs, sans bruit. Cette affaire est grave puisqu'il y a quelques mois à peine, une commission de parlementaires mandatée pour étudier l'avenir du patrimoine religieux remettait au gouvernement les pistes à suivre assorties de plus de 30 recommandations. Qu'en a-t-on fait?

Pendant ce temps, le ministère de la Culture vaticine et pontifie pour parfaire la Loi sur les biens culturels. Disons à la ministre qu'avec un peu plus de foi dans le patrimoine et avec plus de ferveur pour la sauvegarde de notre identité, la loi actuelle pouvait très bien empêcher ce forfait.

Or, on saccage, on démolit, on laisse aller sans penser que bientôt la ville de Québec sera un musée de ruines du patrimoine et que, pour le 500e, les autorités n'auront d'autre choix que de subventionner une exposition du même genre.

Reconnaissons que l'installation de l'artiste exprime le désarroi généralisé de la société québécoise, de la perte de la foi jusqu'à l'indolence devant l'avenir du Québec. Il est grand temps de se ressaisir afin d'arrêter toutes les démolitions appréhendées et les destructions programmées du patrimoine immobilier et mobilier. L'exposition nous indique qu'il n'y a plus rien de sacré! Tout est jetable! Les débris amoncelés dans la salle d'exposition ne sont probablement qu'une partie du butin de la démolition. Il y avait, on peut le penser, bien d'autres objets et oeuvres remarquables. Où sont-ils? Que sont-ils devenus? Autant de questions qui demeurent, encore une fois, sans réponses.

Intitulée La Chute des anges, l'exposition nous achemine vers une autre lecture: «La chute du patrimoine culturel.» Triste fin de 400e! L'installation, par sa force d'inertie, balaie tous les beaux discours, palabres et colloques sur le patrimoine, dans sa plus cruelle démonstration. L'importance symbolique de ce cimetière du patrimoine culturel est le signe de notre faiblesse et de notre inconscience collective.




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La discussion

 Requiem pour une église et un monastère ..., de Cristo [2009-07-14 13:06:35]
      Suicide ..., de Gentiloup [2009-07-14 14:21:13]
          Le vrai suicide, de Alonié de Lestre [2009-07-14 15:23:15]
              Même chose, de Gentiloup [2009-07-14 15:33:19]
                  Mon église transformée en..., de Alonié de Lestre [2009-07-14 15:47:38]
                      que de redondances en votre texte!, de blamont [2009-07-14 18:47:43]
      Ce n'est pas récent, de MJP [2009-07-14 19:12:56]