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« L'oecuménisme entre dérives et recentrage Mgr Basil MEEKING Imprimer
Auteur : Presbu
Sujet : « L'oecuménisme entre dérives et recentrage Mgr Basil MEEKING
Date : 2008-08-22 21:39:52

extrait d'un entretien publié dans la revue (Catholica n. 100)

CATHOLICA — Dans la ligne de l’« herméneutique de la réforme » les réponses de la Congrégation pour la doctrine de la Foi de juillet 2007 ont précisé que l’enseignement du Concile n’avait pas changé la doctrine antérieure sur la nature de l’Eglise. Comment expliquer qu’une telle assertion ait été reçue avec une inégale faveur, et considérée par beaucoup comme un retour à la doctrine d’un passé que l’on croyait révolu ?

Mgr BASIL MEEKING — Cela est peut-être dû à mon âge, et au fait que mon expérience de l’Eglise couvre une période de trente-trois ans avant Vatican II et les quarante années qui suivirent, mais l’allocution de Benoît XVI à la Curie romaine, le 22 décembre 2005, m’est apparue comme une ligne de partage dans l’enseignement et la vie de l’Eglise. Cependant, ce que j’ai lu récemment sur le Concile et ses suites, ainsi que l’étude des écrits de Jean-Paul II, m’ont surpris en montrant que ce que Benoît XVI a dit de façon si incisive et lucide correspondait au contenu permanent et inchangé du magistère papal. Il est important de le relever, puisque la surdité de beaucoup de catholiques et d’autres chrétiens concernant l’interprétation de Vatican II par l’Eglise elle-même s’étale avec toute son inexplicable inintelligence.(...)
Pourquoi la position du magistère de l’Eglise a-t-elle été accueillie diversement par beaucoup de catholiques ? La raison en est complexe.

Nous ne pouvons ici indiquer que certains facteurs décisifs. L’un d’eux est l’arrogance de certains théologiens, et d’autres qui s’imaginent théologiens, et qui ont constitué dans l’Eglise un magistère parallèle. J’en ai entendu certains qui en voient la justification dans certains textes de saint Thomas d’Aquin où une distinction semble être faite entre le « magisterium cathedrae pastoralis » et le « magisterium cathedrae magisterialis ». En réalité ces textes ne défendent pas l’existence de deux magistères. Saint Thomas considère sans ambiguïté que le droit de juger en matière de doctrine est de la seule responsabilité de l’officium praelationis [la charge suprême]. Le « magistère parallèle » ne doit rien à Vatican II, mais a été aggravé par la dynamique de certaines procédures conciliaires. Les nombreux théologiens qui travaillèrent comme consultants des évêques en les aidant dans leurs interventions et en rédigeant des projets de documents acquirent un pouvoir considérable, et dans beaucoup de cas les médias leur donnèrent une importance mondiale. Ce fut manifestement une expérience qui leur monta à la tête, et ils fixèrent pour les théologiens du monde entier un but que visent encore aujourd’hui nombre d’entre eux. Cela a créé une confusion depuis quarante ans et a considérablement nui à l’Eglise. Ces gens ont lu et répandu l’enseignement de Vatican II selon une herméneutique de la discontinuité. Il semble qu’une conversion de l’esprit et du cœur soit requise d’urgence pour les débarrasser de ce manque de fidélité théologique et historique à « la vérité qui nous libère, par le don de Jésus-Christ ».

Un tel magistère parallèle dressé contre le magistère divinement constitué du pape et des évêques est, en intention et en fait, un refus de l’autorité de l’Eglise. Cela dépasse de beaucoup les difficultés de foi personnelles qu’un croyant peut éprouver en toute honnêteté, et repose bien plutôt sur le libéralisme philosophique si répandu, qui considère comme plus importante la validité d’un jugement (sur la vérité) dans la mesure où il procède de l’individu appuyé sur ses propres forces. Il met la liberté de pensée au-dessus de l’autorité de la Tradition, la liberté de jugement devenant plus importante que la vérité. Les années 1960 ont connu un rejet planétaire de l’autorité de la Tradition qui a infiltré l’Eglise à un moment où la façon dont certaines réformes conciliaires appliquées localement et régionalement donnaient l’impression que l’Eglise ne voulait plus exercer une autorité qui obligerait en conscience. L’autorité de l’Eglise est enracinée dans la mission du Christ, comme autorité de représentation et de service (Cf. I Cor 4, 1 ss ; 12, 7 ; Eph 4, 12 ss). Elle tire son caractère contraignant de son origine divine et de son but ultime : la gloire de Dieu et le salut des hommes. L’obéissance à l’Eglise est en fin de compte une exigence religieuse, et c’est une grande grâce pour ceux qui regardent sa nature sacramentelle avec les yeux de la foi (Auer, Ratzinger, The Church, p. 177). C’est une tragédie pour l’Eglise et pour la vie des catholiques, individuellement, que l’esprit du temps ait tellement pénétré l’Eglise que beaucoup de catholiques mettent en doute ou même rejettent l’autorité de l’Eglise et de son magistère.

Dans une perspective historique, on est conduit à conclure que la réticence de certains catholiques, ou même leur rejet de la doctrine sur la nature de l’Eglise dans la Tradition et Vatican II sont en fait la conséquence d’une résurgence du modernisme.

Après sa première phase et une fois combattu par saint Pie X, le modernisme est entré dans la clandestinité, notamment dans les séminaires et universités. La plupart des catholiques le croyaient disparu jusqu’à ce qu’il réapparaisse grâce aux occasions offertes par Vatican II et sa mise en œuvre. Il a alors affecté un éventail beaucoup plus large de gens dans l’Eglise, des théologiens et des enseignants, bien entendu, mais aussi plus largement des prêtres de paroisses et des paroissiens. Cela a donné naissance à un climat dans lequel l’Eglise n’est plus, en pratique, comprise comme un mystère tel que l’a décrit la Constitution sur l’Eglise Lumen Gentium, mais bien plutôt comme une constitution humaine qui doit être modelée et remodelée par ceux qui la composent pour répondre aux nécessités du temps. Peu de place reste à la Tradition, et les esprits tendent à se fermer à la Révélation, à la foi, au surnaturel et aux effets divinisants de la grâce sanctifiante. Heureusement le « système providentiel d’immunité » de l’Eglise a fonctionné pour garantir que le socle de la foi traditionnelle n’a pas disparu de l’ensemble du corps de l’Eglise. La résistance à cette nouvelle forme de modernisme s’est groupée autour du pape Jean-Paul II et maintenant autour de Benoît XVI qui ont restauré espérance et sens (encore qu’il persiste une hésitation assez répandue à désigner le mal). Et en même temps, le rejet presque pathologique de Jean-Paul II et de son enseignement, notamment sur la nature de l’Eglise, par certains théologiens et autres communicateurs et éducateurs, est amorti par sa disparition et par la popularité de Benoît XVI, mais le combat n’est en aucun cas terminé. (...) fin de l'extrait


La discussion

  « L'oecuménisme entre dérives et recentrage Mg [...], de Presbu [2008-08-22 21:39:52]