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«Il n’y a plus de dialogue judéo-chrétien, que des courbettes» Imprimer
Auteur : Cristo
Sujet : «Il n’y a plus de dialogue judéo-chrétien, que des courbettes»
Date : 2009-05-22 12:03:36


Bilan de la visite du pape : des chrétiens réconfortés et d’autres inquiets

par Catherine Dupeyron


La tornade papale est terminée. Les paillettes se sont évaporées. Quel bilan faire de cette visite ? Jérusalem & Religions, site consacré au religieux, a décidé de se pencher sur les aspects pastoral et théologique de ce pèlerinage.

Tout d’abord, la perspective pastorale sur laquelle l’Eglise avait mis l’accent en amont. Le pape venait en Terre Sainte pour prier aux côtés des chrétiens locaux, les soutenir, les renforcer dans leur mission unique de vivre sur la terre des origines du christianisme et les convaincre d’y rester en dépit des difficultés de la vie quotidienne. Un soutien que nombres de chrétiens locaux ont apprécié. « J’aime ce pape parce qu’il est fort. Et nous ici, on a besoin que le pape soit fort car nous sommes dans une situation difficile », explique Maha, une chrétienne palestinienne qui vit dans la vieille ville de Jérusalem. « Les musulmans ne nous respectent pas. Ils nous crachent dessus ou sur nos croix. Et les juifs orthodoxes, ceux qui sont tout en noir avec un grand chapeau, ils nous crachent dessus aussi » précisait cette catholique à l’issue de la messe qui a eu lieu à Jérusalem dans la vallée du Cédron.

L’objectif de l’Eglise est en grande partie atteint, tout au moins pour Nazareth et Bethléem, la messe de Jérusalem, elle, laissant un goût amer à certains. Le lieu prévu pour la messe papale de Jérusalem était exceptionnel, doté d’une valeur symbolique particulièrement forte pour les chrétiens. « C’est là dans la vallée de Josaphat que Jésus a souffert et c’est ici qu’il doit revenir. Le pape présent en cet endroit préfigure le retour du Messie », expliquait un moine participant à la messe. Pourtant, ce jour-là, il y avait bien peu de fidèles pour honorer la visite du pape à Jérusalem. Ils étaient deux fois moins nombreux que le nombre escompté par les responsables catholiques locaux.

Messe de Jérusalem : chronique d’un échec annoncé

Une semaine avant l’arrivée du pape, le Custode de Terre Sainte, Pierbattista Pizzaballa, précisait qu’il y avait quelques 7000 demandes pour 5000 à 6000 places disponibles maximum. Cette messe en plein air, qui a coûté une petite fortune aux franciscains, constituait d’ailleurs une des rares nouveautés par rapport au pèlerinage de Jean-Paul II en l’an 2000 qui avait dit une messe au Saint-Sépulcre où la capacité d’accueil est limitée à quelques centaines de personnes. Finalement, d’après les diverses estimations fournies par plusieurs responsables catholiques et la police israélienne, il n’y a eu que 3000 fidèles à 3500 fidèles pour suivre la messe de Benoît XVI à Jérusalem. Les Arabes chrétiens ne représentaient que 30 à 40 % des fidèles. A leurs côtés, nombres de religieux, de pèlerins du monde entier et beaucoup de Philippins ou autres travailleurs immigrés en Israël. Où étaient donc passés les 4 000 autres personnes qui avaient demandé une place ?

Le Patriarche Latin de Jérusalem, Monseigneur Fouad Twal, en impute la responsabilité à la police israélienne. « Les policiers ont refusé l’accès à nombres de chrétiens qui avaient des tickets à la main. La messe de Jérusalem a été la moins suivie de toutes les messes de l’ensemble du voyage du pape en Terre Sainte et je ne vous cache par que je suis assez en colère à ce sujet » a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse le 20 mai. L’ampleur et la rigueur des mesures de sécurité a, sans aucun doute, joué un rôle mais cela n’explique pas tout.

Une catholique française, qui préfère garder l’anonymat, dénonce l’attitude d’une partie de la communauté chrétienne locale dont elle est pourtant très proche. « Les chrétiens de Jérusalem ne sont pas venus car ils ont refusé d’arriver deux heures à l’avance comme cela était demandé. Pour eux qui arrivent toujours en retard à la messe, c’était insupportable ! Et puis ils allaient devoir rester debout tout le temps ou bien s’asseoir par terre, ce qui leur paraissait impensable. »

De son côté, Etienne Nodet, dominicain à l’Ecole Biblique de Jérusalem, souligne la mauvaise volonté affichée de certains prêtres. « Les Israéliens étaient terrorisés à l’idée qu’il y ait un attentat contre le pape, les mesures de sécurité étaient donc très lourdes et cela a constitué un frein objectif à la présence des fidèles. Mais en amont certains prêtres ont modérément encouragé leurs paroissiens à se rendre à cette messe voire les en ont dissuadés expliquant qu’il ferait chaud, que la police serait très présente ou en mettant peu d’empressement à distribuer les tickets d’accès. » La raison de ce sabordage de la messe du pape ? Politique bien sûr. « Ces prêtres préféraient que leurs ouailles n’aillent pas à la messe afin qu’Israël ne puisse pas se prévaloir d’un succès », explique Nodet.

