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JUILLET 2003 A MARS 2011

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«Sa donation à Dieu est au-dessus de son âge» (Sainte Agnès: office romain) Imprimer
Auteur : Alexandre
Sujet : «Sa donation à Dieu est au-dessus de son âge» (Sainte Agnès: office romain)
Date : 2009-01-21 11:09:48



Le 21 Janvier

SAINTE AGNÈS, VIERGE ET MARTYRE


I. BRÉVIAIRE ROMAIN (1568-1960)

Premier Nocturne
(Du commun des Vierges, 2° lieu)

Du livre de l’Ecclésiastique (ch. 51)
1. (vv. 1-7) Je vous célébrerai, Seigneur, Roi, et je vous louerai, Dieu mon Sauveur. Je célébrerai votre nom, car vous vous êtes fait mon aide et mon protecteur et vous avez sauvé mon corps de la perdition, du piège de la langue injuste et des lèvres des ouvriers de mensonge et en face de mes adversaires, vous vous êtes fait mon défenseur. Vous m’avez délivré, selon l’abondance de la miséricorde de votre nom, de ceux qui rugissaient, prêts au festin, des mains de ceux qui en voulaient à ma vie, et de la puissance des tribulations qui m’environnaient; de la violence de la flamme qui m’entourait, et au milieu du feu je n’ai point senti la chaleur; de la profondeur du gouffre de l’enfer, de la langue souillée et des paroles de mensonge, du roi inique et de la langue injuste.

2. (vv. 8-12) Mon âme louera le Seigneur jusqu’à la mort, car ma vie était sur le point de tomber au plus profond de l’enfer. Ils m’ont environné de toutes parts, et personne pour m’aider; je cherchais le secours des hommes, et il n’y en avait pas. Alors je me suis souvenue de votre miséricorde, Seigneur, et de ce que vous avez fait depuis le commencement du monde; car vous tirez du péril ceux qui ont confiance en vous, Seigneur, et vous les délivrez des mains des Gentils.

3. (vv. 13-17) Vous avez élevé ma demeure au-dessus de la terre, et j’ai prié à cause de la mort qui passait. J’ai invoqué le Seigneur, Père de mon Seigneur, pour qu’il ne me délaisse pas au jour de ma tribulation, et sans défense au jour des superbes. Je louerai votre nom avec assiduité, et je le glorifierai dans mes actions de grâces, parce que ma prière a été exaucée, et que vous m’avez délivrée de la perdition, et que vous m’avez tirée du siècle mauvais. C’est pourquoi je vous chanterai et vous dirai ma louange et je bénirai le nom du Seigneur.



Deuxième Nocturne

Du livre de saint Ambroise, évêque, Sur les Vierges (I, 2: PL 16, 189-191)
4. C’est aujourd’hui la naissance céleste d’une Vierge, imitons sa pureté. C’est le jour de naissance d’une Martyre, immolons des victimes. C’est le jour de naissance de sainte Agnès; que les hommes admirent, que les enfants ne désespèrent point, que les femmes mariées soient émerveillées, que les vierges l’imitent. Mais que pouvons-nous dire, qui soit digne de celle dont le nom même contient déjà quelque louange? Sa donation à Dieu est au-dessus de son âge, son courage au-dessus de sa nature, de sorte qu’elle ne me paraît pas avoir eu un nom de créature humaine, mais un nom prophétique de Martyre, qui présageait ce qu’elle serait. Le nom de Vierge est un titre de pureté. En l’appelant Martyre, je l’ai assez louée. Elle s’étend largement la louange qu’on n’a pas cherchée, mais qu’on retient. Personne n’est plus digne d’éloge que celui qui peut être loué par tous. Autant d’hommes qui prononcent son nom, autant de hérauts qui louent la Martyre.

