1.

Ils se plaisent à affirmer que la "nouvelle messe" serait hétérodoxe du fait que le missel qu'il faut utiliser pour la célébrer aurait été élaboré avec la participation de six théologiens protestants. Oublient-ils que dès le 25 février 1976, le Saint-Siège a précisé que les six théologiens protestants n'ont été admis que comme "simples observateurs" qui, en tant que tels, n'ont jamais été autorisés ou même invités à participer à l'élaboration du nouveau Missel romain?

Mais Ronald Jasper, qui faisait partie des "observateurs" protestants raconte :

Les observateurs recevaient tous les documents qui leur étaient envoyés comme aux autres membres du Consilium par les rédacteurs des projets des nouveaux rites. Nous assistions ensuite aux débats quand les documents étaient présentés par les experts et débattus par le Consilium, mais les Observateurs n'étaient pas autorisés à participer au débat.
"Cependant, l'après-midi, nous avions toujours une réunion informelle avec les Periti qui avaient préparé les projets, et à ces réunions nous étions bien sûr autorisés à commenter, critiquer et faire des suggestions. C'était ensuite aux Periti de décider si telle ou telle de nos observations valait d'être retenue quand reprenaient les débats généraux du Consilium. Mais ces réunions informelles se déroulaient dans la plus parfaite liberté ( a complete free-for-all) et les échanges de vue y étaient très francs.

( Lettre du 10 février 1977 de Ronald Jasper à Michael Davies)

Par ailleurs, Mgr Baum, responsable pour les affaires oecuméniques de la conférence épiscopale américaine, affirmait que les experts protestants

ne sont pas là seulement en observateurs, mais aussi en consulteurs. Ils participent pleinement aux discussions sur le renouveau liturgique catholique. Cela n'aurait pas beaucoup de sens s'ils se contentaient d'écouter, mais ils contribuent.

Mgr Boudon porte un témoignage semblable dans son compte-rendu de la huitième session du Consilium :

Nous avons eu la joie de bénéficier, comme lors de la session précédente en octobre 1966, de la présence active d'observateurs délégués par les autres Eglises chrétiennes. Prenant part à nos travaux, ils ont pu nous apporter le témoignage de leurs propres recherches et confronter celles-ci avec les nôtres. La réforme liturgique s'élabore dans un climat d'oecuménisme éminemment profitable pour chacun et, à longue échéance, pour l'unité de l'Eglise.

Enfin, si les "observateurs" protestants, au témoignage de R. Jasper, se sentaient dans une atmosphère de "complète liberté", il n'en était pas de même des experts catholiques. Dom Botte rapporte, à cet égard, une anecdote éclairante : parlant d'une proposition faite par un évêque, le bénédictin raconte :

Je répondis que si je devais faire cette proposition au Consilium, je serais obligé de donner la raison indiquée en présence des observateurs protestants qui assistaient aux séances et que cela ferait une pénible impression.

Cette auto-censure catholique explique sans doute bien des choses...
(Toutes ces citations sont prises du nº 53 de "Savoir et Servir", où l'on trouvera les références précises).

2.
Crouan continue :

Ils déclarent que le missel publié par Paul VI pourrait facilement être utilisé par des protestants pour célébrer la Cène, ce qui serait une preuve supplémentaire de son hétérodoxie. Il s'agit là du plus gros mensonge proféré.

Le problème est qu'on a des tas de protestants qui ont déclaré ça !

Entre autres : Max Thurian (dans "La Croix" du 30 mai 1969), G. Siegvalt (dans "Le Monde" du 22 novembre 1969), Roger Mehl (dans "Le Monde" du 10 septembre 1970), Ottfried Jordahn (dans une conférence à Maria-Laach du 15 juin 1975), etc.

Pourquoi M. Crouan répète-t-il sans cesse les mêmes bêtises ???
Pourquoi refuse-t-il de voir les faits ???