A l’inverse, le lendemain, la messe de Bethléem, elle, fut un succès. « Pourtant, peu de temps avant l’arrivée du pape, il y avait eu des appels au boycott mais finalement les fidèles sont venus en masse », précise une source catholique. Selon la police palestinienne, 10 000 fidèles ont participé à la messe papale dont quelques 8 000 personnes sur la Place de la Mangeoire en face de la Basilique de la Nativité. Et de l’avis de tous, les mesures de sécurité étaient beaucoup moins lourdes à Bethléem.

La ferveur de Nazareth

La messe de Nazareth, quant à elle, a été de l’avis général des catholiques, un moment exceptionnel pour les fidèles. Elle a rassemblé quelques 50 000 personnes. Là aussi, les forces de police étaient « très présentes mais pas pesantes » selon un participant de telle sorte que 7 000 fidèles ont réussi à accéder au site de la messe alors qu’ils n’avaient pas eu de ticket. La police israélienne redoutait cette rencontre, certains groupuscules islamiques ayant menacé de commettre un attentat si le pape ne s’excusait pas de nouveau pour ses propos tenus à Ratisbonne en 2006 qui avaient créé un profond malaise entre les musulmans et le Vatican.

Communiant avec le pape, des chrétiens de Jaffa, Saint-Jean d’Acre, Bethléem mais aussi de Jordanie ou bien encore des chrétiens libanais vivant en Israël, tous venus assister à la plus grande messe du pape en Terre Sainte dans un immense espace spécialement aménagé pour la circonstance au Mont du Précipice. La messe de Nazareth était essentiellement animée par les Melkites, également appelés grecs catholiques, qui sont plus nombreux que les catholiques romains en Israël. « Il y avait une atmosphère unique dont les Melkites ont le secret » souligne un catholique français sensible à la liturgie flamboyante de cette église orientale dont les offices en arabe sont presque intégralement chantés.

Les juifs du pape

A côté de ce grand moment de communion chrétienne, nombres de voix chrétiennes s’interrogent sur les enjeux théologiques de cette visite. Plusieurs s’inquiètent d’une absence de référence quasi-totale dans les discours du pape « au peuple juif » et au lien particulier qui l’unit à la Terre d’Israël. « Le fait qu’il s’en soit abstenu et que, au contraire, il ait souligné l’élection du peuple palestinien, fait naître un doute légitime sur sa compréhension, non seulement politique – qui n’est pas de son domaine – mais surtout spirituelle, de la nature du peuple juif », souligne Nicolas Baguelin (http://www.jerusalem-religions.net/...) Pour certains catholiques, cet épisode est un nouvel indice d’une tendance à la remise en cause des choix faits par le Concile de Vatican II en 1965 qui avait ouvert un vrai dialogue avec le peuple juif.

Partagé entre inquiétude et colère, un prêtre soucieux de son anonymat, n’hésite pas à parler « de recul théologique majeur à la tête de l’Eglise » mais il dénonce aussi la part de responsabilité des autorités israéliennes et des juifs en général dans cette évolution. « Aujourd’hui les notions de peuple juif et de Terre d’Israël ont quasiment disparu de la terminologie papale. C’est grave. Mais les juifs sont en partie responsables de cette situation car ils cherchent un allié mou. Les responsables israéliens ont tout fait pour minimiser l’affaire Williamson. Dans ces conditions, les discussions sur la béatification ou non de Pie XII qui soulève une forte opposition dans l’Eglise même, devient une question d’opérette ! Cette attitude est une erreur, pire elle est dangereuse. On vient de si loin. Les juifs doivent arrêter d’avaler n’importe quoi sous prétexte de préserver la relation avec le pape et de se faire prendre en photo à ses côtés. Il ne peut plus y avoir de dialogue vrai et profond sur les questions vitales si les juifs, chargés du dialogue interreligieux avec l’Eglise, deviennent des juifs du pape. Sur une question qui n’a rien de théologique mais qui en dit long, je suis frappé de voir que la presse israélienne habituellement si pugnace n’a pas publié de dossier sur l’enfance allemande de Joseph Ratzinger. Quant au discours du pape à Yad Vashem, il était peut-être en deçà de ce qu’il aurait dû être mais il est à l’image de l’attitude des juifs à l’égard du Vatican ; fade et sans aspérités. Benoît XVI est, à ses dépens, comparé à Jean-Paul II mais les juifs aussi ont fait le service minimum. En 2000, le Premier ministre Ehoud Barak avait fait un discours très percutant sur ces aïeuls polonais morts dans la tourmente nazie. Cette fois-ci personne n’a parlé ! C’est tout dire. Dorénavant les juifs font profil bas. Il n’y a plus de dialogue judéo-chrétien, il n’y a que des courbettes. »

jeudi 21 mai 2009

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