5. Elle avait treize ans, quand elle souffrit le martyre, nous dit la tradition. Quelle cruauté plus détestable qui n’épargna point un âge si tendre; mais surtout, quelle grande puissance de foi qui trouva un témoignage même dans cet âge! Y avait-il, dans ce petit corps, place pour les blessures? Et celle qui n’avait pas de quoi recevoir le fer, eut de quoi vaincre le fer. Intrépide entre les mains sanglantes des bourreaux, calme et immobile devant le fracas des lourdes chaînes, elle offre maintenant son corps tout entier au glaive du soldat furieux, ne sachant pas encore ce qu’est la mort, mais déjà prête, si on la traîne par force aux autels des idoles, à tendre vers le Christ ses mains, au milieu des flammes et à se signer, même sur le brasier sacrilège, du trophée du Seigneur victorieux. Elle passe le cou et les deux mains dans les anneaux de fer; mais aucun anneau ne peut enserrer des membres aussi menus. Nouveau genre de martyre! N’étant pas encore apte au supplice, elle est déjà mûre pour la victoire. Combattre lui est difficile, être couronnée, facile. Sa leçon de courage est parfaite, en dépit de ce que faisait prévoir son âge.

6. Une épouse n’irait pas aux noces avec autant de hâte que cette Vierge au lieu du supplice, toute joyeuse d’approcher, hâtant le pas. Tous de pleurer, tandis qu’elle-même reste sans larmes. La plupart d’admirer avec quelle facilité elle est prodigue d’une vie qu’elle n’a pas encore goûtée et qu’elle donne comme si elle l’eût déjà épuisée. Tous sont surpris de voir déjà témoigner en faveur de la divinité, celle qui, par son âge, ne pouvait encore disposer d’elle-même. De quelles menaces le bourreau n’usa-t-il pas pour l’intimider, de quelles flatteries pour la persuader; et combien d’hommes ne souhaitèrent-ils pas la recevoir comme épouse! Mais elle de répondre: «C’est une injure pour l’Époux d’attendre celle qui lui plaît. Celui-là me possédera, qui le premier m’a choisie: que tardes-tu, bourreau? Périsse ce corps que peuvent aimer des yeux dont je ne veux pas.» Elle se présenta, pria et courba la tête. Vous eussiez vu alors le bourreau saisi de frayeur, comme s’il eût été lui-même conduit au supplice, sa main trembler et ses lèvres pâlir de crainte pour le péril d’un autre, alors que la jeune fille ne se souciait point du sien. Vous avez donc ici, dans une seule victime, un double martyre, celui de la pureté et de la religion. Elle demeura vierge et elle obtint le martyre.



Troisième Nocturne
(Du commun des Vierges)

Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu (25, 1-13)
7. En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples cette parabole: «Le Royaume des cieux sera comparable à dix vierges qui prirent leurs lampes et sortirent a la rencontre de l’époux. Cinq d’entre elles étaient étourdies et cinq étaient prudentes. Les étourdies, en prenant leurs lampes, n’emportèrent pas d’huile; tandis que les prudentes prirent de l’huile dans des récipients avec leurs lampes. Comme l’époux tardait à venir, elles s’assoupirent toutes, et s’endormirent. Au milieu de la nuit, il y eut un cri: Voici l’époux qui vient! Allez à sa rencontre! Alors toutes ces vierges s’éveillèrent et apprêtèrent leurs lampes. Les étourdies s’adressèrent aux prudentes: Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent. Mais les prudentes répondirent: Il n’y en aura jamais assez pour nous et pour vous. Allez plutôt chez les marchands, et achetez-en pour vous. Or, pendant qu’elles allaient en acheter, l’époux arriva. Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et on ferma la porte. Plus tard, les autres vierges arrivèrent aussi et dirent: Seigneur, Seigneur, ouvre-nous! Mais il répondit: En vérité, je vous le dis, Je ne vous connais pas. Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure.»

Homélie de saint Grégoire, pape (Homélies sur les évangiles 12, 1: SC 485, 278-283)
Je vous exhorte fréquemment, frères très chers, à fuir les œuvres mauvaises, à éviter les souillures de ce monde, mais la lecture de l’Évangile d’aujourd’hui me pousse à vous dire de cacher avec grand soin vos bonnes actions, de peur de rechercher, dans ce que vous faites de bien, la faveur ou la bienveillance des hommes, de peur que le désir de la louange ne s’y glisse et que ce qui est ostentation extérieure ne soit intérieurement privé de récompense. Voici, en effet, la voix du Rédempteur qui nous montre dix vierges, et toutes sont appelées vierges, et toutes cependant n’ont pas été admises à franchir la porte de la béatitude, parce que certaines d’entre elles, tandis qu’elles cherchaient à tirer de leur virginité une gloire extérieure, ne voulurent pas prendre d’huile dans leurs récipients.

8. Mais il nous faut d’abord chercher ce qu’est le royaume des cieux, ou pourquoi il est comparé à dix vierges et plus précisément à des vierges les unes prudentes, les autres folles. Quand il est évident qu’aucun réprouvé n’entre au royaume des cieux, comment peut-on le comparer à des vierges folles? Mais il faut savoir que souvent, dans la sainte Écriture, l’Église du temps présent est désignée comme le royaume des cieux. C’est d’elle que le Seigneur dit ailleurs: «Le Fils de l’homme enverra ses Anges, et ils ramasseront tous les scandales à enlever de son royaume» (Mt 13, 41). En effet, on ne peut trouver dans le royaume de la béatitude où règne la paix parfaite, de scandales à ramasser.

9. C’est bien dans les cinq sens du corps que chacun vit; ce nombre doublé parfait la dizaine. Et parce que la multitude des fidèles se compose des deux sexes, la sainte Église est comparée à dix vierges. Et puisque dans l’Église, les méchants sont mêlés aux bons, les réprouvés aux élus, c’est avec raison qu’elle est comparée à des vierges sages et à des vierges folles. Il y a en effet beaucoup de chastes qui se gardent de l’appétit du bien extérieur et sont emportés par l’espérance, à la poursuite des biens intérieurs; ils mortifient leur chair et de tout leur désir tendent à la patrie céleste, ils convoitent les récompenses éternelles et, pour leurs labeurs, ne veulent rien recevoir des louanges humaines. Ceux-là au moins ne mettent pas leur gloire dans la bouche des hommes, mais la cachent dans l’intérieur de leur conscience. Il y en a beaucoup aussi qui affligent leur corps par l’abstinence mais désirent recueillir, de leur abstinence, les faveurs des hommes.

II. BRÉVIAIRE ROMAIN (1961)

Au Nocturne

Du livre de l’Ecclésiastique (ch. 51)
1. (vv. 1-7) Je vous célébrerai, Seigneur, Roi, et je vous louerai, Dieu mon Sauveur. Je célébrerai votre nom, car vous vous êtes fait mon aide et mon protecteur et vous avez sauvé mon corps de la perdition, du piège de la langue injuste et des lèvres des ouvriers de mensonge et en face de mes adversaires, vous vous êtes fait mon défenseur. Vous m’avez délivré, selon l’abondance de la miséricorde de votre nom, de ceux qui rugissaient, prêts au festin, des mains de ceux qui en voulaient à ma vie, et de la puissance des tribulations qui m’environnaient; de la violence de la flamme qui m’entourait, et au milieu du feu je n’ai point senti la chaleur; de la profondeur du gouffre de l’enfer, de la langue souillée et des paroles de mensonge, du roi inique et de la langue injuste.

2. (vv. 8-17) Mon âme louera le Seigneur jusqu’à la mort, car ma vie était sur le point de tomber au plus profond de l’enfer. Ils m’ont environné de toutes parts, et personne pour m’aider; je cherchais le secours des hommes, et il n’y en avait pas. Alors je me suis souvenue de votre miséricorde, Seigneur, et de ce que vous avez fait depuis le commencement du monde; car vous tirez du péril ceux qui ont confiance en vous, Seigneur, et vous les délivrez des mains des Gentils. Vous avez élevé ma demeure au-dessus de la terre, et j’ai prié à cause de la mort qui passait. J’ai invoqué le Seigneur, Père de mon Seigneur, pour qu’il ne me délaisse pas au jour de ma tribulation, et sans défense au jour des superbes. Je louerai votre nom avec assiduité, et je le glorifierai dans mes actions de grâces, parce que ma prière a été exaucée, et que vous m’avez délivrée de la perdition, et que vous m’avez tirée du siècle mauvais. C’est pourquoi je vous chanterai et vous dirai ma louange et je bénirai le nom du Seigneur.

Du livre de saint Ambroise, évêque, Sur les Vierges (I, 2, 5-7: PL 16, 189-190)
3. C’est aujourd’hui la naissance céleste d’une Vierge, imitons sa pureté. C’est le jour de naissance d’une Martyre, immolons des victimes. C’est le jour de naissance de sainte Agnès; que les hommes admirent, que les enfants ne désespèrent point, que les femmes mariées soient émerveillées, que les vierges l’imitent. Mais que pouvons-nous dire, qui soit digne de celle dont le nom même contient déjà quelque louange? Sa donation à Dieu est au-dessus de son âge, son courage au-dessus de sa nature, de sorte qu’elle ne me paraît pas avoir eu un nom de créature humaine, mais un nom prophétique de Martyre, qui présageait ce qu’elle serait. Le nom de Vierge est un titre de pureté. En l’appelant Martyre, je l’ai assez louée. Elle s’étend largement, la louange qu’on n’a pas cherchée, mais qu’on retient. Personne n’est plus digne d’éloge que celui qui peut être loué par tous. Autant d’hommes qui prononcent son nom, autant de hérauts qui louent la Martyre. Elle avait treize ans, quand elle souffrit le martyre, nous dit la tradition. Quelle cruauté plus détestable qui n’épargna point un âge si tendre; mais surtout, quelle grande puissance de foi qui trouva un témoignage même dans cet âge!




III. LITURGIE DES HEURES (1971)

Hymne de l’office des Lectures
(Alphan I arch. de Salerne, † 1085 ; PL 147, 1244)

Igne divíni rádians amóris
córporis sexum superávit Agnes,
et super carnem potuére carnis
claustra pudícæ.

Rayonnante du feu de l’amour divin,
Agnès a vaincu la faiblesse de son sexe
et la chasteté de sa chair
a triomphé de la chair.


Spíritum celsæ cápiunt cohórtes
cándidum, cæli super astra tollunt;
iúngitur Sponsi thálamis pudíca
sponsa beátis.

Les armées célestes saisissent son âme pure
pour l’emporter par delà les astres du ciel;
la chaste épouse rejoint, dans la béatitude,
la chambre nuptiale de l’Époux.


Virgo, nunc nostræ miserére sortis
et, tuum quisquis célebrat tropǽum,
ímpetret sibi véniam reátus
atque salútem.

A présent, ô vierge, aie pitié de notre sort ;
que quiconque célèbre
ton triomphe obtienne
le pardon de ses fautes et le salut.


Redde pacátum pópulo precánti
príncipem cæli dominúmque terræ,
donet ut pacem pius et quiétæ
témpora vitæ.

Apaise en faveur du peuple en prière
le roi du ciel et le seigneur de la terre,
afin qu’il lui accorde dans sa bonté
la paix et une vie tranquille.


Láudibus mitem celebrémus Agnum,
casta quem sponsum sibi legit Agnes,
astra qui cæli moderátur atque
cuncta gubérnat.

Célébrons dans nos louanges
le doux Agneau que la chaste Agnès
a choisi comme époux,
lui qui régit les astres du ciel et gouverne tout.


Lecture

Du traité Sur les Vierges de saint Ambroise, évêque (Livre 1, ch. 2.5.7-9: PL 16 [éd. 1845], 189-191)

Elle n’est pas encore capable de souffrir et elle est déjà mûre pour vaincre

C’est aujourd’hui l’anniversaire d’une vierge, imitons sa pureté. C’est l’anniversaire d’une martyre, offrons un sacrifice. C’est l’anniversaire de sainte Agnès. Selon la tradition, elle a subi le martyre à douze ans. Qu’elle est détestable, la cruauté qui n’a même pas épargné une si petite fille! Mais combien la foi est grande pour avoir reçu témoignage d’un âge aussi tendre!

Ce petit corps offrait donc assez de place aux blessures! Et celle qui n’avait presque rien à leur offrir a eu de quoi les vaincre. Alors que les petites filles, à cet âge, ne peuvent supporter les visages sévères de leurs parents et, lorsqu’elles se sont piquées avec une aiguille, pleurent comme si elles s’étaient blessées!

Celle-ci n’éprouve aucune crainte entre les mains sanglantes des bourreaux, elle ne bouge pas en entendant les grincements des lourdes chaînes que l’on tire, et voici qu’elle présente son corps à l’épée d’un soldat furieux. Elle ne sait pas encore ce que c’est que mourir, mais elle y est prête. Et si on l’entraîne de force vers les autels, voilà qu’elle tend les mains vers le Christ à travers les flammes; jusque dans ce foyer sacrilège, elle fait le signe qui glorifie le Seigneur victorieux. Voici qu’on introduit son cou et ses deux mains dans des liens de fer, mais aucune chaîne ne pouvait serrer des membres aussi menus.

Est-ce un nouveau genre de martyre? Elle n’est pas encore capable de souffrir et elle est déjà mûre pour vaincre; il lui est difficile de combattre, et facile de triompher; alors qu’elle supportait le handicap de son jeune âge, elle a réalisé un chef-d’œuvre de vaillance. Elle ne se serait pas hâtée vers la chambre nuptiale le jour de son mariage, comme elle s’est avancée d’un pas joyeux, étant vierge, au lieu de son supplice; c’est le Christ qui était l’ornement de sa tête, et non pas une coiffure compliquée; elle n’était pas couronnée de fleurs, mais de vertus.

Tout le monde pleure, elle n’a pas une larme. La plupart s’étonnent de lui voir si facilement répandre une vie à laquelle elle n’avait pas encore goûté, et la donner comme si elle en avait atteint le terme. Tous sont stupéfaits de ce qu’elle se montre témoin de la divinité alors que, en raison de son âge, elle ne pouvait encore décider d’elle-même. Bref, on l’a crue au sujet de Dieu, alors qu’on ne l’aurait pas encore crue au sujet d’un homme. Car ce qui est au-delà de la nature vient du Créateur de la nature.

Quelles menaces son bourreau a-t-il employées pour lui faire peur, quelles flatteries pour la fléchir, combien de promesses pour lui faire accepter de l’épouser! Mais elle: «C’est faire injure à mon époux d’attendre celui qui doit me plaire. Celui qui le premier m’a choisie, c’est lui qui me recevra. Pourquoi traînes-tu, exécuteur? Qu’il périsse, le corps qui peut être aimé pour avoir charmé les yeux, ce que je refuse». Elle se leva, pria, tendit le cou.

Vous auriez vu le bourreau tressaillir comme s’il était le condamné, la main de l’exécuteur trembler et son visage pâlir par la crainte du coup infligé à un autre, alors que la jeune fille ne craignait rien pour elle-même. Vous avez donc, avec une seule victime, un double martyre: celui de la pureté et celui de la foi. Elle a gardé sa virginité et elle a obtenu le martyre.

Hymne des Laudes et Vêpres
(S. Ambroise de Milan, † 397; PL 17, 1210)

Agnes beátæ vírginis
natális est, quo spíritum
cælo refúdit débitum,
pio sacráta sánguine.

C’est l’anniversaire du jour
où Agnès, vierge bienheureuse,
consacrée par son sang très pur,
voulut au ciel rendre son âme.


Matúra martyrio fuit
matúra nondum núptiis;
prodíre quis nuptum putet,
sic læta vultu dúcitur.

Elle était mûre pour mourir
sans être mûre pour les noces;
on croirait, à son air joyeux,
qu’elle est conduite au mariage.


Aras nefándi núminis
adolére tædis cógitur;
respóndet: «Haud tales faces
sumpsére Christi vírgines.

Sommée de saisir un flambeau,
d’embraser l’autel des idoles,
elle dit: «Les vierges du Christ
ne prennent pas de telles torches.


Hic ignis extínguit fidem,
hæc flamma lumen éripit;
hic, hic feríte, ut prófluo
cruóre restínguam focos» .

«Car un tel feu éteint la foi,
sa flamme chasse la lumière;
frappez ici pour qu’à grands flots
mon sang éteigne ces brasiers.»


Percússa quam pompam tulit!
Nam veste se totam tegens,
terram genu flexo petit
lapsu verecúndo cadens.

Sous les coups, quel noble maintien!
En se recouvrant de sa robe,
elle ploie le genou au sol,
et sa chute encore est pudique.


Iesu, tibi sit glória,
qui natus es de Vírgine,
cum Patre et almo Spíritu,
in sempitérna sǽcula. Amen.

Toute gloire à toi, ô Jésus,
qui est né d’une Vierge,
même gloire au Père, à l’Esprit,
travers les siècles sans fin!


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 «Sa donation à Dieu est au-dessus de son âge»  [...], de Alexandre [2009-01-21 11:09:48]